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 Ana Jézabel → Achevée

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Ana Jézabel → Achevée Empty
MessageSujet: Ana Jézabel → Achevée   Ana Jézabel → Achevée EmptyDim 4 Avr 2010 - 4:36

♠ Informations concernant le joueur :
    Voir Cox Orange


    Ana Jézabel

    Age : La trentaine
    Sexe : Féminin

    Race : Humaine
    Groupe : Chasseur de Prime
    Rang Spécial : Voleuse de grands chemins

    ♠️ Caractère & Morale | Buts
    → Ana

    « Ces deux compères-là n'étaient pas d'innocents voyageurs passés dans le coin à point nommé pour voler secours par amour de l'humanité ! Ils avaient surveillé le camp avec soin. Puis ils avaient exterminé le groupe avec une efficacité impitoyable.
    Et même si le géant paraissait redoutable, Ana était deux plus dangereuse que lui ! »

    « Je crachai qu'elle était « Ana, la courageuse sauveuse » et que ce n'était pas étonnant qu'elle trouva ma remarque si amusante, son ami et elle étaient bien des voleurs de grands chemins ; qu'ils voulaient s'emparer des pierres depuis le début ! Je fulminai en lui demandant jusqu'où elle était prête à aller pour...
    La femme me coupa la parole en brandissant son crochet d'or sous mon nez et m'avertit de surveiller mes paroles. Le visage déformé par la haine et les yeux étincelant de colère, elle eut un sourire mauvais. Elle m'apostropha en me priant à garder mon opinion pour moi et que elle, depuis sa naissance, personne ne lui avait jamais fait de cadeau. Elle me menaça en m'avertissant que celui qui lui reprendra un bien n'était pas encore né. Je reculai prudemment, effrayé d'avoir dépassé les bornes avec ces canailles. D'évidence, sauver un prisonnier leur avait paru secondaire, leur but étant de soutirer les pierres précieuses aux chasseurs de prime. Ana n'était pas une femme à prendre à la légère, et si je ne maîtrisai pas son indignation, je risquais de perdre la vie... La voleuse toisa sa victime d'un œil cruel, puis recula lentement, radouci.
    Sa suave amabilité reparut.
    Elle se lança dans une tirade durant laquelle elle fit quelques pas où elle élabora un raisonnement selon lequel Keltset et elle étaient des voyageurs de fortune comptant sur leur intelligence et leur ruse pour survivre qui pourtant n'étaient guère différents des autres, quand on y réfléchissait. Elle avoua que seules leurs méthodes pouvaient être critiquables. Mais ils méprisaient l'hypocrisie. Selon elle, d'une manière ou d'une autre, nous étions tous des voleurs ! Au moins, elle se vanta de ne pas avoir peur d'appeler un chat un chat !
    Souhaitant changer de sujet, je lui demandai par quel moyen elle avait déniché ce campement. Elle m'exposa clairement, son hostilité envolé, qu'ils avaient repéré le feu la nuit dernière, peu après le coucher du soleil et elle y avait vu ses petits camarades jouer avec les gemmes... Elle m'avait vu aussi, ficelé et prêt à être à livré à elle ne sait qui. Selyn avait décidé d'appeler Keltset et de faire d'une pierre deux coups. Elle ne se priva pas de commenter qu'elle ne m'avait pas menti en disant qu'elle n'aimait pas voir un de ses compatriotes de South Blue entre les mains de ces démons...
    Je fis un signe d'assentiment, content de n'être plus prisonnier des guerriers. Pourtant... Étais-je vraiment mieux loti maintenant ?
    Ana ajouta qu'il fallait cesser de me tracasser, qu'ils ne me feront pas de mal. Elle voulait seulement les pierres. Elle lui souffla au creux de l'oreille qu'elles lui rapporteront gros et qu'ils avaient besoin d'argent. Elle lui signifia qu'il était libre de retourner d'où il venait. »

    « Puis j'osai poser une autre question : je lui ai demandé ce qui l'a décidé à devenir une voleuse.
    Elle me répondit franchement qu'importent sa raison. Il n'y avait pas de mystère. Elle n'avait jamais été très doué pour gagner sa vie à la sueur de son front, comme les honnêtes gens. Elle était une enfant exubérante qui aimait l'aventure et les voyages. Et je détestais la routine ! Après avoir accidentellement perdu une main, trouver un travail qui lui permettait de vivre confortablement et d'obtenir ce qu'elle voulait devint encore plus difficile. A l'époque, elle vivait dans South Blue. Peu à peu, j'avais connu les pires embarras... Et ça ne s'était pas arrangé... A mon corps défendant, elle s'était retrouvée à sillonner les quatre océan en dévalisant les gens pour survivre. Le plus drôle, c'était qu'elle se jugeait très douée pour ça ! Une vraie petite génie... Et pas question de revenir sur le droit chemin, elle s'amusait trop ! Bref, cette vie lui plaisait ! Et voilà toute son histoire ! La richesse, ce n'était pas pour demain, mais qu'importe ! Elle avait tout son temps !
    J'insistai sur le fait qu'elle n'ait jamais envisagé un retour à son ancienne vie. (La bandit devait se mentir à elle-même, ça n'était pas possible !) Je lui demandai si elle n'avait jamais pensé à fonder un foyer et...
    Ana éclata d'un rire tonitruant. Elle me pria de lui passer le romantisme et me demanda si je voulais la faire pleurer et l'inciter à demander pardon en tombant sur ses vieux genoux fatigués. »

