Seth-Youss le Forain. [En cours]

« Patate de forain! »
Ce furent-là les premières paroles qu’il fut donné au jeune Seth, encore un nourrisson, d’entendre. Ces paroles peu communes émanaient de la bouche de son père, un éminent gitan forain dont la réputation du stand de pêche aux canards en plastique n’était plus à faire! Cette phrase, il avait du l’entendre encore plus de fois que le traditionnel « Amène moi d’la picole la gueuse! » et sans doute possible bien plus de fois que l’incontournable « Papa » ou « Maman » que les parents de base tentent d’inculquer à leur marmot.
Ledit marmot était donc prédestiné à devenir, tout comme ses charmants géniteur, un de ces forain complètement ahuri, la figure, autrefois très belle, déformée par divers coup de poings de collègues et le ventre gonflé par des alcools dont le degré ne devait avoir d’équivalent que le nombre de gens couillonnés par la foire ambulante. Pour ainsi dire, un avenir très brillant, radieux même, s’offrait au jeune Seth, nommé ainsi en l’honneur du roi des gitans.
Rien ne le faisait sortir du lot d’aucune façon, lui aussi se passionna très jeune pour les combats à mains nues avec d’autres bambins, se faisant recoller des dents à peine apparues un nombre incalculable de fois. Dans sa famille, personne n’était passionné de piraterie, et le seul possesseur d’un quelconque fruit du démon était le vieux Rebben, qui avait le pouvoir, ô combien incroyable, de créer de la colle forte à profusion, rien de bien impressionnant! Ce vieillard était le plus sage et paradoxalement le plus ahuri de tous les gitans, admiré pour avoir participé à moult batailles, on disait d’ailleurs qu’il avait perdu plus de 10 fois chacune de ses dents en combats, et qu’il avait recollé ces dernières à l’aide de son pouvoir inestimable!
L’autre figure emblématique du campement de nomades était Vander, un étranger venu des côtes lointaines, il avait amené avec lui un breuvage divin, la bière, et avait su se rendre indispensable dans la vie quotidienne des forains. Ils voyaient en lui un personnage envoyé par les dieux eux-mêmes pour leur conférer une boisson à la fois alcoolisée et désaltérante. Tout cela pour dire que Seth se prédestinait lui-même à devenir soit un maitre « bièreur » ou un bagarreur abruti, comme bien d’autres jeunes gens de son camp!

Dans l’île reculée de North Blue où était né Seth, on ne connaissait encore que les petites barques, qui servaient aux marchands venu des terres environnantes à commercer. L’île en elle-même était assez grande et divisée en une vingtaine de comtés qui comportaient chacun deux villages, pour ainsi dire il était facile de disparaitre un temps pour le campement. En de rares occasions la troupe se rendait au port de pêche pour racheter diverses denrées qui manquaient à cause des pénuries et finissait par rentrer sans trop s’attarder.
Un jour que Vander, commerçant attitré du groupe de forains, car il maitrisait un art ancestral complexe dénommé « discussion » (sorte de sport ridicule où l’on ne met pas de coup de poing) tomba malade, rien de bien grave, mais suffisant pour clouer le brave bièreur au lit… Il fallut donc chercher dans le lot la personne qui « cognait le moins souvent » car c’était la définition qu’avait donné Vander de la « discussion ». Il s’avéra que cet homme était le père de Seth, qui décida d’aller avec son fils en ville chercher moult provisions.
Mais alors que le duo, composé du père d’une trentaine d’années et du fils qui entrait dans ses dix ans, arrivait en ville, tous deux constatèrent l’absence totale de populace, il ne comprirent guère et décidèrent de se rendre au port, qui était situé à coté de la place du village. Une fois sur place, Seth et son paternel virent l’ampleur de la situation : un gigantesque navire avait, tant bien que mal, jeté l’ancre dans le port à barques de Bayol. Les pirates qui en étaient sorti avaient réuni toute la ville sur la place et avaient, sans violence, convaincu les habitants de donner tous leurs objets de valeur.
Malgré qu’il fut impressionné, Seth n’avait que faire de tout ce cinéma, jusqu’à ce qu’une violente altercation éclate après qu’un civil aie menacé le chef de l’équipage pirate. Le charismatique marin envoya un terrible coup de poing au « héros » qui perdit quatre dents en une seule fois. Jamais, non, jamais le jeune forain n’avait vu pareille puissance, et il pensa aux nombre de dents qu’il pourrait casser avec une telle force…

