• Nom & Prénom : Kokkuri
• Age : 17 ans
• Race : Humaine, malgré ce que plusieurs personnes peuvent penser.
• Camp : Chasseuse de prime
• Orientation psychologique (bon, mauvais, indifférent...) : Neutre Mauvais – Elle ne donne aucune importance à la loi des lieux qu’elle visite, mais ne sent nullement le besoin de s’y opposer dans la plupart des cas. Kokkuri ne donne aucune importance à la morale, ou à l’éthique, tant que le jeu en vaut la chandelle.
• Métier/Spécialité : Chasseuse de prime, mercenaire, « homme » de main, videuse. Tout ce qui demande du muscle et lui permet d’utiliser son seul talent, qui est de foutre son poing dans la gueule des gens. Et qui est payant, bien sûr.
• Pouvoir demandé : Noro Noro No Mie
• Rêve(s)/But(s) du personnage : Une petite île, avec un château. Ou moins ambitieux, un manoir. Une maison à elle, quoi. Elle n’en demande pas trop. Mais l’argent ne pousse pas n’importe où, et elle doit travailler, pour cela. Tiens, ouais, une bonne réserve d’argent aussi, ça serait bien. Histoire d’être à l’abri du besoin sur l’île. Comme ça, si elle a des enfants, ils n’auront aucune difficulté financière, et n’auront pas à souffrir de la faim et de la soif comme elle. Plus qu’elle y pense, et plus que des enfants serait une bonne idée. Histoire d’avoir une dynastie sur cette petite île. Au final, rien de très compliqué; un château, une île où le mettre dessus, de l’argent, et une progéniture. Toute personne qui lui dira le contraire se prendra un coup dans la gueule.
• Code présentation [OBLIGATOIRE] à mettre entre les balises
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◘ Description Physique : Par où commencer ? En haut, ou en bas ? Par le plus étrange, donc, le haut. Parce que ce n’est pas tous les jours que l'on voit une fille avec des immenses cornes sur la tête : courbée au début, celle-ci pointe ensuite vers le haut, bien droite. Elles sont d’un noir profond, tournant dans le rouge foncé vers la fin, et semblent des plus solides. Un peu trop grandes, parfois, obligeant Kokkuri de se pencher parfois lorsqu’elle entre quelque part où les portes sont plus petites que la moyenne. Elle en a l’habitude, aujourd’hui, et même en état de stress, elle a le réflexe de se pencher pour éviter que les cornes ne s’empêtrent dans quelque chose. Parce que ça fait un mal de chien lorsque ça l’arrive, sans compter l’humiliation. Dans ce genre de cas, on apprend vite.
Prochaine étape, les cheveux. Là non plus, ça n’aide pas à l’apparence venue des sept enfers de la jeune fille. Ils sont noirs, aux reflets rouges ici et là. Ils sont très longs, arrivant en bas des fesses, et plats, sans aucun risque d’avoir la moindre mèche qui se frise. Pour la coupe, Kokkuri n’a rien fait de compliqué. Pour avoir le visage exempt de tout cheveu qui pourrait la déranger en combat, ou lorsqu’elle vise, ses cheveux sont coupés droit au niveau du visage. Ce qui donne une apparence un peu carrée au visage, en fait.
Nous arrivons au visage. Et nous y trouvons un autre signe qui ne l’a pas aidé à avoir des amis dans sa jeune. Elle a des yeux d’un rouge éclatant. Vous voyez le genre, avec le reste décrit plus tôt. Le tout lui donne une apparence légèrement diabolique, et c’est sans compter son comportement qui sera décrit plus tard. Pour continuer sur le visage, tous les traits de celui-ci sont fins.
Le nez, la bouche, la mâchoire, et yeux, tout cela semble être sculpté dans la délicatesse. C’est souvent ce qui trompe les gens sur ses compétences, en général. Sinon, elle est très expressive, que ce soit sur son visage ou avec son corps, en fait. Elle cache très mal ses intentions et ses pensées, physiquement parlant. Savoir lire ses expressions faciales peut vous sauver bien des ennuis.
Étape suivante, le torse. Ce dernier contredit à cent pour cent la force de Kokkuri. C’est la deuxième raison que les gens se font souvent avoir. Elle est svelte, certes visiblement en forme physiquement, mais rien ne peut laisser présager la force démesurée qu’elle possède. Souvent accusé de monstre pour cela, en fait. Alors que tout son corps semble crier à la souplesse, il en n’est rien. La jeune fille est une force de la nature à l’état brute, et n’est pas vraiment plus agile qu’un autre. Cette puissance disproportionnée n’est pas vraiment explicable avec son physique. Elle possède cette force, et ne sait pourquoi, comme pour les cornes. Mais ça lui convient, et ne s’est jamais posé de questions là-dessus. Pour ce qui est des seins, rien à dire là-dessus de particulier. Légèrement plus petits que la moyenne, mais pas de beaucoup. Pas de quoi se complexer. En fait, il n’y a rien en son corps que Kokkuri trouve dégradant. Un corps fait pour le combat, et elle en est bien contente.
Dernière partie du corps, les jambes. Pas grand-chose à dire là-dessus autre qu’elles vont bien avec le reste; longue fuselée, donnant un faux semblant de grande souplesse et d’agilité, alors qu’un coup de celles-ci vous envoie paitre ailleurs. La chasseuse de prime n’est par contre loin d’être une grande danseuse, se basant plus de la solidité et la force de ses jambes en combat.