    → Keltset
    « La femme sourit et me lâcha avant de désigner le géant, derrière elle. Elle indiqua qu'il se nommait Keltset, qui se trouvait être son compagnon depuis environ deux ans. Elle lui souffla qu'elle n'avait eu d'ami plus fidèle, même si elle aimerait parfois qu'il soit plus bavard ! Keltset était muet. Je demandai de quelle race il était, et elle ne voulut rien dire de précis. Il semblait qu'il ait vécu dans des montagnes jusqu'à que son peuple l'en exile. Elle et lui étaient tous les deux des bannis dans un monde cruel, mais elle se justifia avec esprit que la vie distribuait des cartes différentes à chacun, qu'ils n'avaient pas eu le choix... J'ajoutai qu'il paraissait être une créature sauvage, presque une bête. Selyn m'avertit de prendre garde à ce que je disais. Il semblerait que Keltset n'aime pas ce genre de discours, il y est assez sensible pour écraser quiconque comme un moustique si on s'obstine. Elle s'énerva en affirmant que le problème est qu'on le voit comme un monstre sans commune mesure avec les humains... Naturellement, on se demande s'il est dangereux. Votre opinion est déjà faite : il tient plus de la bête qu'autre chose. Elle supposa que ses préjugés sont dus aux lacunes de mon éducation et à mon manque d'expérience. Elle me réprimanda et me dit que j'aurais dû voyager avec elle ces dernières années et alors j'aurais appris qu'un sourire amical ne cache pas toujours des dents acérées ! »

    « Je chuchotai, de peur que Keltset m'entende, que je le trouvais pas très... domestiqué... Selyn s'écria que c'était le parfait exemple d'une opinion sans fondement ! Parce que Keltset n'avait pas l'air civilisé ou très intelligent, on le considère comme un animal... Elle m'assura que c'était un être sensible qui éprouve les mêmes sentiments que nous autres humains. Être ce qu'il est là d'où il vient, est aussi banal, pourrait-on dire, qu'être un humain dans vos terres. Les humains sont les anomalies dans sa région du monde. J'examinai le faciès impassible de Keltset. Et j'en conçus une méfiance instinctive. »

    « L'homme à face de troll muet était assis à mes côtés, les yeux rivés sur la viande. J'aurais aimé toucher sa peau épaisse si semblable à de l'écorce. Les traits de ce petit géant étaient d'une incroyable... neutralité... Même de près. Une parfaite immobilité de rocher sur lequel glissent les siècles.
    Me voyant étudier son compagnon (ce qui lui arracha un grand sourire), Ana posa une main amicale sur mon épaule et me fit sursauter.
    Elle m'assura qu'il ne mordait pas. Enfin, tant qu'on le nourrissait ! Elle s'indigna de ne cesser de me le répéter, mais je n'écoutais pas. C'était cela la jeunesse, selon elle. Libre comme l'air, et aucun respect pour les anciens ! Keltset était comme toi et n'importe qui, mais en plus grand et en plus silencieux. Elle confia que c'est ce qu'elle appréciait chez un partenaire. Il faisait son travail mieux que tous mes anciens collaborateurs. Et apparemment, elle avait travaillé avec pas mal de gens.
    Je demandai s'il faisait ce qu'elle lui disait.
    Elle me le confirma. Penchée sur moi, Ana leva son crochet, histoire de soulever sa remarque. Mais elle me prévint de ne pas m'y tromper, elle ne voulait pas dire que c'était une sorte d'animal... En cas de besoin, il était capable de réfléchir par lui-même. Elle avait noué avec lui des liens d'amitié quand tout le monde le traitait comme un pestiféré. Et elle insista bien sur tout le monde, sans exception ! A ma connaissance, personne n'égale sa force physique, à part peut-être de véritable géant ou homme-poisson. Il pourrait l'écraser sans peine. Mais elle me défia de deviner la suite, ce que je ne parvins évidement pas à réussir. Elle l'avait battu ! Et maintenant, il me suit partout !
    Elle s'interrompit pour juger de ma réaction, les yeux arrondis de satisfaction devant mon air stupéfait. Elle éclata de rire et se flanqua une grande claque sur le genou.
    Elle me décrivit qu'elle le battit en usant d'amitié, pas de force ! Elle l'avait respecté, traité en égal, et, pour sa peine, elle a gagné sa loyauté. Elle rigola, car elle voyait bien que elle m'avait surpris. »

    « Elle lui apprit que l'histoire de Keltset était différente de la sienne. Elle n'avait aucune raison de choisir ce mode de vie. Lui, en revanche, avait les meilleures motivations du monde ! Il était muet de naissance et son peuple n'aimaient pas les handicapés. (Quelle bonne blague, non ?) Bref, ces aimables congénères lui avaient rendu la vie difficile en l'accablant de leurs railleries imbéciles et en le battant pour un oui ou pour un non. Il était pratique de se défouler ainsi quand on piquait une colère ! Pourtant, il ne s'était jamais dressé contre ses bourreaux. Pourquoi ? Il n'avait qu'eux au monde, voilà pourquoi ! (Poignant, non ?)
    Puis, il avait grandi et devant sa force phénoménale, les autres avaient commencé à avoir peur de lui... Un soir, des adolescents turbulents se mirent en tête de le blesser assez pour qu'il prenne la fuite. Et s'il en mourrait, bon débarras ! Mais ça n'avait pas marché comme ils l'espéraient. Cette fois, ces brutes avaient été trop loin. Furieux, il avait tué trois de ces agresseurs. En conséquence, il avait été chassé de son village. et un être issue de cette tribu ne trouvera jamais de foyer hors de sa tribu, ainsi sont leurs croyances... Il a erré de par le monde, survivant d'expédients... Jusqu'à ce qu'elle tomba sur lui.
    Elle sourit au géant occupé à terminer son repas.
    Cela dit. Elle m'assura qu'il savait parfaitement qu'elle l'entraînait dans des affaires plutôt louches. Elle tenta de faire de l'humour en disant qu'ils n'étaient pas d'honnêtes travailleurs ! Mais Keltset était comme un enfant trop longtemps maltraité pour respecter encore qui que ce soit... Quand la vie a été aussi moche, comment garder son sens moral ? Son entourage ne lui avait jamais manifesté de considération. »

