Un dernier tir...

Histoire:
C'est lors de l'une des éternelles nuits de Midnight Island, sur la quatrième voie de Grand Line, qu'est né Jesper Oreans. Son père était un banal marin qui disparu bientôt en mer au gré d'une forte tempête, sa mère était une ancienne prostituée. Finalement, elle avait pu se sortir de cette vie quelques années grâce au père de Jesper et s'était retrouvée sans le sou à sa mort, obligée de se trouver d'urgence un travail. Bref, elle réussit malgré tout à survivre en devenant serveuse dans un bar du port, grâce à un ancien ami de son mari. Homme qui avait des vues sur elle mais qui ne fera, heureusement, jamais rien en ce sens, ce qui tend à prouver que le dénommé Merkel Lunar eut un bon fond. La mère de Jesper pu s'occuper de son fils durant ses six premières années, jusqu'à ce qu'elle décède d'une malheureuse pneumonie qu'elle ne pu soigner faute d'argent. A cet instant là, Merkel devint définitivement le père de Jesper et le resta jusqu'à ses quatorze ans, âge auquel Jesper pu voir disparaitre son second père après s'être passé de sa mère et de son paternel biologique. Il fut marqué de ses pertes, mais les comprenait et les acceptait, après tout, tout le monde mourrait un jour et on ne pouvait malheureusement rien y changer...
Merkel offrit une bonne éducation au petit homme, lui apprenant à lire, chose qui lui serrait bien utile un jour, à raisonner proprement, à déduire des choses des dires des autres et à se servir convenablement d'un pistolet. En contrepartie de toutes ses attentions et d'une dose d'amour paternel prodiguée par l'homme en question, Jesper travailla dans le bar de son père adoptif, le "Brise-Lune". Un bel établissement qui, malgré un alcool de piètre qualité, restait relativement respectable, n'ayant à vivre que peu d'incidents désagréables en ces lieux, Jesper le déduisit tout du moins en entendant les rumeurs sur les autres endroits. Ce travail était très enrichissant, le jeune garçon apprenant ainsi à s'y connaitre en alcool, à développer un bon raison social et à entendre pas mal de choses utiles sur la ville. Etre une oreille était une chose bien agréable au final. Ainsi jusqu'à la mort de son père, Jesper vécu relativement heureux. Apprenant à vivre avec les morts et à ne pas trop se voir affecter des quelques clients qui disparaissaient en mer ou se faisaient descendre par les forbans de passage. Bref, un style de vie tout à fait potable, un toit au-dessus de la tête, nourri et blanchi, pas une once d'ambition de changer le monde: une vie qu'il aurait bien poursuivi jusqu'à la fin de ses jours. Malheureusement, Merkel quitta le côté vivant de la balance de l'univers et le jeune garçon de quatorze ans se retrouva à la rue. Il squatta d'abord pendant un mois chez différents habitués, il aurait pu continuer ainsi un moment mais son orgueil l'en empêchait. Aussi fini-t-il par tenter de trouver un nouveau foyer et un nouveau but à sa vie. Il était assez déstabilisé par la perte de son second paternel...
C'est ainsi que le jeune homme entra dans un groupe révolutionnaire engagé et exalté des bas-fonds de Midnight, les "Crocs de Blurens", du nom du dirigeant de ce groupuscule. On ne peut pas dire que les convictions de Jesper le poussèrent à cet instant de sa vie vers la révolution, ce fut un étrange concours de circonstances. Un soir, sans toit et voulant dormir quelque part au chaud, il s'était finalement incrusté chez un ancien ivrogne repenti qui hébergeait chez lui une jeune révolutionnaire du groupe en même temps. Ne pouvant refuser décemment le présence de Jesper, celui-ci pu passer la nuit dans la maison de l'homme en question dont le nom n'a aucune importance, et pu entrevoir plusieurs fois dans la soirée la jeune femme en question: la dénommée Sineria, alias Sin, des Crocs de Blurens. Un sentiment d'attirance pour la jeune fille que l'adolescent ne pouvait expliquer à l'époque fit un tel effet sur ses pensées qu'il finit par s'engager le lendemain à rejoindre son groupe, sans lui avoir parlé le moins du monde au préalable. Un peu d'improvisation lui permis de faire croire à la demoiselle qu'il eut entendu ce nom auparavant, il ne savait pas trop quoi lui dire d'autre mais désirait ardemment rester proche d'elle dans un avenir proche. Ainsi les deux jeunes se rendirent au quartier général de cette pseudo-révolution où Jesper pu rencontrer le fameux Blurens, un type plutôt charismatique, toujours une clope au bec et qui lançait plein de grandes idées à tout va, avait écrit un beau bouquin que tous ses hommes relisaient ardemment comme leur bible et possédait parfois un peu trop d'enthousiasme dans ses théories et une légère influence mystique..