Maintenant, pour la description d’ensemble, Kokkuri est grande pour une fille, dépassant même de peu la moyenne des hommes qu’elle croise. Ce qui provoque parfois le problème avec les cornes expliquées plus tôt. Pour des mesures exactes, elle mesure 1.83m sans les cornes. Avec, elle mesure 1.98m. À peine plus petit que le cadre de porte moyen. À part cela, sa posture naturelle est celle de l’assurance, celle qui est prête à prendre n’importe quel défi. La jeune fille semble être construite dans un bloc pur d’instinct de survie. Son teint, malgré le fait qu’elle ait grandi en partie dans une ville au milieu du désert, est pâle. Dans la grande capitale, dans ses trous, il y a peu de soleil.
Passons pour le côté vestimentaire. Kokkuri n’a pas honte de son corps, en fait, c’est plutôt le contraire, elle l’aime bien. Cela se traduit par son style vestimentaire en zone tropicale ou tempérée. Il s’agit habituellement d’un haut très léger en cuir, que l’on pourrait presque qualifier de soutien-gorge, ou de haut de bikini. Le tout est rattrapé par la veste, toujours de cuir noir, qu’elle porte. Les manches sont tellement longues qu’elle lui arrive au milieu des mains. Par contre, la veste finit tout juste sous les seins, ce qui laisse son ventre à découvert. La plupart du temps, elle le laisse ouvert, et ne le ferme que lorsque la température se refroidit, ou que la décence est de rigueur et obligatoire.
À la taille, elle ne porte qu’un simple short, tout aussi léger que le reste, de couleur noir. Si la température ne lui permet pas de se vêtir ainsi, habituellement, elle rajoute un t-shirt sous sa veste de cuir, et porte un pantalon, le premier toujours blanc, le deuxième toujours noir.
La toute dernière partie de la description, l’armement. Tout d'abord, les pièces d’armure. Kokkuri porte de lourdes pièces de protection en métal aux mains, et aux jambes, à partir des genoux, jusqu’au pieds, tout en noir. Bien sûr, nulle partie du corps indécente à cacher. Ça, c’est bien à la vue de tout le monde. Pour revenir aux gants, ils sont immenses, et sont des plus solides. Ils ont pour but d’arrêter ses propres attaques avec ses mains, pour repartir plus rapidement à l’attaque, ou encore, pour arrêter les coups ennemis, dans une moindre mesure. Le bout des doigts est pointu, et permet d’attaquer avec dans le but de percer ou griffer. Le gant gauche se retire facilement, en tirant sur une sangle. Le morceau de métal restera alors suspendu au poignet, et permettra à Kokkuri de manier des choses plus précises. Les jambières ont pour but évident de bloquer les attaques données vers le bas. Mais au niveau des genoux, et des pieds, des pointes sont présentes, pour attaquer les ennemis suffisamment proches pour le permettre.
Son épée décrit bien le style de combat de la jeune fille; lourd, massif, tranchant, brutal. Il s’agit en fait d’un drôle de sabre peu courbé, qui une fois placé debout sur sa pointe, mesure autant que Kokkuri (cornes comprises). La lame est très large, qui possède un côté courbé tranchant, et un autre, il s’agit d’une lame dentelée. La garde de l’épée forme un croissant de lune qui protège les mains de Kokkuri. L’arme est aussi noire que le reste de l’équipement.
Autre cela, il n’est pas rare de la voir aussi avec des lames courtes comme des dagues, ou encore, avec une arbalète lorsque le travaille le demande.
◘ Caractère & morale : Thème 1 - La pitié : Compassion, empathie pour plus faible que soit. Quelle sottise. Le faible ne mérite pas d’être aidé. Le faible est une nuisance, et entraine le reste de l’humanité avec lui dans sa faiblesse. Mais qui est le faible ? Celui qui n’a pas la force de répliquer directement à plus fort que lui ? Non ! Le faible est celui qui tient pour acquis sa défaite, et décide de ne rien faire pour améliorer son sort. Voilà le genre de personne que Kokkuri ne supporte pas. Le paysan qui tient pour acquis qu’un seigneur local l’écrase et l’humilie. Ou encore, le pêcheur qui accepte de donner la moitié de ses prises à un groupe de pirate pour leur protection obligatoire. Le fort sera celui qui montrera que le nombre apporte la force, celui qui piègera ses ennemis à se fourvoyer. Voilà le fort ! Ses personnes méritent d’être aidées, ses personnes sont celles qui améliorent un peu plus ce monde. Tous ceux qui fuient les combats contre plus puissants, physiquement, économiquement, militairement, sont faibles. Ou encore, ceux qui se cachent derrière la puissance des autres. Peu importe leur statut. La jeune femme n’a aucune pitié pour ses faibles, et tentera de les écraser quand possible, ou encore, les ignorer, le reste du temps. Jamais elle ne s’abaissera à se souiller à avoir pitié.
Thème 2 – L’éthique : La morale et le comportement en société. On nous dit que c’est une chose importante, qui apporte l’équité. L’équité met au même niveau le fort et le faible. Le combattif et le lâche. Kokkuri ne se gênera pas d’écraser toute personne qui se mettra au travers de son chemin, et de ses buts, ou encore, de détruire toute personne qui le mérite. Elle n’a aucun compte à rendre à personne, et encore moins à un soi-disant esprit collectif. La morale est là pour ceux qui demandent pareil en retour. Et comme la jeune fille ne demande rien à personne, elle est au-dessus de cela. C’est la loi de la nature; les forts survivent. Les forts ne s’aident que lorsqu’il faut affronter plus fort. Et le reste du temps, les forts s’affrontent pour gagner, et se respectent pour cela. L’éthique est inutile face au respect mérité.