    ♠️ Physique
    → Ana

    « Une ombre noire se détacha des buissons et enveloppa la sentinelle qui disparut aussitôt. Incrédule, je battis des paupières... Là où se tenait la sentinelle quelques secondes plus tôt, il n'y avait plus rien !
    Je retins mon souffle. Les derniers lambeaux d'obscurité disparaissaient rapidement, chassés par le globe doré qui émergeait des lointaines collines de l'est...
    Il y eut un bruit, sur ma gauche et je me tournai vivement. D'un bosquet émergea l'être le plus étrange que je n'eus jamais vu, vêtu de pied et de cap de noir. D'emblée, je pensai que c'était ma compagne à cause de sa tenue noire qu'il l'avait vu porter un jour. Mais je m'aperçus rapidement de mon erreur. L'inconnue n'avait rien de commun avec mon amie. Sa taille, son allure, sa démarche... Tout était différent, je ne distinguai pas encore ses traits. La femme tenait un couteau de chasse et un étrange objet crochu.
    Elle s'avança vers moi et se glissa derrière moi. Le couteau coupa les liens de cuir aussi facilement que du beurre. Puis l'autre main de sa sauveuse passa devant mon visage, dont mes yeux s'arrondirent de stupéfaction... En fait de « main gauche », il s'agissait d'un impressionnant crochet d'or. »

    « Je la dévisageai en la voyant arriver près de moi, la bourse dans la paume de sa main. Je me demandai qui était cette bienfaitrice tombée du ciel. A la façon dont elle pavoisait, une chose était sûre : elle avait une sacrée dose de confiance en elle, probablement justifiée par ses capacités de combattante. Son visage tanné avait des traits d'une grande finesse, à l'exception d'une cicatrice lui barrant la figure d'un bout à l'autre. D'un âge indéfinissable, elle avait des manières de jeune fille, mais un regard trop pensif et un visage trop marqué. A seconde vue, la vingtaine devait être pour elle un lointain souvenir, car sa chevelure paraissait striée de gris. Difficile à dire dans la lumière incertaine de l'aube, peut-être n'en avait-elle pas. Elle avait un visage fin, des traits marqués et une grande bouche au pli amical. En somme, une allure avenante...
    Mais je devinai que ce masque, soigneusement étudié pour inspirer la sympathie, cachait la véritable nature de la femme.
    L'inconnue me toisait, attendant de voir quelle attitude elle adopterait. Je la remerciai, mais elle me répliqua que ce n'était rien, rien du tout ! Que secourir les gens n'était pas exactement leur travail, mais que ces petits démons m'auraient coupé en morceaux pour le plaisir. Elle m'informa qu'elle venait aussi de South Blue, même si elle n'y était pas retourné depuis un moment, mais que c'était tout de même sa terre natale. Elle affirma que j'en venais aussi, qu'elle le voyait, va savoir comment elle s'y était prise. »
    → Keltset
    « Elle poussa un cri aigu quand la deuxième vague se jeta sur elle. De l'autre côté du camp, une silhouette noire apparut et se jeta sur les chasseurs de primes, les éparpillant à grand coups de massue comme des feuilles mortes qu'on balaie... En moins d'une minute, tous mordirent la poussière. Allant de surprise en surprise, je vis l'énorme créature approcher de son sauveur à la manière d'un chien fidèle avide de l'approbation et de l'affection de sa maîtresse. »

    « Piqué au vif, j'examinai de plus près Keltset, penché au-dessus des guerriers pour s'assurer de n'avoir rien laissé dans les vêtements et les paquetages. Globalement, Keltset avait une forme humaine. Il portait des braies coupées aux genoux et une tunique tenue à la taille par une ceinture verte. A son cou et à ses poignets brillaient des cercles de métal protecteur. Sa seule différence avec le genre humain, outre sa taille imposante, était sa peau qui évoquait une écorce rugueuse. La couleur rappelait celle de la viande bien cuite - sans être tout à fait calcinée. Son visage sombre était assez ordinaire, ormis son front saillant et ses yeux profondément enfoncés dans leurs orbites. S'il avait des pieds également ordinaires, ses mains, dépourvus d'auriculaires, comptaient un pouce et trois doigts presque aussi larges que mes poignets. »

    « Elle partit rejoindre Keltset, qui l'attendait près d'une pile d'armes, de vêtements et d'objets de valeur récupérés sur les cadavres. La silhouette du grand humain à la face de troll faisait paraître petite sa compagne, pourtant de grande taille. Avec sa peau épaisse et sombre, on aurait dit un arbre tordu sous lequel l'humaine venait de s'abriter.
    Les deux complices dialoguèrent un moment, Ana parlait à voix basse et son ami répondant par des signes ou des hochements de tête. »


    Dernière édition par Selyn le Dim 18 Avr 2010 - 20:58, édité 29 fois
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    Ana Jézabel → Achevée Empty
    MessageSujet: Re: Ana Jézabel → Achevée   Ana Jézabel → Achevée EmptyDim 4 Avr 2010 - 7:54