Il s’était trouvé une idole, et tandis que le pauvre homme qui avait osé défier les mercenaires de l’océan prenait une sévère correction, le jeune gitan ne pensait qu’à devenir un de ces grands gaillards. Il ne lui fallut pas plus d’une minute pour comprendre qu’il n’atteindrait jamais ce niveau en restant au camp, où le plus puissant des hommes était un vieillard nommé Rebben. L’incident finit sans mort et ainsi Youssey, le père du jeune pirate en herbe, pu rentrer au village, n’ayant malgré tout pas pu acheter quoi que ce soit en raison de la panique.
Les années passèrent tandis que le jeune gitan s’informait tant bien que mal, chaque fois qu’il se rendait au port d’une ville, sur les pirates et leur mode de vie. A dire vrai, il n’était pas tellement intéressé, il n’avait jamais trouvé d’intérêt quelconque aux pillages et ne souhaitait pas vraiment finir pendu, il avait néanmoins entendu dire que par delà les mers se trouvait un endroit, une mer en apparence déserte, où vivaient les pires créatures qui soient. Il avait également entendu dire que seuls les Marines, ces marins qu’il n’avait jamais vu sur l’île, pouvaient s’y rendre…
Dès lors il se renseigna sur ces fameux gardiens de la paix et des océans, apprenant qu’ils pouvaient voguer et régner impunément sur les mers, la force de leurs leader n’ayant pas son pareil. Il fut convaincu, dans cette branche là au moins, il n’y avait pas de potence mais bel et bien la gloire! Dès qu’il fut en âge de reprendre le stand de pêche aux canards en plastique de son père, le forain fit une annonce qui bouleversa tout le campement : Il allait s’engager dans la Marine…

Il est inutile de préciser que tous s’y opposèrent, mais il était clairement déterminé et sa famille ainsi que tout le clan dû bien consentir à accorder au jeune homme une sa bénédiction. Il prit donc une barque dans le porte de la ville la plus proche et se rendit sur l’île voisine, située à près de dix kilomètres seulement à coté de la sienne. Et dès qu’il fut arrivé, Seth fut contraint de chercher à travers toute l’énorme ville le centre de recrutement. Une fois qu’il y fut parvenu, le gitan se trouva à signer de nombreux papiers qui demandaient des informations sans aucun sens ni rapport avec son futur métier, puis en moins d’une heure il se retrouva engagé, partant demain pour le centre d’entrainement de North Blue…
Le lendemain, le jeune homme, qui avait dormi dans un hôtel, se réveilla pour se rendre immédiatement au port où l’attendait un bateau gigantesque. On lui expliqua que cet ouvrage hallucinant avait pour objet d’amener les futurs soldats sur leur lieu secret d’entrainement, il ne répondit rien et se contenta de monter, le cœur emplit de joie à l’idée de devenir aussi puissant que ce pirate qu’il avait vu.
Le navire parti immédiatement en direction d’une île lointaine dont les coordonnées n’étaient connues que des Marines les plus haut gradés de l’équipage. Toute la traversée se passa sans la moindre embuche, l’édifice de bois comme port tout seul par les flots de l’eau au bleu azuré. Jamais le forain n’avait pu avoir la preuve d’une si grande volonté à dompter les mers, tout l’équipage semblait déterminé, le travail était minutieux, chaque geste d’une précision absolue. Ces hommes n’étaient pas seulement des combattants formidables, mais aussi des ingénieurs capables de dompter les mers. Ce fut à cette pensée que Seth prit peur, comprenant ce qui allait se passer pour la suite du voyage, saisissant la difficulté de l’apprentissage qu’il allait devoir mener…
La bateau arriva deux jours après son départ, alors que le soleil ambré se couchait sur la mer nord, reflétant sa couleur sublime sur un océan qui semblait briller de mille feux. Le gitan n’avait jamais encore observé un tel spectacle, il prenait enfin conscience de l’immensité des choses qu’il ne connaissait pas, mais cela n’était pas pour lui plaire.
À l’arrivée, on lui donna une épée de simple métal, dénuée de tout tranchant, et trop légère pour réellement faire mal. Il était venu en ces lieux avec une cinquantaine d’autres recrues, toutes différentes les unes des autres; certains venaient pour racheter leur honneur, d’autres y étaient forcés, quelques-uns venaient même pour encaisser assez d’argent afin de vivre paisiblement.
Perdu dans la pensée unique, que peut-être sa vie ne serait plus jamais la même, le forain jeta un regard en arrière, puis le laissa dévier sur sa nouvelle arme d’entrainement…