Bref, un an plus tard, le jeune homme était bien intégré et s'était un peu rapproché de Sin. En fait, il s'était autant rapproché d'elle que de Burens, qui s'avérait au final un individu fascinant pour le jeune homme auparavant en perdition. Un type qui réussissait à tel point à justifier sa révolution et la réussite de ses opérations ne pouvait qu'être un génie. Aussi, grâce à la magnifique propagande du livre de l'individu en question, Jesper était devenu un croc à part entière. Pour Sin, sa relation s'était approfondie. Il avait commencé à passer le plus clair de son temps en sa présence, n'avouant rien de ses sentiments qui étaient désormais tout à fait prompt à décrire comme des sentiments amoureux, il ne pu pourtant les affirmer comme tels au grand jour. Timidité ou folie de son coup de foudre? Il ne savait pas ce qui le gênait au final, mais ne pouvait désormais plus que la symboliser comme sa déesse et celle qui donnait un sens à sa vie, bien que l'ordre des crocs fassent également effet de direction pour ses actes. Ainsi il ne pouvait désormais plus leur refuser l'ordre de mission qu'il reçu et il tua son premier homme. C'est ainsi qu'on peut décrire la fin de cette période bénie de semi-innocence. La première fois qu'il eut du sang sur les mains et qu'il ôta la vie à un être vivant. Les mêmes comportements que chez la majeure partie des jeunes suivirent, vomissement, culpabilité pendant bon nombre de nuit et finalement résignation de sa propre personne quant à son comportement. Il acceptait son geste et sa personne...
Par la suite, durant quelques années, il travailla avec le reste de l'organisation pour mener à bien leur "révolution", leur juste cause, qui n'avançait pas beaucoup au final, jusqu'à cette date fatidique lors de ses dix-sept ans où fut déclarée dans les quartiers de Midnight quelque chose qui s'apparentait en tout point à une guerre civile. Bref, leur ordre de révolutionnaire mit un grand bordel pendant deux mois, des rangées de barricades de fortune, des déplacements stratégiques, des morts des deux côtés pendant plusieurs jours: bref, un beau bain de sang. Ces événements ne furent guère pris aux sérieux de la marine qui n'envoya de renforts à la garnison de la ville qu'après deux mois, balayant totalement les crocs face à la puissance du nombre. Au cours de ces batailles, Jesper avait appris vite et bien comment survivre à une guerre... Et il avait protégé Sin sans qu'elle ne s'en aperçoive véritablement. Le goût du sang et de la boue lui restèrent par la suite, lui apprenant à quel point la guerre était rude et à quel point également tout ce qu'il avait pu lire sur les batailles était faux...
Malheureusement, en plus du nombre de perte, cette fin de conflit se solda par la perte des idéaux: Blurens négociant lors des derniers instants avec la marine, dénonçant ses compagnons pour sauver sa propre existence, passant de la peine de prison à un simple exil. Bien qu'il se fasse assassiner peu de temps après son départ, cette action à elle-seule justifia une haine sans borne contre un chef aussi médiocre au final. Empoignant Sin qui ne savait plus où elle en était, Jesper réussit à se cacher avec elle dans les quartiers pauvres de la ville, bénéficiant du soutien de ceux qui avaient cru en son méprisable chef et en son mouvement. Il avait encore pas mal de lien, aussi parvint-il à disparaitre après plusieurs mois passé à cela. Celle qu'il aimait semblait dépérir d'avantage chaque jour et cette vision lui fut insupportable, aussi finit-il par déclarer ses sentiments, ne reçu pas à la figure l'échec flagrant qu'il eut envisagé et bien que la situation peine à se mettre en place, il pu passer six mois délicieux à vivre avec celle qu'il eut toujours désiré la présence à ses côtés...
Mais la malchance ne laisse jamais tranquille certaines personnes et de nouveaux événements finirent de construire l'individu qu'est à présent Jesper. La mort de Sin reste pour lui le passage le plus difficile à évoquer lorsqu'on lui demande de parler de sa vie, il n'en parle d'ailleurs qu'à ceux en-lesquels il place ce qu'il pourrait appeler une amitié sincère. Bref, ce fut un moment hautement traumatisant pour lui. Revenant à la maison qu'il avait fini par obtenir pour lui et sa bien-aimée, il découvrit successivement le propriétaire mort et des traces de sang dans l'entrée. A l'intérieur, un groupe de marine qui tenaient entre leur main Sin, inconsciente et ensanglantée. Elle avait déjà été blessée et avait souffert à tel point qu'elle n'eut pu rester consciente. On lui demanda de lâcher ses armes, il déposa l'un de ses flingues. Sans parler pour autant de l'autre dans sa manche et attendant l'occasion de s'en servir. Il fut passé à tabac et, alors qu'il pissait le sang sur son propre plancher, il pu voir le gradé qui s'occupait de son cas abattre Sin après un monologue obscène avec ses soldats, provocation à laquelle avait malheureusement répondu le jeune homme. La rage, la colère, la haine aveugle, l'impossibilité d'un pardon quelconque... Voilà ce qui emplissait l'esprit de cet ancien révolutionnaire à cet instant. Se saisissant de son arme, il tua tous les soldats et pris un plaisir qu'il sait que l'on peut qualifier d'ignoble à faire payer le responsable direct de la mort de la seule chose qu'il chérissait à cet instant. Sans quitter cette maison désormais tâchée par l'hémoglobine et la perte de tout ce qu'il aimait, Jesper attendit une semaine, pleurant et hurlant, ne sachant que faire, que chercher, pour quelle raison prier ou quoique ce soit d'autre...