    ♠ Histoire
    ]« Le groupe de chasseurs de prime me poussa vers le nord de l'île jusqu'au coucher du soleil. J'étais déjà épuisé au début de la marche. Quand le groupe s'arrêta enfin pour la nuit, je m'endormis avant que les hommes finissent de lui ligoter les jambes. Leur journée de marche les avait conduits de la rivière sans nom vers le nord, dans une région de collines, à l'ouest d'une forêt dense. Le chemin devenait difficile : le groupe était passé de la marche d'ascension et changeait sans cesse de direction pour éviter les plus hautes collines.
    C'était un pays splendide aux étendues verdoyantes semées de taillis et de bosquets dont les branches ondulaient avec grâce sous les zéphyrs du printemps. Mais cette beautée ne m'impressionnait pas, qui parvenait à peine à se concentrer sur la nécessité de mettre un pied devant l'autre. Les hommes le poussaient impitoyablement à avancer, lui refusant la moindre pause.
    A la nuit tombée, la colonne s'était enfoncée très en avant dans la région de collines. Si j'avais eu la possibilité de consulter une carte, j'aurais découvert que le camp avait été dressé à l'est d'une grande ville. Mais le sommeil l'emporta si vite qu'il se souvient seulement de s'être effondré sur l'herbe.
    Les hommes l'attachèrent comme la veille, puis préparèrent un feu pour cuire leur repas. Un soldat monta la garde... par la force de l'habitude. Dans leur pays natal, ils étaient assurés de leur sécurité. Un deuxième homme fut chargé de surveiller le prisonnier endormi.
    Autour du feu, les hommes mangèrent du pain et de la viande séchée puis se réunirent et examinèrent les pierres précieuses subtilisées à ma personne que le chef, sur leur insistance, avait sorties de la bourse de cuir. Leurs visages fripés se penchèrent vers le feu, fixant la main tendue de leur chef où brillaient les pierres.
    L'un d'eux voulut en toucher une. Un coup de poing de son supérieur l'envoya bouler dans les ombres. Le chef, lui, manipula les pierres tout son content, les faisant rouler au creux de sa paume sous le regard fasciné des guerriers.
    A la fin, ils se lassèrent, et les pierres retournèrent dans leur bourse, sous la tunique du chef. Ils ouvrirent une outre de bière, histoire d'oublier le froid et de se réconforter. Les petits guerriers rirent et plaisantèrent tard dans la nuit. La sentinelle revint au camp, consciente que sa surveillance était sans objet. Leur bière terminée, les guerriers s'allongèrent, enveloppés dans leurs couvertures installées en cercle autour du feu. La sentinelle eut la présence d'esprit d'en jeter une sur le prisonnier endormir, car l'amener délirant de fièvre aurait eu peu d'intérêt. Le silence tomba sur le campement, tout le monde s'étant endormi, à part la sentinelle qui resta à son poste dans la pénombre.
    Je me réveillais en sursaut. L'aube aux doigts rosés pointait. Les mains et les pieds engourdis par les liens de cuir, je jetai des regards anxieux autour de moi.
    Les chasseurs de prime dormaient encore à poings fermés. Les collines étaient si tranquille que j'entendais ma propre respiration. D'un côté du campement, je vis la sentinelle. Sa silhouette minuscule projetait une petite ombre à la lisière de la clairière, si indistincte, dans la brume que je me demandai d'abord si elle ne faisait pas plutôt partie des broussailles... Appuyé sur un coude, je chassai les dernières miasmes de son sommeil troublé. Je tentai de dénouer mes liens. Mais je dus vite m'avouer vaincu. Ils étaient trop serrés pour que je puisse m'en dégager. Tête basse, découragé, je pensai que j'étais perdu.
    A la prochaine ville, les chasseurs de primes me livreraient pieds et poings liés au gouvernement mondial. Et c'en serait fini de moi.
    Soudain, je crus entendre un frémissement insolite, au-delà de la clairière. L'oreille tendue, je relevai ses yeux perçants pour étudier le camp et les hommes endormis.
    Il me fallut plusieurs minutes pour localiser la sentinelle solitaire, à la lisière des broussailles.
    Une ombre noire se détacha des buissons et enveloppa la sentinelle qui disparut aussitôt. Incrédule, je battis des paupières... Là où se tenait la sentinelle quelques secondes plus tôt, il n'y avait plus rien !
    Je retins mon souffle. Les derniers lambeaux d'obscurité disparaissaient rapidement, chassés par le globe doré qui émergeait des lointaines collines de l'est...
    Il y eut un bruit, sur ma gauche et je me tournai vivement. D'un bosquet émergea l'être le plus étrange que je n'eus jamais vu, vêtu de pied et de cap de noir. D'emblée, je pensai que c'était ma compagne à cause de sa tenue noire qu'il l'avait vu porter un jour. Mais je m'aperçus rapidement de mon erreur. L'inconnue n'avait rien de commun avec mon amie. Sa taille, son allure, sa démarche... Tout était différent, je ne distinguai pas encore ses traits. La femme tenait un couteau de chasse et un étrange objet crochu.
    Elle s'avança vers moi et se glissa derrière moi. Le couteau coupa les liens de cuir aussi facilement que du beurre. Puis l'autre main de sa sauveuse passa devant mon visage, dont mes yeux s'arrondirent de stupéfaction... En fait de « main gauche », il s'agissait d'un impressionnant crochet d'or.
    Elle m'ordonna de ne pas dire un mot, de ne pas regarder, de ne penser à rien, de filer vers les arbres à gauche et d'attendre là. Vite !
    J'obéis. Quelle que fut l'identité de sa sauveuse, à entendre sa voix et à voir sa main mutilée, mieux valait suivre ses instructions, au moins dans l'immédiat. Je courus dans les herbes hautes jusqu'au couvert des arbres. Là, j'attendis. Mais à ma grande surprise, la femme fit le tour du camp, comme si elle cherchait quelque chose.
    Le soleil, plus haut dans le ciel, éclaira mieux l'inconnue quand elle se pencha sur le chef des chasseurs de primes assoupi. Une main gantée se glissa avec précaution sous sa tunique et en ressortit avec la bourse de cuir des pierres précieuses. Réveillé en sursaut, le chef saisit le poignet de son ennemi et dégaina son épée de l'autre main avec l'intention de tuer la voleuse. Mais ma sauveuse était trop rapide pour être prise au dépourvu. Le grand crochet d'or bloqua le coup avec un claquement métallique, puis égorgea l'homme. La voleuse se releva d'un bond tandis que tout le camp se réveillait. Épée au poing, tous bondirent sur l'ennemie avant qu'elle ait eu le temps de disparaître. Elle fut contrainte d'affronter ses adversaires, son couteau de chasse à la main.
    Certain que c'en était fini de la femme, j'allais voler à son secours quand elle repoussa le premier assaut des guerriers comme s'il s'agissait d'une troupe de souris, laissant deux individus mortellement blessés...
    Elle poussa un cri aigu quand la deuxième vague se jeta sur elle. De l'autre côté du camp, une silhouette noire apparut et se jeta sur les chasseurs de primes, les éparpillant à grand coups de massue comme des feuilles mortes qu'on balaie... En moins d'une minute, tous mordirent la poussière. Allant de surprise en surprise, je vis l'énorme créature approcher de son sauveur à la manière d'un chien fidèle avide de l'approbation et de l'affection de sa maîtresse. L'inconnue parla doucement au géant puis me rejoignit pendant que son compagnon surveillait les chasseurs de primes.