Thème 3 – La loyauté : La confiance que l’on peut porter en une autre personne peut toujours se retourner contre nous. Que ce soit accidentel ou prémédité. Et tout le monde à toujours une idée derrière la tête lorsqu’il tente de se rapprocher d’une autre personne. Dans le métier, celui qui vous aide aujourd’hui sera votre rival demain. Mais il peut être tout de même pratique de pouvoir s’allier avec d’autres personnes lorsque nos intérêts convergent dans la même direction, et qu’il est possible de coopérer. Juste s’assurer de toujours surveiller nos arrières pour éviter les coups fourrés, et se préparer à se débarrasser de la personne au moindre soupçon de danger. Sinon, garder ses promesses, et s’assurer de la qualité du travail est une bonne façon de continuer à avoir des contrats. Il s’agit d’une marque de qualité. Sinon, pour ce qui touche le combat honorable, Kokkuri ne se sent nullement obligé de respecter une soi-disant loyauté en combat. Poison, poignarder par surprise, abattre à distance, tromper la confiance de l’autre, menacer les êtres chers, tout est bon pour arriver à ses fins. L’idée du duel honorable est pour les imbéciles, ou ceux qui lisent trop de romans de chevalerie.
Thème 4 – Maturité : Kokkuri n’a jamais eu d’enfance à proprement parler. Dès le début, elle fut jeter dans le monde des adultes; sauvage et sans pitié. Est-ce que cela l’a rendu automatiquement mature ? Pas forcément. Certes, la jeune fille est sans doute l’une des personnes les plus indépendantes qui soient, mais il lui manque beaucoup d’apprentissage de l’enfance pour qu’elle puisse se faire appeler une adulte. Connaissance qu’elle n’aura peut-être jamais. À commencer par vivre en société avec les autres, comme expliqués plus tôt. Elle ne cherchera jamais d’aide autour d’elle. Ou encore, elle n’accepte pas que l’on lui dise non. Si Kokkuri veut quelque chose, Kokkuri l’aura, jusqu’à ce que le quelque chose ne l’intéressera plus. Et c’est sans oublier un manque de contrôle de ses émotions. Même si elle tente parfois de le cacher, la mademoiselle peut facilement faire une crise pour un oui ou pour un non. Le tout est agrémenté de plusieurs petits problèmes ici et là de son comportement qui démontre un certain manque de maturité, malgré l’apparence adulte de son comportement.
Thème 5 – Relation personnelle : S’attacher veut souvent dire être blessé par la suite, par trahison, par trop haute attente, ou juste par la disparition de l’être cher. Ça veut aussi dire que l’on doit, en quelque sorte, toujours quelque chose à quelqu’un. Une sorte de poids constants sur les épaules. Amis, amants, et autres. Kokkuri évite d’en arriver là. Elle peut avoir de bonnes connaissances, ce n’est pas un problème, ni même d’avoir des alliés lorsque c’est avantageux. Mais elle ne s’attachera jamais plus que cela, ou tout de moins, elle essaiera. Elle s’éloignera naturellement, sans vraiment le réaliser, des gens qui pourraient être proches d’elle. Pour ce qui est des relations encore plus personnelles, Kokkuri ne passera que rarement plus qu’une nuit avec quelqu’un, peu importe ce qu’elle pense vraiment de cette personne.
◘ Histoire : Il n’aimait pas vraiment le désert. Sable dans tous les recoins du corps, la peau qui craque sous le soleil ardent, et l’absence totale d’ombre pour pallier à la température extrême. Le désert d’Hunah est une véritable merde étalée sur des centaines de kilomètres. Au moins, la capitale est des plus agréable, lorsque vous avez l’argent et les contacts. Quelques jours à Eno valent le déplacement, malgré le passage obligé dans le désert aride. La nourriture, les femmes, le confort, tout y est. Encore là, si vous avez les moyens et les amis qui vont avec.
« Et lui, il est là pour avoir blessé un garde qui l’avait surpris à quémander sur la grande place… »
Sasori rapporta son attention à l’homme à turban qui lui servait de guide. Ils se promenaient à l’extérieur du palais, à la place où les futurs exécutés sont placés, sous le soleil, attachés et menottés, en attendant la mort, à la vue de tous, servant comme un exemple à une population maltraitée et affamée. Sasori profitait de la situation. Ce que les dirigeants de cette ville aiment encore plus que le pouvoir, c’est l’argent. Alors, avec les bons contacts, il n’est pas trop difficile de s’acheter un esclave ici. L’avantage ici, c’est que personne ne pose de question, et les gens à l’extérieur de l’île ne se posent aucune question lorsqu’ils voient quelqu’un d’Hunah sur le bateau. Avec sa position de capitaine de la Marine, l’homme n’aime pas que l’on pose des questions sur ses activités parfois un peu à côté des volontés du gouvernement. Sasori aime bien avoir des amis un peu partout, surtout des amis qui peuvent l’aider à avoir ce que son poste d’officier ne lui permet pas d’avoir. En échange, il aide les gens qui peuvent profiter de son poste de capitaine de la marine.