S’ensuivirent des années d’entrainement, peut-être bien cinq, ou alors six, il ne savait plus, il avait arrêté de faire des petites croix depuis qu’on ne le laissait plus dormir que deux misérables petites heures par nuit. C’était, apparemment, pour préparer les soldats en cas d’attaque, mais le simple soldat qu’était Seth avait bien compris la vérité. C’était là une autre tentative de briser la volonté des recrues, le dernier rempart qui faisait d’eux des êtres humains, leur libre arbitre.
Oui, le brun était le dernier de sa « promotion » à être encore au centre d’entrainement, le dernier à avoir gardé un minimum de logique, les autres étaient tous devenus des pantins dénués de logique qui ne vivaient que pour suivre aveuglement les ordres. Il ne savait plus combien de nouvelles recrues arrivaient chaque jour, mais il avait pris conscience, depuis longtemps, que, si il avait trouvé la force en arrivant ici, il avait perdu la liberté… Si la puissance de la Marine égalait le nombre de personnes qui devenaient des pions en ces lieux, alors pas de soucis, jamais personne n’aurait raison du gouvernement.
Seth ne pensait plus qu’à partir, il avait essayé tous les recours administratifs en vain, entre les refus, les absences de réponses et les réponses moqueuses, il ne songeait plus qu’à une chose : la désertion. Mais comment pouvait-il bien faire? Il n’avait aucune expérience des navires, il était un simple tacticien sur le navire, il ne connaissait rien à part la vitesse probable d’un navire et la capacité de tir. De plus il y avait bien deux jours de trajet, même pour les marins les plus expérimentés, il lui fallait trouver une solution au plus vite…
L’île s’organisait de telle sorte à ce qu’une jungle infestée de créatures aussi répugnantes que dangereuses entoure les baraquements, qui eux même entouraient une aire d’entrainement dallée. Alors, à cette pensée, un véritable flash prit l’homme : où habitaient donc les tuteurs? Il n’y avait que des baraquements de simples soldats, et pas de grande maison luxueuse pour les officiers…
En de rares occasion, Seth s’était rendu dans la jungle, toujours dans le cadre de missions d’entrainement, cela l’avait formé et il saurait se repérer dedans, mais comment trouver l’emplacement exact d’une éventuelle maison cachée? D’un éventuel port secret? Il lui faudrait soutirer ces informations à un des tuteurs d’une manière ou d’une autre.
Il fallut au jeune homme des mois de préparation pour trouver un plan, il attendit la tombée du soir et se jeta sur un des rares tuteurs à être partis en retard. Rapidement et avec un savoir-faire exemplaire, il emmena l’homme jusque dans la jungle et l’y interrogea, ses méthodes de torture, enseignées par ce même homme qu’il venait d’attraper, se révélèrent inutiles. Seth fut contraint d’abattre le Marine en lui logeant une balle de sa propre arme dans le crane. Malgré tout il récupéra sur le corps une clé ainsi qu’une insigne de tuteur.

Sachant pertinemment qu’il ne faudrait pas longtemps pour que l’on aperçoive la disparition du tuteur et enfin que l’on retrouve son corps, le forain jugea bon de commencer sa fuite immédiatement. Il parti de la simple logique qu’en s’enfonçant toujours absolument droit dans la forêt, il arriverait finalement au niveau de la mer. C’était là un plan basique et plutôt bête, mais le seul qu’il avait en tête, pas le choix donc. Il couru aussi vite qu’il pouvait, s’arrêtant uniquement à la tombée de la nuit, il marqua le sol pour savoir dans quelle direction courir. Enfin, il arracha quelques grandes feuilles et se coucha dessus, ayant été habitué à ne dormir que deux heures, il n’aurait pas grand-chose à craindre pour ce qui était d’avoir de l’avance.
Il se réveilla peu de temps après ce qu’il avait prévu et reprit immédiatement sa course, alors que la nuit était encore noire, il courait toujours tout droit, ses vêtements salis par la boue du sol, il avait l’air d’un véritable évadé. Puis, d’un seul coup, il ne sentit plus rien sous ses pieds, et il tomba, roulant sur les roches aiguisées de la côte, s’effondrant pour tomber dans les eaux salées de la mer, inconscient…