    Je la dévisageai en la voyant arriver près de moi, la bourse dans la paume de sa main. Je me demandai qui était cette bienfaitrice tombée du ciel. A la façon dont elle pavoisait, une chose était sûre : elle avait une sacrée dose de confiance en elle, probablement justifiée par ses capacités de combattante. Son visage tanné avait des traits d'une grande finesse, à l'exception d'une cicatrice lui barrant la figure d'un bout à l'autre. D'un âge indéfinissable, elle avait des manières de jeune fille, mais un regard trop pensif et un visage trop marqué. A seconde vue, la vingtaine devait être pour elle un lointain souvenir, car sa chevelure paraissait striée de gris. Difficile à dire dans la lumière incertaine de l'aube, peut-être n'en avait-elle pas. Elle avait un visage fin, des traits marqués et une grande bouche au pli amical. En somme, une allure avenante...
    Mais je devinai que ce masque, soigneusement étudié pour inspirer la sympathie, cachait la véritable nature de la femme.
    L'inconnue me toisait, attendant de voir quelle attitude elle adopterait. Je la remerciai, mais elle me répliqua que ce n'était rien, rien du tout ! Que secourir les gens n'était pas exactement leur travail, mais que ces petits démons m'auraient coupé en morceaux pour le plaisir. Elle m'informa qu'elle venait aussi de South Blue, même si elle n'y était pas retourné depuis un moment, mais que c'était tout de même sa terre natale. Elle affirma que j'en venais aussi, qu'elle le voyait, va savoir comment elle s'y était prise.
    La femme s'interrompit. Un instant, je fus persuadé qu'elle savait qui j'étais. Étais-je tombé d'un piège dans un autre ? Je jetai un coup d'oeil à la créature qui surveillait les chasseurs de primes, histoire de s'assurer qu'elle n'était pas occuper à le prendre à revers.
    L'inconnue me demanda soudain qui j'étais et d'où je venais. Je lui révélai mon nom et ajoutai que j'étais bien originaire de South Blue. J'expliquai que j'explorais l'île où ces guerriers m'avaient surpris. Une version assez proche de la vérité pour que la femme y croie. Je n'étais pas disposé à me fier à des inconnus et à leur révéler la vérité tant qu'il n'apprendrait pas un peu plus sur eux. Il acheva son récit en précisant que les guerriers avaient décidé de le capturer.
    La femme le dévisagea, un sourire amusé sur les lèvres pendant qu'elle retournait la petite bourse entre ses doigts.
    Elle me répondit qu'elle doutait que je lui aie tout dit, mais qu'elle ne m'en blâmait pas. Elle me confia qu'à ma place, qu'elle passerait aussi certaines choses sous silence. Elle termina par dire que nous aurions le temps d'en reparler plus tard. Elle se présenta sous le nom de Ana.
    Elle tendit sa main intacte, que je serrai vigoureusement. Ana avait une poigne d'acier ; je grimaçai sous la pression. La femme sourit et me lâcha avant de désigner le géant, derrière elle. Elle indiqua qu'il se nommait Keltset, qui se trouvait être son compagnon depuis environ deux ans. Elle lui souffla qu'elle n'avait eu d'ami plus fidèle, même si elle aimerait parfois qu'il soit plus bavard ! Keltset était muet. Je demandai de quelle race il était, et elle ne voulut rien dire de précis. Il semblait qu'il ait vécu dans des montagnes jusqu'à que son peuple l'en exile. Elle et lui étaient tous les deux des bannis dans un monde cruel, mais elle se justifia avec esprit que la vie distribuait des cartes différentes à chacun, qu'ils n'avaient pas eu le choix... J'ajoutai qu'il paraissait être une créature sauvage, presque une bête. Ana m'avertit de prendre garde à ce que je disais. Il semblerait que Keltset n'aime pas ce genre de discours, il y est assez sensible pour écraser quiconque comme un moustique si on s'obstine. Elle s'énerva en affirmant que le problème est qu'on le voit comme un monstre sans commune mesure avec les humains... Naturellement, on se demande s'il est dangereux. Votre opinion est déjà faite : il tient plus de la bête qu'autre chose. Elle supposa que ses préjugés sont dus aux lacunes de mon éducation et à mon manque d'expérience. Elle me réprimanda et me dit que j'aurais dû voyager avec elle ces dernières années et alors j'aurais appris qu'un sourire amical ne cache pas toujours des dents acérées !
    Piqué au vif, j'examinai de plus près Keltseet, penché au-dessus des guerriers pour s'assurer de n'avoir rien laissé dans les vêtements et les paquetages. Globalement, Keltset avait une forme humaine. Il portait des braies coupées aux genoux et une tunique tenue à la taille par une ceinture verte. A son cou et à ses poignets brillaient des cercles de métal protecteur. Sa seule différence avec le genre humain, outre sa taille imposante, était sa peau qui évoquait une écorce rugueuse. La couleur rappelait celle de la viande bien cuite - sans être tout à fait calcinée. Son visage sombre était assez ordinaire, ormis son front saillant et ses yeux profondément enfoncés dans leurs orbites. S'il avait des pieds également ordinaires, ses mains, dépourvus d'auriculaires, comptaient un pouce et trois doigts presque aussi larges que mes poignets. Je chuchotai, de peur que Keltset m'entende, que je le trouvais pas très... domestiqué... Ana s'écria que c'était le parfait exemple d'une opinion sans fondement ! Parce que Keltset n'avait pas l'air civilisé ou très intelligent, on le considère comme un animal... Elle m'assura que c'était un être sensible qui éprouve les mêmes sentiments que nous autres humains. Être ce qu'il est là d'où il vient, est aussi banal, pourrait-on dire, qu'être un humain dans vos terres. Les humains sont les anomalies dans sa région du monde. J'examinai le faciès impassible de Keltset. Et j'en conçus une méfiance instinctive. Ces deux compères-là n'étaient pas d'innocents voyageurs passés dans le coin à point nommé pour voler secours par amour de l'humanité ! Ils avaient surveillé le camp avec soin. Puis ils avaient exterminé le groupe avec une efficacité impitoyable.
    Et même si le géant paraissait redoutable, Ana était deux plus dangereuse que lui ! Je reconnus qu'elle devait en savoir certainement plus que moi sur la question. Je l'avouai, car comme je venais de South Blue et que j'avais rarement voyagé hors leurs frontières, je n'étais pas familier des peuples de cette région. Je m'en excusai d'autant plus que je leur devais la vue à tous les deux et je leur assurai qu'ils avaient toute ma gratitude.
    La femme sourit de plaisir face à ce compliment. Elle m'invita à m'asseoir avec elle, en m'assurant que c'était inutile de la remercier, pendant que Keltset en terminait. Elle voulait connaître la raison de ma venue dans les parages. Cette contrée est très dangereuse, surtout pour ceux qui voyagent seuls... Elle me guida vers l'arbre le plus proche, et s'assit dos au tronc. Elle tenait toujours la bourse aux pierres précieuses. Selon moi, l'heure de soulever la question n'était pas encore venue. Avec un peu de chance, Ana me demanderait si elles m'appartenaient et elle lui restituerait. Une fois les pierres récupérées, je me hâterai de reprendre ma route. Mes compagnons devaient être à ma recherche. Par curiosité, je demandai pourquoi Keltset fouillait les chasseurs de prime. La femme au crochet m'expliqua qu'ils avaient peut-être sur eux une indication de l'endroit d'où ils venaient et où ils allaient. Ou de la nourriture, ce qui leur serait serait fort utile d'après ses dires. Ou encore, des objets de valeur...
