Sinestro

Konrad Scheffer est un humain à la peau noire et aux yeux vairons. Il possède sur le front une marque qui est celle des instructeurs d’Hodin. Ses cheveux sont longs et crépus. Il lui arrive de colorer une partie de ses cheveux en blanc, particulièrement lorsqu’il se maquille le visage. Cette mode lui vient de son île natale puisque la couleur blanche était associée à la sagesse. Les jeunes hommes se coloraient une partie des cheveux en blanc pour paraitre plus sages, et donc plus respectables.

Il mesure 1 mètre 80 pour une centaine de kilos. Il est finement musclé et travaille son corps chaque jour. Il n’est pas un combattant de corps à corps mais sait se servir des armes blanches, comme son père lui a appris. Sa vue est particulièrement perçante pour un être dénué de pouvoirs à ce sujet. Il vise très bien et préfère de loin le fusil de sniper comme arme principale.
Lorsque Sinestro est aux commandes, il se promène en caleçon coloré et pieds nus mais quand Konrad prend le contrôle, il s’habille de pied en cap. Konrad a une préférence pour les grandes capes rouges et les costumes d’apparat, de quelque origine qu’ils soient. Que ce soit Konrad ou Sinestro qui dirige, son look passe rarement inaperçu.
Il porte toujours un couteau à sa droite et un fusil dans le dos. Autour de son cou, accroché au bout d’une chaine, se trouve une petite poupée vaudou contenant des balles de différents calibres. Il s’en sert souvent pour faire peur aux esprits faibles.

Scheffer est analysé comme ayant un Trouble dissociatif de l'identité, c'est-à-dire qu’il possède plusieurs identités. Cet état mental est très probablement la conséquence des crises qui ont affecté sa vie et du changement de repère dû à la fuite de Valhallarh.
Sa première personnalité est celle d’un guerrier, fier de ses origines et prêt à tout pour se venger de ceux qui ont bouleversé sa vie. Il adore se peindre des motifs tribaux sur le visage, souvent à base de tête de mort, qui lui rappellent son île d’origine. Ses mœurs sont assez libres puisqu’il se promène bien souvent en simple caleçon. Les gens le qualifient souvent de dangereux et d’inconstant. Lorsqu’une personne ou un lieu lui rappelle son île et les évènements qui y ont eu lieu, son comportement est alors celui d’un tueur sanguinaire, en proie à des crises de démence passagères. Cette personnalité n’apparait pas aussi souvent que la seconde car elle nie tous les évènements survenus après l’arrivée sur Hodin. Cette personnalité conserve les croyances païennes apprises sur Valhallarh. Pour plus de commodité, il préfère qu’on l’appelle Sinestro plutôt que Konrad car il trouve cela plus en harmonie avec ses objectifs : rendre la pareille à Alexander.

Sa seconde personnalité est née sur Hodin. Lorsqu’elle apparait, Konrad devient beaucoup plus fréquentable. Totalement athée, il ne supporte pas les comportements religieux. La reconversion rapide des mystiques échappés avec lui l’a visiblement marqué. Il pense maintenant que les dieux n’existent pas. Ce Konrad souhaite s’émanciper du passé et se construire une vie ambitieuse et glorieuse mais il est souvent contrarié par son autre personnalité qui souhaite exactement l’inverse. Konrad est très pointilleux sur son style vestimentaire, encore une différence notable avec son autre lui. La discipline quasi militaire de Hodin l’a formé à être un tueur et il n’a pas son pareil avec une arme à feu. Malgré tout, Konrad ne s’en prend jamais gratuitement aux gens. Il exécute les contrats, interviens lorsqu’une situation lui parait injuste mais ne se bat pas par plaisir. Lorsqu’il « travaille », Konrad est méthodique. Il préfère éliminer ses victimes à distance.

Scheffer est souvent en prise avec ses deux personnalités qui « dialoguent » dans son esprit pour prendre le dessus. Les personnes extérieures ne se doutent pas obligatoirement du conflit intérieur car Konrad a appris à ne pas trop le montrer. Personne n’aime engager un combattant qui peut exploser à tout moment.
Toutefois, ses deux personnalités se sont «mises d’accord » sur une chose : trouver Godwrath. La première veut l’éliminer pour venger sa tribu. La seconde veut mettre un terme à son passé en rencontrant celui qui a changé la vie de son île, en espérant que cela fera disparaitre son encombrante autre personnalité.

Konrad est né sur Valhallarh, une île reculée et réfractaire aux étrangers. Ses parents étaient membres de la puissante tribu des Jintardis, l’une des plus influentes de l’île. Son père était l’un des guerriers les plus forts de sa tribu, maniant les armes blanches avec dextérité. Quant à sa mère, elle faisait parti des mystiques de la tribu dont la fonction était de manifester la dévotion aux dieux par des offrandes de chair brûlée.