« Lui, c’est un sacré gaillard, je vous assure, c’est un vérita… »
« Et elle ? »
Son regard se porta sur une petite silhouette, plus loin, bras pendant, accroché au pilori par des menottes et chaines. Le soleil lui tapait directement dessus. Ses longs cheveux noirs lui tombaient sur le visage, alors qu’elle se laissait suspendre par ses liens. Outre cela, la paire de cornes que la jeune personne semblait posséder donnait une drôle d’allure au portrait. Et elle a dû se sentir observée, car au même moment, la jeune fille leva la tête. De sous les cheveux noirs, sales et collants, Sasori put voir la paire de yeux rouges qui le fixait ardemment, malgré l’épuisement évident de leur possesseur.
« Je… je vous le déconseille, monsieur capitaine. Elle ne vous sera que problèmes et danger… »
« Peut-être que vous pouvez m’expliquer qui elle est ? Et m’expliquer pourquoi une gamine aussi jeune se retrouve au pilori, aussi solidement enchainée ? »
* * * * *
Je ne me souviens pas tellement de ma jeune enfance. Ce dont je me souviens, c’est que chaque jour est identique. Une lutte pour la survie, où personne de sensé ne vous aide, trop occupé à rester eux même en vie. Je crois que j’avais une grande sœur, mais je n’en suis pas sûr. Peut-être que c’était une cousine, ou juste une jeune fille qui avait pitié d’un bébé qui pleurait sur le cadavre de sa mère. Cette pitié lui coûta la vie, quelques années plus tard. Faible à partager ce qu’elle trouvait en eau et en nourriture, elle ne put avoir l’énergie nécessaire pour survivre très longtemps. Une mort bête, comme la plupart des morts dans ce quartier pourri d’Eno. Elle a juste tenté de prendre ce qui ne lui appartenait pas. Et me voilà donc, à cinq ans, sans rien, n’y personne, pour m’aider à ma survie. J’ai vite appris que la pitié était une denrée rare, par ici. À partir de cet âge-là, je ne devrais ma survie qu’à moi-même. Heureusement que les dieux m’avait donné une chose, au moins une, pour me permettre de persévérer. Une force hors du commun. Certaines mauvaises langues parleraient de mutation, à cause des cornes bien placées sur le dessus de ma tête. Peut-être, mais je suis loin d’être la seule humaine à avoir une apparence particulière dans ces quartiers maudits. C’est sans doute cette apparence qui les a fait finir dans un tel trou de misère. Les gens n’aiment pas vraiment ceux qui sont différents.
Et donc, j’ai réussi à survivre sans trop de problèmes jusqu’à mes huit ans. Pour y arriver, je vole ceux qui ne sont pas assez vigilants, je frappe ceux qui ne sont pas assez forts, je dupe les imbéciles. Je me débrouille assez bien, en fait. Mais pas assez prudente. Essayer de voler un marchant dans la Grande Allée de la capitale n’est pas forcément la meilleure des idées. Mais le besoin et l’ambition y étaient. Il ne manquait que l’expérience, et de la chance. La cible, une simple bijouterie. Voler la nuit à l’avantage d’être plus difficile à être vu, mais à le désavantage que tout le monde est aux aguets, et les gardes peuvent plus facilement nous repérer lorsqu’il n’y a personne dans les rues. Le moment que je choisis fut à une heure où il n’y avait personne dans la boutique. J’avais déjà tout planifié, et avait déjà fait ses repérages. En milieu d’après-midi, j’entrais dans la boutique discrètement, matraque en main. Et puis, dès que je fus sûr que le marchand n’ait pas le temps de réagir en la voyant, je chargeai. Le coup fut direct et d’une grande violence, surtout pour le fait qu’il fut administré par une enfant de huit ans. Sans plus attendre, je remplis une bourse de quelques bijoux, et courue vers la sortie qui donnait sur la ruelle. Mais comme la malchance ne lâche jamais ceux qui sont dans le besoin, il fallut que ce soit au moment où un garde empruntait la même ruelle que je sortis. Je n’ai pas eu le temps de réagir avant que ce dernier ne siffle dans son sifflet. Il faut dire qu’une petite fille en haillons, matraque ensanglantée en main qui sort d’une riche boutique sac en main, il n’y a pas cinquante tableaux possible pour la situation.
Je courus donc, sachant ce qui m’attendait si je m’arrêtais. Je connais cette ville comme le fond de ma poche, mais les gardes sont nombreux, et dans la Grande Allée, je suis dans leur territoire. Pour fuir, je fais mon possible, allant même jusqu’à casser des roues de carriole et carrosse pour leur bloquer le chemin…
* * * * *
« Attendez, attendez ! Vous me dites qu’elle explosait des voitures pour lancer des débris sur ses poursuivants ? Vous vous foutez de moi ? »
« Non, monsieur ! Cette petite a du sang de démon en elle ! Elle est une sans nom maudite par les dieux ! Sa force est monstrueuse. »
Sasori leva un sourcil, perplexe, en direction de la petite. Sans dire un mot, il se dirigea vers un étui qui contenait une série de bâtons destinés à être utilisés pour battre les esclaves. Il en prit deux, et alla se replacer devant elle. L’enfant n’avait toujours pas relâché son regard de l’officier de la marine, de ce même regard fatigué, mais vif.