    Elle me regarda, calculateur, puis leva la bourse et l'agita sous mes yeux... Je devinai que la femme se doutait depuis le début que les pierres lui appartenaient. Je devais agir rapidement. Je lançai que la bourse et les pierres étaient à moi. Ana, avec un sourire carnassier aux lèvres, rétorqua qu'elle n'avait pas vu mon nom dessus ! Elle voulut savoir comment je les avais obtenues... Je mentis en racontant qu'elles m'avaient été données par mon père, que je les avais depuis des années et que je les emmenais partout avec moi, que c'étaient des porte-bonheur, en quelque sorte et que quand les guerriers m'avaient capturé, ils m'avaient confisqué la bourse. Mais je lui répétai qu'elle m'appartenait.
    Ana ouvrit la bourse. La tenant avec son crochet de son autre bras, elle la vida au creux de sa paume, soupesa les gemmes et admira leur pureté.
    Elle se tourna de nouveau vers moi, un sourcil levé. Elle trancha que je disais peut-être la vérité... Mais que je pouvais aussi les avoir volées. Selon elle, « elles ont trop de valeurs pour être transportées partout comme de simples porte-bonheur ! » Elle décida de les garder jusqu'à qu'elle fut sûr que je fusse leur propriétaire légitime. Je m'écriai que je devais partir retrouver mes amis et qu'il n'était pas question que je restasse avec eux ! La femme se leva et glissa la bourse sous sa tunique. Elle me demanda où était le problème, puisqu'il suffisait que je lui dise où elle pourrait me joindre, et qu'elle m'apportera les pierres dès qu'elle en aurait le cœur net. Elle affirma qu'elle serait à South Blue dans quelques mois. Je me relevai d'un bond. Je criai qu'elle n'était qu'une « voleuse de grands chemins. »
    Ana éclata de rire. Elle se calma au bout d'un moment, des larmes coulant sur ses joues. Ébahi, je me demandai ce qu'il y avait de si drôle dans l'accusation que je venais de lancer. Même le géant, qui d'ailleurs n'en devait pas être totalement vu sa taille qui ne devait pas dépassé les trois mètres - s'était tourné vers eux, son visage toujours aussi inexpressif.
    Ana dit qu'elle admirait « ceux qui ont le courage de leurs opinions »et que « personne ne pourrait m'accuser de manquer de perspicacité! »
    J'allais répliquer vertement quand je me ravisai. Plusieurs questions se frayèrent un passage le long de sa pensée : que faisaient deux étranges compagnons dans cette région ? Pourquoi s'étaient-ils donnés la peine de me sauver ? A la réflexion, comment avaient-ils su qu'il était prisonnier des chasseurs de prime ? La vérité s'imposa soudain à lui. Une évidence si limpide aurait dû lui crever les yeux ! Je crachai qu'elle était « Ana, la courageuse sauveuse » et que ce n'était pas étonnant qu'elle trouva ma remarque si amusante, son ami et elle étaient bien des voleurs de grands chemins ; qu'ils voulaient s'emparer des pierres depuis le début ! Je fulminai en lui demandant jusqu'où elle était prête à aller pour...
    La femme me coupa la parole en brandissant son crochet d'or sous mon nez et m'avertit de surveiller mes paroles. Le visage déformé par la haine et les yeux étincelant de colère, elle eut un sourire mauvais. Elle m'apostropha en me priant à garder mon opinion pour moi et que elle, depuis sa naissance, personne ne lui avait jamais fait de cadeau. Elle me menaça en m'avertissant que celui qui lui reprendra un bien n'était pas encore né. Je reculai prudemment, effrayé d'avoir dépassé les bornes avec ces canailles. D'évidence, sauver un prisonnier leur avait paru secondaire, leur but étant de soutirer les pierres précieuses aux chasseurs de prime. Ana n'était pas une femme à prendre à la légère, et si je ne maîtrisai pas son indignation, je risquais de perdre la vie... La voleuse toisa sa victime d'un œil cruel, puis recula lentement, radouci.
    Sa suave amabilité reparut.
    Elle se lança dans une tirade durant laquelle elle fit quelques pas où elle élabora un raisonnement selon lequel Keltset et elle étaient des voyageurs de fortune comptant sur leur intelligence et leur ruse pour survivre qui pourtant n'étaient guère différents des autres, quand on y réfléchissait. Elle avoua que seules leurs méthodes pouvaient être critiquables. Mais ils méprisaient l'hypocrisie. Selon elle, d'une manière ou d'une autre, nous étions tous des voleurs ! Au moins, elle se vanta de ne pas avoir peur d'appeler un chat un chat !
    Souhaitant changer de sujet, je lui demandai par quel moyen elle avait déniché ce campement. Elle m'exposa clairement, son hostilité envolé, qu'ils avaient repéré le feu la nuit dernière, peu après le coucher du soleil et elle y avait vu ses petits camarades jouer avec les gemmes... Elle m'avait vu aussi, ficelé et prêt à être à livré à elle ne sait qui. Ana avait décidé d'appeler Keltset et de faire d'une pierre deux coups. Elle ne se priva pas de commenter qu'elle ne m'avait pas menti en disant qu'elle n'aimait pas voir un de ses compatriotes de South Blue entre les mains de ces démons...
    Je fis un signe d'assentiment, content de n'être plus prisonnier des guerriers. Pourtant... Étais-je vraiment mieux loti maintenant ?
    Ana ajouta qu'il fallait cesser de me tracasser, qu'ils ne me feront pas de mal. Elle voulait seulement les pierres. Elle lui souffla au creux de l'oreille qu'elles lui rapporteront gros et qu'ils avaient besoin d'argent. Elle lui signifia qu'il était libre de retourner d'où il venait.
    Elle partit rejoindre Keltset, qui l'attendait près d'une pile d'armes, de vêtements et d'objets de valeur récupérés sur les cadavres. La silhouette du grand humain à la face de troll faisait paraître petite sa compagne, pourtant de grande taille. Avec sa peau épaisse et sombre, on aurait dit un arbre tordu sous lequel l'humaine venait de s'abriter.
    Les deux complices dialoguèrent un moment, Ana parlait à voix basse et son ami répondant par des signes ou des hochements de tête. Puis Ana examina d'un œil exercé le tas de marchandises et en rejeta la plus grande partie.
    Je ne savais pas quoi faire. Sans ses pierres, je serais vulnérable aux représailles qui m'attendaient. J'avais perdu mes seuls compagnons qui auraient pu m'aider à récupérer mon bien. Venu de si loin, il me semblait impensable de rebrousser chemin maintenant - à supposer qu'il ait pu s'y risquer sans y perdre cent fois la vie, ce qui n'était pas le cas... Mais la compagnie avait besoin de lui. Il n'abandonnerait jamais ses compagnons, quels que soient les dangers !
    Ana regarda par-dessus son épaule. L'ancien prisonnier faisait-il mine de partir ? Surprise, elle constata que je n'avais pas bougé.
    Elle me héla pour savoir ce que j'attendais.
    J'hésitai.
    La voleuse me fit signe de les rejoindre.
    Elle me dit en souriant de venir manger avec eux, que c'était le moins qu'elle puisse pour moi avant que je ne reparte vers le sud.
    Un quart d'heure plus tard, installés autour d'un feu de camp, ils regardaient des tranches de bœuf séché se réchauffer en répandant un fumet alléchant. L'homme à face de troll muet était assis à mes côtés, les yeux rivés sur la viande. J'aurais aimé toucher sa peau épaisse si semblable à de l'écorce. Les traits de ce petit géant étaient d'une incroyable... neutralité... Même de près. Une parfaite immobilité de rocher sur lequel glissent les siècles.