Il n'avait plus rien qui le rattachait à la vie. Ainsi il fit la tentative de suicide hasardeuse, étant quelque peu influencé par divers romans, une sorte de roulette russe de l'envie de mourir. Sortant trois armes qu'il possédait dans sa maison mais qu'il n'avait jamais utilisée depuis la bataille des crocs, il tenta de se tirer dans la tête avec chacune d'entre elles. Pas une seule de chargée, signe divin qu'il ne devait pas mourir ou non, il refusait de périr de la même arme qui avait descendu ses ennemis de toute manière, il n'avait donc plus guère de solution que d'essayer de vivre une semaine de plus. Après une longue errance et une journée entière passée à lire des vieux ouvrages dans une bibliothèque, Jesper découvrir finalement une chose à laquelle se rattacher: sa forte croyance d'une chose après la mort et sa haine du gouvernement ignoble si promptement représentés par les marines qui lui avaient pris Sin. Il allait se relancer dans la révolution, mais dans quelque chose de véritablement engagé. Il lui faudrait désormais changer le monde, en mieux, avant de mourir, pour que celle qu'il n'avait pas eu le temps de prendre pour femme puisse le voir à nouveau comme quelqu'un de digne de son amour, que cela soit au paradis où elle aurait pu le reprocher de ne pas l'avoir sauvée, ou dans une prochaine vie sans souvenir de celle-ci. En bref, toujours convaincu par quelques idées spirituelles de ce genre, Jesper décida malgré tout d'un coup d'éclat avant de partir, quelque chose qui le laisserait entrer dans la véritable communauté de la révolution... Et, de plus, quelque chose qui lui permettrait définitivement de venger la perte immonde de celle dont il ne pourrait réellement jamais se passer et qui lui permettrait d'évacuer un peu sa colère...
L'homme qui était en charge de ceux qui s'était introduits chez Jesper, le colonel Klast. Un type complètement méprisable, l'incarnation parfaite de la notion de déchet humain, une ordure définitive et irrécupérable... L'homme eut la stupidité de faire valoir son arrogance en déclarant définitivement tous les survivants de la révolution des crocs morts grâce à lui. Un beau discours face à presque toute la ville, sur une grande place. Quel affront à la mémoire de Sin, quelle ignominie que de se vanter de la mort de pauvres gens sans autres espoirs que le changement: Jesper ne pouvait tolérer cela et ces actes qu'il mèneraient à bien lui permettrait de se faire définitivement un nom en tant que membre de la révolution. Bref, en position au bon moment, il abattit sa cible depuis une forte distance puis, au lieu de s'éloigner des lieux de son forfait, s'en rapprocha. Là, face à des marines qui l'encerclaient, il pu expliquer pourquoi cette homme ne méritaient que de ne plus jamais paraitre devant personne. Il se battit ensuite vaillamment et terrassa par surprise, à l'aide d'explosifs, la majeure partie des soldats qui tentaient de le tuer. Mais l'un d'entre eux réussit ensuite à le blesser cruellement au visage, il l'avait presque éborgné. Suite à un coup de folie, et en même grâce à une idée étrange qui lui apporterait une occasion de se replier, Jesper s'arracha l'oeil droit de ses propres mains, le montrant aux yeux de tous ces crétins incapables d'identifier la justice et pourtant si persuadé d'y prendre part. Leur montrant le véritable sens du mot courage, la véritable peur, et le côté sincère et sans espoir de ses convictions! Les derniers soldats reculèrent face à une telle vision de la colère, à un tel monstre face à eux. Une bonne partie des survivants lâchèrent leurs armes et s'enfuirent. Jesper lui, attendit un moment, voyant finalement tous ses ennemis se volatiliser et s'effondrant à moitié, affaibli par le combat et sa propre blessure. Il balança son oeil sur le cadavre du colonel, comme preuve de son éternel engagement et de sa vengeance. Ces faits restèrent gravés dans la mémoire de la plupart des habitants de la ville et de nombreuses rumeurs circulèrent sur le tireur embusqué et fou de Midnight. Pour le reste, avant de quitter l'île, Jesper enterra Sin. Il marqua sur cette tombe cette phrase "Un jour, je pourrais à nouveau reposer à tes côtés...", puis se promis de venir se donner la mort en ces lieux une fois sa quête achevée. Il quitta ensuite son île natale, homme à présent déchargé de rage aveugle et prêt à mener à bien un juste combat...