Son réveil fut terrible… Il avait été repêché par les services de garde de l’île et ramené dans le baraquement médical. Lorsqu’il ouvrit ses yeux, il cru vouloir crier de rage, il tenta, sans dire un mot, de se relever, mais ses pieds et poignets étaient liés à un genre de table. Il poussa alors un véritable rugissement et tenta de nouveau de briser le métal, mais rien n’y fit. On lui expliqua alors que sa tentative de désertion et le meurtre d’un Caporal allaient le conduire à la potence, qu’il serait exécuté le soir même sur une île voisine.
Malgré tout, Seth gardait espoir, il trouverait forcément un moyen de s’enfuir. La Marine n’ayant pas de navire convenable à disposition, elle le chargea sur un bateau de livraison, le laissant attaché à cette table. Il dormait quand une véritable détonation vint le réveiller, puis il n’entendit que des bruits d’épées s’entrechoquant, avant d’apercevoir la lueur du soleil éclairer la cale et son visage. Plusieurs pirates appelèrent leur capitaine qui vint se placer devant le détenu. Il lui demanda les raisons pour lesquelles il était détenu ici, Seth répondit et accepta la proposition alors faite par le chef du vaisseau pirate de devenir soldat sous son pavillon.
La situation aurait pu avoir un dénouement plus heureux que la mort de pauvres commerçant et le pillage de marchandises, certes, mais le forain n’y pensait pas, il était juste heureux de pouvoir vivre un peu plus longtemps.

Deux années passèrent, cet équipage était certes très sympathique, et Seth avait gagné la place de quatrième homme du navire, mais la sauvagerie de cette équipe avait fait de lui un homme sans cœur, il s’en rendait compte et se dégoutait. Il fallait trouver un moyen de quitter cet endroit, il n’était pas aussi libre qu’il l’avait pensé…
Dès qu’ils mettraient pied à terre, il s’enfuirait, c’était là son plan ultime, il n’avait pas réellement d’autre idée en tête, ce serait ça ou rester à jamais dans cet équipage. Il s’enfuit donc dès qu’il fut arrivé sur l’île des forbans de North blue, il déroba un petit navire de transport et disparu de l’île avec, décidé à se rendre sur une terre lointaine pour y vivre tranquillement.
Une fois arrivé sur une plage qui paraissait aussi déserte que le lieu entier, l’homme se décida à détruire son embarcation pour ne pas être tenté de partir un jour, mais ce fut au bout d’une semaine de vie en ce lieu paradisiaque qu’il découvrit que l’endroit était habité.
Une tribu habitait les lieux, à peine assez grande pour former l’équivalent d’un petit village, le pirate fut convié à vivre avec ces bons sauvages. Malgré leur hospitalité, il n’avait pas particulièrement d’amitié à leur témoigner, il n’avait que faire d’eux, il souhaitait rester seul et ils dérangeaient sa quiétude. Après quelques mois passés en compagnie de ce clan de sauvages, l’ancien quatrième d’équipage décida de s’en retourner sur l’île des pirates, retrouver les seules personnes pour qui il n’éprouvait pas que de la haine.
Il lui fallut reconstruire un navire, il le fit avec l’aide des sauvages, qui lui offrirent, avant son départ, un de leurs fruits sacrés, ramené par les courants de la mer sur leurs côtes des décennies auparavant. Seth accepta donc ce présent parfaitement ridicule et s’en alla sur la barque de fortune qu‘il avait bati.

Il mit deux jours à arriver sur l’île la plus proche, et cela au prix d’efforts gigantesques, sur place, il apprit que les Marines avaient récemment lancé une chasse aux pirates qui sillonnaient North Blue, ces derniers ayant tous trop fait parler d’eux. Qui plus est, d’importantes cargaison contenant de nombreuses armes avaient été dérobées et il fallait absolument les récupérer.
Le forain savait que son équipage devait courir un grand danger, ils n’étaient pas excessivement renommés pour leur force, mais peu de régiments pouvaient se targuer d’avoir volé autant à l’état. L’amalgame était d’ailleurs souvent fait entre eux et les groupuscules révolutionnaires tant l’équipage de « L’hydra » semblait s’acharner sur la Marine. En effet, il fallut seulement deux heures de recherches au pirate pour découvrir que son équipage était actuellement l’un des plus ardemment traqués. Son angoisse commença à monter, il n’avait pas la force de les aider à affronter la puissance des Marines…
Néanmoins il se devait d’agir, il avait lui-même des comptes à régler avec l’état et ne pouvait se permettre d’abandonner ses anciens camarades. Le gitan comprit qu’il devait se hâter, il s’informa sur la dernière localisation connue du bateau aux voiles vertes et déroba un navire d’interception pour filer rejoindre l’île des pirates.