    Me voyant étudier son compagnon (ce qui lui arracha un grand sourire), Ana posa une main amicale sur mon épaule et me fit sursauter.
    Elle m'assura qu'il ne mordait pas. Enfin, tant qu'on le nourrissait ! Elle s'indigna de ne cesser de me le répéter, mais je n'écoutais pas. C'était cela la jeunesse, selon elle. Libre comme l'air, et aucun respect pour les anciens ! Keltset était comme toi et n'importe qui, mais en plus grand et en plus silencieux. Elle confia que c'est ce qu'elle appréciait chez un partenaire. Il faisait son travail mieux que tous mes anciens collaborateurs. Et apparemment, elle avait travaillé avec pas mal de gens.
    Je demandai s'il faisait ce qu'elle lui disait.
    Elle me le confirma. Penchée sur moi, Ana leva son crochet, histoire de soulever sa remarque. Mais elle me prévint de ne pas m'y tromper, elle ne voulait pas dire que c'était une sorte d'animal... En cas de besoin, il était capable de réfléchir par lui-même. Elle avait noué avec lui des liens d'amitié quand tout le monde le traitait comme un pestiféré. Et elle insista bien sur tout le monde, sans exception ! A ma connaissance, personne n'égale sa force physique, à part peut-être de véritable géant ou homme-poisson. Il pourrait l'écraser sans peine. Mais elle me défia de deviner la suite, ce que je ne parvins évidement pas à réussir. Elle l'avait battu ! Et maintenant, il me suit partout !
    Elle s'interrompit pour juger de ma réaction, les yeux arrondis de satisfaction devant mon air stupéfait. Elle éclata de rire et se flanqua une grande claque sur le genou.
    Elle me décrivit qu'elle le battit en usant d'amitié, pas de force ! Elle l'avait respecté, traité en égal, et, pour sa peine, elle a gagné sa loyauté. Elle rigola, car elle voyait bien que elle m'avait surpris.
    Gloussant toujours, la voleuse récupéra les tranches de viande et tendit la broche où elles étaient piquées à Keltset, qui s'en empara de plusieurs et mâcha avec enthousiasme. Je me servis le deuxième, soudain conscient d'avoir l'estomac dans les talons. A quand avait remonté son dernier repas ? J'engloutis le bœuf.
    Ana hocha la tête, amusée, et m'offrit un deuxième morceau avant de se resservir lui-même. Les trois compagnons mangèrent en silence.
    Puis j'osai poser une autre question : je lui ai demandé ce qui l'a décidé à devenir une voleuse.
    Elle me répondit franchement qu'importent sa raison. Il n'y avait pas de mystère. Elle n'avait jamais été très doué pour gagner sa vie à la sueur de son front, comme les honnêtes gens. Elle était une enfant exubérante qui aimait l'aventure et les voyages. Et je détestais la routine ! Après avoir accidentellement perdu une main, trouver un travail qui lui permettait de vivre confortablement et d'obtenir ce qu'elle voulait devint encore plus difficile. A l'époque, elle vivait dans South Blue. Peu à peu, j'avais connu les pires embarras... Et ça ne s'était pas arrangé... A mon corps défendant, elle s'était retrouvée à sillonner les quatre océan en dévalisant les gens pour survivre. Le plus drôle, c'était qu'elle se jugeait très douée pour ça ! Une vraie petite génie... Et pas question de revenir sur le droit chemin, elle s'amusait trop ! Bref, cette vie lui plaisait ! Et voilà toute son histoire ! La richesse, ce n'était pas pour demain, mais qu'importe ! Elle avait tout son temps !
    J'insistai sur le fait qu'elle n'ait jamais envisagé un retour à son ancienne vie. (La bandit devait se mentir à elle-même, ça n'était pas possible !) Je lui demandai si elle n'avait jamais pensé à fonder un foyer et...
    Ana éclata d'un rire tonitruant. Elle me pria de lui passer le romantisme et me demanda si je voulais la faire pleurer et l'inciter à demander pardon en tombant sur ses vieux genoux fatigués.
    Sa nouvelle crise de fou rire attira l'attention de la face de troll qui l'observa un moment avant de revenir à son repas. Indigné, le rouge pris aux joues, je recommençai à mastiquer avec une belle énergie pour cacher mon embarras.
    Le rire moquer se transforma en gloussements avant de mourir. La voleuse secoua la tête et finit son morceau de viande. Puis, sans y être invité, elle continua son récit d'une voix plus calme.
    Elle lui apprit que l'histoire de Keltset était différente de la sienne. Elle n'avait aucune raison de choisir ce mode de vie. Lui, en revanche, avait les meilleures motivations du monde ! Il était muet de naissance et son peuple n'aimaient pas les handicapés. (Quelle bonne blague, non ?) Bref, ces aimables congénères lui avaient rendu la vie difficile en l'accablant de leurs railleries imbéciles et en le battant pour un oui ou pour un non. Il était pratique de se défouler ainsi quand on piquait une colère ! Pourtant, il ne s'était jamais dressé contre ses bourreaux. Pourquoi ? Il n'avait qu'eux au monde, voilà pourquoi ! (Poignant, non ?)
    Puis, il avait grandi et devant sa force phénoménale, les autres avaient commencé à avoir peur de lui... Un soir, des adolescents turbulents se mirent en tête de le blesser assez pour qu'il prenne la fuite. Et s'il en mourrait, bon débarras ! Mais ça n'avait pas marché comme ils l'espéraient. Cette fois, ces brutes avaient été trop loin. Furieux, il avait tué trois de ces agresseurs. En conséquence, il avait été chassé de son village. et un être issue de cette tribu ne trouvera jamais de foyer hors de sa tribu, ainsi sont leurs croyances... Il a erré de par le monde, survivant d'expédients... Jusqu'à ce qu'elle tomba sur lui.
    Elle sourit au géant occupé à terminer son repas.Cela dit. Elle m'assura qu'il savait parfaitement qu'elle l'entraînait dans des affaires plutôt louches. Elle tenta de faire de l'humour en disant qu'ils n'étaient pas d'honnêtes travailleurs ! Mais Keltset était comme un enfant trop longtemps maltraité pour respecter encore qui que ce soit... Quand la vie a été aussi moche, comment garder son sens moral ? Son entourage ne lui avait jamais manifesté de considération.
    Elle retourna à son repas et mâcha son morceau de bœuf, l'air absente et les yeux rivés sur les braises qu'elle tisonnait de temps en temps du bout de sa botte.
    Je ne posai plus de questions. Je me demandai toujours comment récupérer les pierres précieuses. Et j'aurais donné cher pour savoir ce que devenait la compagnie.
    Où étaient ses amis ?
    Le repas terminé, la voleuse se leva et éparpilla les cendres d'un coup de botte. La face de troll se leva aussi et attendit patiemment que son amie décide de la suite. Je me mis debout le dernier. Ana ramassa quelques objets et des armes et les fourra dans un sac qu'elle tendit à Keltset. Puis elle se tourna vers moi.
    Ana m'adressa ce qui furent ses dernières paroles où elle se dit ravie de m'avoir rencontré et qu'elle me souhaitait bonne chance. Elle m'expliqua que grâce aux gemmes, elle pensera souvent à moi, même si c'était dommage pour moi, elle en convenait, mais au moins, il fallait voir le bon côté des choses : j'avais la vie sauve. Grâce à elle ! Elle me conseilla de considérer la cession des pierres comme un dédommagement. Cela me consolera peut-être. Elle termina en me recommandant de prendre soin de rester à découvert.
    Ana se détourna et fit signe à Keltset de le suivre.
    Elle avait fait quelques pas quand elle jeta un dernier coup d'oeil par-dessus son épaule. Keltset m'assena un violent coup de sa massue. C'en était fini de moi... »