« Relâche-la. »
« Mais… ! »
« Si j’achète cette petite, je te donne un bonus discret, directement à toi. »
« Bien sûr, monsieur, je comprends parfaitement. »
Sans un mot de plus, l’homme au turban fit signe à deux gardes de détacher la petite. Lorsque ce fut chose faite, sans lien, elle tomba comme une pierre sur le sable qui constituait la cour des prisonniers. Elle y resta quelque temps étendue, profitant de ces quelques rares moments de repos qu’elle avait depuis quatre jours. Le marine lui lança peu de temps après l’un des bâtons à côté d’elle.
« Écoute-moi, petite. Brise le bout de bois que je tiens en main, et tu auras la vie sauve. Et elle sera sans doute meilleure que la vie de merde que tu vis en ce moment. »
L’homme qui accompagnait le capitaine regarda avec hésitation, à tour de rôle, le militaire et la jeune fille. Cette dernière commençait déjà à se lever péniblement. Dans cet état, elle ne risquait pas de briser quelque chose. Il recula donc lorsque la petite fit mine de prendre l’arme en bois, avec difficulté. Puis, sans crier gare, elle chargea le militaire, bâton prêt à donner un coup en élan. Dans un cri, elle frappa de toutes ses forces le bout de bois. Le coup fut violent, mais l’impact le fut moins. Sasori avait suivi le mouvement, diminuant grandement la force de collision. Insuffisant pour briser l’arme. Mais l’enfant ne céda pas pour autant, malgré la fatigue. Elle revint à l’assaut, encore et encore, avec une force qui pouvait même faire envier des adultes. Mais toujours insuffisant. Dans un dernier grand élan, elle frappa encore, mais rata sa cible, et la force du coup lui fit perdre l’équilibre, la faisant tomber dans le sable. Elle tenta de se relever, mais le mieux qu’elle réussit à faire fut de mettre un genou au sol. Le capitaine posa sur la tête de la jeune enfant qui ne semblait plus réagir.
« Dommage… »
Il tourna la tête, pour parler à l’homme avec le turban, jusqu’au moment où il sentit une force opposée à sa prise sur son arme. Il se retourna pour voir une paire d’yeux rouges sang qui le fixait avec intensité et détermination. La petite avait, pendant le court moment d’inattention de Sasori, attrapé le manche de bois, et le tenait en bonne poigne. Sans un cri, elle broya avec force l’arme en copeau à l’endroit où elle le tenait, brisant le bâton en deux. Et sans un bruit, elle tomba une fois de plus dans le sable, inconsciente. Le militaire la regarda tomber, et ne bougea pas quelques instants, avant de se retourner, et laisser tomber un rire. Sans attendre, il porta sa main à sa bourse, et la lança à l’autre homme.
« Je reviens dans cinq jours. Je veux qu’elle soit en état de traverser le désert d’ici là. Tu as sans doute plusieurs servantes qui peuvent bien s’occuper d’elle à temps perdu, non ? Fais ça, et ton bonus n’en sera que plus grand. »
« Il en sera fait selon vos désirs, Capitaine Sasori. »
* * * * *
Je me souviens m’être réveillé et endormi plusieurs fois, le temps après ma rencontre avec Sasori dans la cour. Mais ce qui s’est passé pendant ces deux jours de divagation reste des plus flous. Je sais que l’on s’est occupé de mes besoins primaires, et qu’à mon réel réveil, j’étais propre. Mais autre cela, le vide total. Les trois jours suivants, cela a été nécessaire pour reprendre des forces. Et je ne me faisais pas à l’idée que je ne devais pas me conduire en chien blessé, qui lèche ses plaies dans un coin. On s’occupait de moi. Mais uniquement parce que l’on avait payé des gens, pour cela. Personne ne fait rien par bonté de cœur, à moins d’être un imbécile. Et je savais que je devrais rembourser un jour l’homme qui avait permis cela. Mais c’est bien mieux que rien. Et pendant trois jours, j’ai pu vivre dans un palais. Certes, la section des domestiques, mais vous n’imaginez pas la différence de qualité de vie avec les quartiers les plus pauvres de la capitale. Je me permettais même de me promener dans ce grand bâtiment, portant ce qui me semblait à l’époque des vêtements de noble. C’était en fait des vêtements de serviteur de noble, mais même chose qu’avec la différence de qualité de vie. Tout ici n’était que luxe et confort.
Les domestiques semblaient m’ignorer, ou me fuir. Parfois, faire le deuxième en feignant le premier. D’immenses cornes noires sur la tête, et les yeux rouges, ça ne vous aide pas à vous faire des amis. Mais ça m’allait. Je n’étais pas ici pour me faire des amis, autant éviter de socialiser. Je n’avais qu’à attendre que l’on vienne me chercher. Et à la fin des cinq jours, on m’apporta des vêtements de voyage, et de l’équipement pour survivre au désert. Par la suite, on m’emmena à l’entrée de la ville, par la Grande Allée. Tout cela semblait si… irréel. Je ne fuyais pas les gardes, ils m’escortaient. La nourriture que j’avais dans mon sac, je ne l’avais pas volé, on me l’a donné. Pour la première fois de ma vie, j’étais propre, et j’avais des vêtements décents. Tout cela parce qu’un homme semblait vouloir exploiter ma force. Ça m’allait. Et quitter cette ville me fera un grand bien. Je n’ai jamais aimé ce trou hypocrite, de toute façon.