Il lui fallut un peu moins d’une journée pour arriver, il n’avait plus beaucoup d’espoir de trouver son équipage sur place, mais il devait être sûr. Dès qu’il fut arrivé à bon port, Seth se mit donc à la recherche des lieux de rassemblements, mais l’état avait fait en ces mêmes lieux une véritable razzia, la ville semblait parfaitement déserte. L’atmosphère était lourde, il ne devait plus y avoir grand monde ici, pas la peine de s’éterniser, le gitan décida donc de s’en aller sur une île lointaine que les pirates avaient définis comme étant leur repère.
Le trajet fut long et fastidieux, d’autant plus que le navire d’interception, si il était plus petit et donc plus rapide, était plus facilement emporté par les flots. Effectivement les courants aux abords de l’antre du pavillon vert étaient des plus puissants, mais cela n’était pas pour impressionner le meneur d’homme, qui termina le voyage en escaladant les côtes après que son vaisseau se soi fracassé contre les récifs. Il arriva malheureusement trop tard, ou alors juste à temps pour contempler une véritable pile de cadavres en décomposition, aucun doute, c’était bien là l’œuvre des Marines, il ne savait pas quoi dire, quoi faire.

Vérifiant que les chiens de l’état avaient quitté les lieux, il s’assit, sous le choc, pour réfléchir au futur. Il ne savait plus quoi faire, sa vie n’avait plus de sens, il fallait bien qu’il ait un but. Mais pour lui, la piraterie s’arrêtait ici, que faire après tout? Il n’était plus qu’un marin sans équipage, il n’y avait plus rien qui le gardait sur cette île, et il n’avait plus rien à manger désormais, hormis les baies empoisonnées que renfermait l’antre…
Le navire de l’équipage avait sûrement été réquisitionné après leur massacre, il fallait qu’il trouve un moyen de manger et aussi un moyen de s’en aller. Mais sa faim le tiraillait plus que le désir de survie, il se rappela alors de son seul repas convenable en possession : L’étrange fruit que lui avaient offert les sauvages. Il le tira du boitier accroché à sa taille et mordit avidement dedans, la première bouchée lui laissa une sensation incroyable, il s’empressa donc de mordre une deuxième fois, mais le goût lui parut alors infect et il ne pu se retenir de cracher.
Enervé, il jeta négligemment la chose au sol et se décida à chercher un moyen de fuir l’endroit. Il rattacha son boitier à provisions à sa ceinture et se mit en chemin pour commencer à découper du bois. Dès qu’il fut rendu en face des grands arbres de la forêt qui bordait l’antre, il entreprit de commencer à les couper, mais ses coups d’épée n’étaient vraisemblablement pas assez puissants pour lui permettre de détruire quoi que ce soit…

Désespéré à l’idée de passer le restant de ses jours sur cette île, il frappa très fort le séquoia auquel il faisait face, puis se trouva surpris de constater qu’il n’avait pas senti la moindre douleur. Il observa sa main, elle était d’un gris métallisé et affreusement froide, il ne savait pas quoi dire, pensif, il souhaita un instant que sa main devienne tranchante…
À peine sortie de son cerveau, cette pensée se matérialisa et la tranche de sa main lui sembla plus aiguisée qu’un rasoir. Il regarda alors, bouche bée, le fruit dans lequel il venait de mordre, et éclata d’un rire sardonique. C’était donc cela, il avait mangé un de ces légendaires fruits du démon, comme celui du vieux Rebben, et il se demandait de quel pouvoir il avait bien pu hériter…
Il se mit à réfléchir, puis l’évidence lui vint : il était capable de se transformer en machine, tout simplement! Il s’amusa de longs instants à voir ce qu’il pouvait faire de son corps. Il alla même jusqu’à doter la paume de sa main gauche d’un système de transmission de données, et une idée lui vint. Il envoya un signal de détresse à l’unité de Marines la plus proche, leur demandant de venir le chercher, arguant qu’il était un pêcheur perdu.

Il ne fallut guère plus d’une journée pour que ces derniers arrivent, le pirate les observait depuis le haut de la colline. Dès qu’ils eurent commencé à descendre pour se mettre à la recherche du disparu, Seth s’en alla rejoindre le navire rapide qu’ils avaient laissé sur la plage. Rapidement, il y monta et, après avoir égorgé les deux gardes restés sur place, s’occupa de relier le bateau tout entier à son propre système mécanique, afin de le contrôler sans se soucier d’avoir un équipage ou non pour le gérer.
Dès que cela fut fait, il s’en alla, et disparu totalement pour cinq années, se dirigeant vers les endroits les plus reculés du monde où il apprit à maitriser son pouvoir.

Son retour dans la civilisation est tout récent, actuel à vrai dire, et il compte s’engager dans un groupe révolutionnaire.