    Dernière édition par Selyn le Dim 18 Avr 2010 - 20:56, édité 6 fois
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    MessageSujet: Re: Ana Jézabel → Achevée   Ana Jézabel → Achevée EmptyDim 4 Avr 2010 - 11:18

    Pour ma part, je traiterai cette présentation seulement une fois que Cox aura changé de groupe en RP. Pour le PNJ, je pense qu'on pourra faire une exception.
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    MessageSujet: Re: Ana Jézabel → Achevée   Ana Jézabel → Achevée EmptyLun 5 Avr 2010 - 16:16

    De même, en attendant le changement de groupe de Cox.



    Sinon, la prez vaut un bon fruit, tu n'en veux pas. Je suis plutôt pour te donner un PNJ à la place.
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    MessageSujet: Re: Ana Jézabel → Achevée   Ana Jézabel → Achevée EmptyDim 18 Avr 2010 - 20:59

    Je change le personnage. Serait-il possible, après validation ou avant, de modifier le nom ? Merci. = )
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    MessageSujet: Re: Ana Jézabel → Achevée   Ana Jézabel → Achevée EmptyMar 20 Avr 2010 - 11:36

    Première validation !
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    MessageSujet: Re: Ana Jézabel → Achevée   Ana Jézabel → Achevée EmptyMer 21 Avr 2010 - 13:56

    Je t'en remercie Tar. = )
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    MessageSujet: Re: Ana Jézabel → Achevée   Ana Jézabel → Achevée EmptyMer 21 Avr 2010 - 17:17

    Seconde validation
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