On m’attendait à la sortie de la ville. Sosari y était, ainsi qu’avec un groupe d’homme, que je découvrirais plus tard qui font tout partit de la marine. Malgré qu’ils n’aient pas vraiment une grande loyauté pour le gouvernement, et qu’ils soient facilement achetables, ces mecs sont assez sympathiques. Et, après tout, ce fut eux qui me donnèrent un nom. Car se fut la première chose que Sasori me demanda, mon nom. Je ne répondis que par un mouvement de tête négatif. Le capitaine se retourna vers ses hommes, pour leur ordonner de remédier à ce problème. Après quelques idioties ici et là, l’un d’eux sortit Kokkuri, en référence au jeu où un esprit vient vous tuer si vous lui manquez de respect. Ça semblait idiot, au premier abord… et ce le fut encore ensuite, mais c’était le meilleur nom qui fut trouvé. Kokkuri… J’avais un nom. Et malgré une gêne qui me poignait, je ne pouvais m’empêcher de sourire. Pour la première fois, je voyais un avenir possible.
* * * * *
« Hein, la p’tite, bouge-toi les fesses et emmène-moi mon repas. »
« Et après cela, tu auras le temps de t’occuper du lavage. Bonne petite, haha ! »
Cela faisait quatre ans que Kokkuri travaillait sur ce vaisseau de la marine, avec tous ses matelots qui semblaient bien heureux d’avoir vu leurs corvées être coupées d’au moins la moitié depuis que la jeune fille était montée à bord. Mais elle ne s’en plaignait pas. Quitter Hunah fut la meilleure chose de sa vie. Elle travaillait dur, et recevait peu en échange, mais techniquement parlant, Sasori l’avait acheté comme une esclave. Qu’elle reçoive quelque chose est déjà un bon bénéfice. Et qui plus est, Kokkuri apprenait sans cesse. La jeune fille apprend que les gens bons se font toujours berner, que les gens honnêtes n’avaient que peu dans la vie, que pour avoir ce que tu veux, tu dois aller le chercher. Rien n’est gratuit. Au moins, les membres de l’équipage étaient gentils avec elle. La jeune fille recevait la plupart du temps un bon rabais sur ce qu’il voulait acheter dans les marchandises du bateau. Il faut dire qu’elle était leur mascotte cornue. Tout le monde trouvait cela drôle de voir l’enfant trimballer une caisse immense d’un bout à l’autre du navire, ou ramener sans difficulté un homme adulte saoul au bateau. Sa force ne faisait que grandir avec l’âge. C’était assez irréaliste pour toute personne qui n’était pas habituée à la voir.
Mais malgré tout cela, elle ne s’est jamais sentie chez elle, sur ce navire. Elle était un amusement, une commodité pour les corvées, mais sans plus, et elle le savait. Elle prenait ce qu’elle pouvait, pour devenir plus forte. Et c’est sans compter les cours de combat que Sasori lui donnait, lorsqu’il n’était pas occupé à combattre des pirates, à se faire corrompre, ou encore, passer du temps avec l’alcool et les femmes. Il était dur, mais compétent, et elle apprenait tout ce qu’elle pouvait. C’est aussi lui qui lui apprit à tuer, à l’âge de onze ans. Un pirate blessé pendant une confrontation, mais suffisamment en forme pour tenir encore son épée. On lui disait que s’il vainquait Kokkuri, il pouvait partir. Elle le savait, Sasori n’avait aucune intention de l’aider si les choses tournaient mal. La petite demoiselle combattit donc de toutes ses forces, sachant que sa vie était en jeu dans ce combat. L’instinct se jumela à l’apprentissage, et le coup mortel vint. La jeune fille terrassa son adversaire… et se sentit vivante. Elle avait souvent risqué sa vie, fuyant ici et là, mais pour la première fois, elle se sentait autre chose qu’une victime de la vie, qu’elle pouvait tout prendre en main. Kokkuri ne sentit pas de pitié pour le premier homme qu’elle tua, cela faisait partit de la vie. Tuer ou être tué. Cette journée-là, ils avaient fêté sur le bateau.
* * * * *
La vie sur Grand Line n’est pas facile, surtout lorsqu’on vit sur un bateau de marine. Tout n’est que combat, constamment. Ou presque, il y a toujours les marins qui font les imbéciles une fois arrivés à terre, comme ce soir. Dans ces moments, moi, je reste sur le bateau. Je lis, j’avance mes tâches à faire, bref, je m’occupe. Ou encore, je reste tout simplement dans mes quartiers, à me reposer. J’ai eu mes quatorze ans il y a un mois de cela. Le temps passe vite, en mer. Aujourd’hui, je n’ai pratiquement plus aucun souvenir clair de la ville du désert qui fut mes terres natales. Seules les leçons de la vie me restent en tête, et un fort instinct de survie. Je n’ai pas besoin du reste. Inutile de garder des bagages obsolètes. Et il va sans dire…
Toc. Toc. Toc.
On frappe à la porte. Je me lève, et je vais ouvrir. Une fois chose faite, je tombe nez à nez avec Sasori, saoul à sentir son haleine, qui s’appuyait sur le cadre de la porte. Laissant tomber un soupir, je le laisse entrer sans dire un mot, me dirigeant vers la petite table qui meuble la chambrette. Je commence à préparer un thé, entendant l’homme s’assoir sur mon lit. Ça devient presque une routine, cette scène.
« Tu as gagné de belles formes, fille. Beau cul, beaux p’tits seins, belle hanche... »
Ça, par contre, ce n’est pas habituel, comme remarque. Mais j’ignore les paroles de cet ivrogne. Ça lui arrive de faire des remarques se voulant blessantes lorsqu’il est dans cet état. Alors, je ne prendrai pas ombrage pour des qualités sur mon physique. C’est vrai que si l’on oublie les cornes, le reste n’est pas mal du tout. Mais tout de même, il y a façon plus plaisante de faire passer le message.
« Tu sais, je ne regrette pas de t’avoir acheté, ce jour-là, dans le désert. Tu le rends bien. On s’entend bien, n’est-ce pas ? Peut-être tu pourrais mieux le rendre en mettant ton cul sur ce lit avec moi. »
Je laisse tomber un soupir, mais je ne dis pas un mot, tout en continuant de finir le thé que je verse dans une tasse. Je l’entends se lever du lit, et au son du plancher qui craque, se rapprocher de moi. Je me retourne, tasse en main, et je lui tends. Sasori se trouve juste à côté de moi, me regardant droit dans les yeux. Je laisse tomber un autre soupir avant de prendre parole.
« Tu es saoul. Prends ça, et va te coucher, idiot. »
Le coup vint immédiatement. Le revers de la main. Je perdis pied, plus par surprise que par douleur. Je… ne comprenais pas ce qui venait d’arriver, jamais, il n’avait levé la main sur moi autrement qu’à l’entrainement. Là… je ne comprends pas. Ça me prend quelques instants pour réaliser que j’ai laissé tomber la tasse de thé au sol, et s’était cassé. Je la regarde quelques instants avant de lever les yeux vers Sasori qui me fixait depuis qu’il avait administré la gifle. J’allais lui demander pourquoi, mais avant que je ne puisse le faire, il m’attrapa par les cheveux, me fixant droit dans les yeux. Il était en colère, grandement en colère, et j’avais… peur. Je voulais qu’il reparte, et être seul.
« Comment oses-tu me parler sur ce ton ? Tu sembles avoir oublié. Je ne suis pas ton capitaine, je suis ton maitre, et toi, mon esclave. Tu n’as jamais été autre chose. Qu’un objet que j’ai acheté. Je dispose de toi comme je le veux ! Ça doit être de ma faute, j’ai été trop gentil avec toi… Et tu es une grande fille, maintenant, c’est à toi d’être gentille avec moi. »
Sur ce, il m’embrassa. Si l’on peut appeler cela embrasser. Tirant sur mes cheveux, il emmena ma bouche à la sienne pour y introduire sa langue. Sur le choc, cela me prit quelques instants avant de réaliser tout ce qui se passait. Non ! Qu’est-ce qu’il fait ! Il n’a jamais été comme cela ! Je reprends mes esprits lorsque je sens sa main sur mes seins, à les serrer, à me faire mal. Je pose ma main sur son torse, avec l’intention de l’envoyer dans le mur de l’autre côté de la pièce, mais il m’attrape par le poignet avant que j’y arrive. Sasori a toujours réussi à lire dans mes mouvements, et utiliser ma force contre moi, et cette fois n’est pas exception, même dans son état. Dans mon mouvement pour le pousser, il se met de côté, me laissant tomber sur mon lit. Une simple prise, et me voilà cloué. Non ! Non… Ce…. Ce n’est pas supposé se passer ainsi ! Arrête! J’essaye de crier, mais je n’arrive toujours pas à y croire, je ne veux pas y croire… Je suis si… effrayé. J’ai peur, peur de ce qu’il veut me faire, peur de ce qui m’arrivera si je ne laisse pas le faire.
Il arrache mon chemisier, exposant ma poitrine. Je laisse tomber un cri, enfin, mais bien vite coupé par un autre de ses baisers dégoutants, imbibés d’alcool. Je panique, je ne sais pas quoi faire, et je ne pense pas assez clairement pour penser à une façon de me libérer. En y pensant après coup, j’aurais trouvé une dizaine de façons de l’envoyer promener, mais là… rien, le vide, le néant d’idée. Et lorsque je sens sa main sur mon corps, je ne fais que bêtement me débattre. Je sens cette main sur ma cuisse nue, qui remonte, qui…
« Monsieur, ça va ? On a entendu crier. »
Sasori se relève, visiblement irrité, et tourne la tête en direction de la porte. Moi, reprenant un tant soit peu mes esprits, je mets ma main son mon oreiller.
« Ça va, bande d’idiots ! Foutez le camp tout… »
Il sentit le froid caractéristique d’une lame se poser sous sa gorge. Il se tourna pour me voir tenir un couteau sous celle-ci, pour voir dans mon regard la colère, à nouveau habitée par la détermination. Le message était clair. Sans me dire un mot, il se leva. Je retiens mes mains qui veulent trembler, et mon bras suit son mouvement, ne lui laissant aucune marge. Il se dirige finalement vers la porte, et pose sa main sur la poignée, la tourna, et sortit, toujours sans rien dire. Une fois chose faite, je me jette sur la serrure pour la fermer à clé. Je laisse tomber mon arme au sol, tombant moi-même, à genou, mes bras, croisés, qui couvrent ma poitrine nue. Je tremble… Je suis si… pathétique. J’aurais pu me défendre, me battre, mais j’ai décidé de geindre, d’être la victime. Non… Je suis toujours une victime au fond de moi, depuis ce jour où Sasori m’a acheté. J’ai cru en un être humain, me rendant faible face à lui. Cette nuit me fut utile pour apprendre une leçon qui sera ma devise future. La faiblesse est l’acte d’abandonné, ne pas se battre. Dégoutante, absurde faiblesse de se croire en sécurité auprès d'autres gens. Je ne saurai plus jamais faible ! Sur ces mots en têtes, je lève le regard vers la porte, avec flammes dedans. Je n’aurais aucune pitié pour la faiblesse à partir de ce jour, que ce soit la mienne, ou celle des autres.
* * * * *
« Seize ans pour aller vivre la grande aventure, c’est un peu jeune, je trouve. Enfin, c’est mon avis. »
« Personne ne te l’a demandé, ton avis, toi. Et puis, la petite, elle a commencé à grandir vachement tôt, quoi. Je crois qu’après tout cela, elle se devait de partir. »
« Vous vous éloignez de la question, messieurs. Je veux juste savoir où est la demoiselle pour lui poser quelques questions à propos de ce qui est arrivé à votre capitaine. »
Les deux marins regardèrent le sous-officier du gouvernement en haussant les épaules, répondant ainsi qu’ils n’en avaient aucune idée. Kokkuri était parti il y une semaine de cela du bateau, ne laissant aucun message autre qu’un simple au revoir, sans plus. Elle avait passé la moitié de sa vie sur ce navire, mais n’avait eu aucun mal à le quitter. Ça n’a jamais été sa maison. Ces gens avaient été encore moins sa famille ou ses amis. Elle n’était que passage.
« Avec ce qui s’est passé, il me faut quelques renseignements supplémentaires sur elle. Après tout, elle fut la dernière personne vivante à voir Capitaine Sasori vivant lors d’une mission importante. Racontez-moi ce qui s’est passé. »
Les deux hommes se regardèrent un bref instant avant que le premier prenne parole.
« En fait… »
* * * * *
La pluie battait mon visage avec férocité, cette nuit-là. Les deux bateaux, un à côté de l’autre, se frappaient au rythme des fortes vagues de la tempête. Mais personne ne s’occupait de cela, trop occupé à s’entre-tuer. Ma lame, une épée à la mesure de ma force, se tranchait un chemin vers la cabine du capitaine pirate. Au côté de mon propre capitaine et de quelques hommes, on pénètre en force dans le bâtiment. Des hommes meurent en chemin, mais on ne fait pas attention. L’important est de réussir notre mission. Récupérer ce fruit du démon que ce pirate avait l’intention de vendre à la prochaine île. Sasori avait une autre idée pour ce qui est de son prochain propriétaire.
« Dépêchez-vous ! Il ne faut pas que cet abruti pense à le manger avant que l’on arrive ! »
Au même instant, je prends les devants, et explose la dernière porte d’un coup de pied, laissant par la suite Sasori et les hommes restants entrer. Des coups de feu se font immédiatement entendre. Cet imbécile de pirate nous attendait et voulut nous faire une embuscade. D’autres de nos hommes tombèrent au sol, mais Sasori s’en fout. Je m’en fous. Dans cet état, l’homme n’est qu’un poids mort à oublier. Et penser aux autres en combat peu vite vous tuer.
« Je vais te découper en rondelle, misérable larbin du gouvernement ! »
Insulte peu travaillée du pirate que j’affronte, le frappant de toutes mes forces, et l’envoyant plus loin malgré qu’il ait bloqué le coup. Sasori, lui, affronte leur capitaine. Le combat fut court, mais intense. Bien vite, mon regard se porte partout, cherchant un adversaire à affronter de nouveau, mais rien. Tous morts, y compris les hommes qui nous accompagnaient. Un gargouillis agonisant m’indique que mon capitaine a fini avec son adversaire. Je me retourne vers lui, pour lui voir blessé, mais victorieux. Rien de grave. Il me regarde un court instant, en souriant, avant de se diriger vers le fond de la pièce. Je le suis. Le fruit ne fut pas difficile à trouver, dans un petit coffre au sol. Il se penche, le ramasse, et se tourne vers moi, toujours sourire aux lèvres. Sourire qui disparut immédiatement lorsqu’il sentit le froid de ma lame dans sa gorge. Aucun remord, je le regarde froidement, sans émotion, sans sentiment de vengeance, ou de tristesse. C’est chose faite, rien de plus. Il s’effondre au sol, dans un dernier regard surpris. Je me retiens de lui dire que c’est lui qui m’a appris de n’avoir confiance en personne, même en ceux qui nous côtoient tous les jours. Ce sont eux, les mieux placés pour nous trahir, après tout.
Je ramasse le fruit maintenant au sol, et sans attendre, je mords à pleines dents dedans. Le gout est affreux, mais je ne perds pas de temps. Quelqu’un pourrait arriver et me voir. Une fois chose faite, je me retourne vers les corps étalés dans la pièce. Je m’assure qu’aucun d’eux ne soit vivant…
* * * * *
« Et donc, le pirate avait déjà mangé le fruit et s’en est servi pour tuer le capitaine ? Dommage… »
« Et la petite n’avait plus vraiment envie de rester à bord, en fait, et est parti peu de temps après. »
* * * * *
Peu de temps après, je quitte le bateau, cherchant un moyen de partir vers les Blues. Il me faut du recul pour apprendre à utiliser mes nouveaux pouvoirs, et ramasser un peu d’or pour retourner dans Grand Line. Cela fait un an que je fais des petits boulots ici et là, à traquer des criminels pour leur prime, et servir de mercenaire pour des groupes quelconques. Je commence légèrement à me faire un nom, et même à me faire une rivale. J’aime cette vie. Elle est à moi, et à moi seul. Je choisis ce que je fais, qui j’aide, et qui j’ignore.