Le jeune Konrad subissait alors les deux influences principales des tribus de Valhallarh : dévotion aux dieux et maitrise du combat. Il était fermement persuadé, tout comme la majorité des enfants de l’île, que les dieux lui accorderaient un destin particulier. La vie de l’île était rude, la nature redoutable et les conflits incessants.

La guerre faisait partie du mode de fonctionnement normal des tribus. L’île ne possédait pas assez de ressources pour faire vivre toutes les tribus si la démographie augmentait d’une trop forte manière. Lorsqu’une tribu voyait sa population dépasser un certain seuil, les autres tribus formaient des alliances pour massacrer la tribu excédentaire mais sans l’éradiquer totalement. Les femmes et les enfants étaient tenus à l’écart des combats jusqu’à la fin du processus de régulation. Chaque tribu avait intérêt à perpétuer ce système car une alliance avec une tribu trop importante finissait inévitablement par l’assimilation, et donc la perte des coutumes, de la tribu inférieure.

Les hommes capturés lors des combats étaient ensuite torturés jusqu’à la mort lors de cérémonies publiques. Leur chair était ensuite brûlée et offerte en sacrifice aux dieux. Ce curieux procédé se justifiait religieusement par l’idée que les « déséquilibrés », c'est-à-dire les individus en excédent, déséquilibraient la nature crée par les dieux et qu’il fallait donc les renvoyer à la source. La mère de Konrad, en tant que mystique, concevait et accomplissait ces rituels.

Malgré ce mode de vie terrible pour tout étranger, l’enfance de Konrad n’était pas horrible pour autant. Il était simplement habitué aux massacres et aux tortures mais tout en gardant l’idée que tout ceci ne se faisait pas par plaisir mais par nécessité.

Konrad avait 8 ans lorsque l’île connut la pire crise de son histoire. Un individu étranger avait débarqué et converti certaines tribus à une étrange religion. Il prônait qu’un gouvernement mondial œuvrait pour le bien de tous les êtres et qu’il était sage de rejoindre son obédience. Le monde était vaste et rempli de danger. Seul le gouvernement mondial pouvait protéger les hommes et les femmes des démons et des monstres. Les tribus mineures se soumirent rapidement à l’étranger car elles y voyaient le moyen de sortir de la spirale de la guerre qui ne servait pas correctement leurs intérêts.

Les tribus influentes, comme les Jintardi, refusèrent de se soumettre à un pseudo-gouvernement lointain. La diplomatie et les pourparlers échouèrent car les puissantes tribus de Valhallarh ne pouvaient concevoir que l’on s’oppose aux volontés de leurs dieux. Certains mystiques arguèrent que le jeune étranger était peut-être le fameux élu mais les guerriers rétorquèrent qu’ils n’étaient pas descendus du ciel. Ce n’était qu’un autre de ces étrangers qui voulait provoquer la destruction des tribus. C’est pourquoi les tribus majeures combattirent le courant nouveau. Les guerriers furent massacrés par la garde d’élite formée par l’étranger. La majorité des mystiques se suicidèrent ou rejoignirent l’obédience du gouvernement mondial.

La tribu des Jintardis gardait un artefact sacré, un fruit aux pouvoirs magiques. Celui-ci était gardé en attendant l’arrivée d’un élu des dieux, descendant du ciel et dont le pouvoir unirait les tribus à jamais. A présent, une querelle faisait rage dans la communauté : les principaux mystiques, dont la mère de Konrad, interprétaient l’arrivée de l’étranger comme le salut divin et comptait lui offrir les artefacts. Les guerriers et les anciens refusaient cette hypothèse et l’idée même de confier le précieux artefact à un étranger leur était insupportable. Alors que l’île basculait dans le chaos, Le père de Konrad lui remis un paquet fermé de plusieurs sceaux et lui ordonna de fuir avec certains mystiques Ceux-ci, exécutant un plan d’évacuation des artefacts longuement préparés, s’enfuirent de l’île sur un navire discret. Le père de Konrad fut tué lors de la bataille des Jintardi sur l’île. Son fils débarqua avec le précieux colis sur une île déserte plus lointaine.

Konrad Scheffer passa son adolescence sur Hodin, une île dont l’économie était entièrement basée sur la formation de groupes militaires privés. L’île formait les hommes de mains des grandes familles, certains chasseurs de primes, voire même des pirates. En réalité, toute personne accompagnant sa demande d’un peu d’or pouvait bénéficier de l’entrainement. Les populations locales servaient de main d’œuvre, voire de cibles pour le tir, dans le cas des condamnés à mort.

Les mystiques de Valhallarh se reconvertirent dans la confection de soins à base d’herbes destinés aux clients du centre de formation. Konrad, formé par son père aux arts guerriers, servit d’adversaire aux entrainements. Il frôla la mort à plusieurs reprises car les instructeurs n’avaient cure de son existence : il restait de nombreux autres candidats dans les villages voisins pour servir de punching-ball à leur riche clientèle. Malgré tout, son acharnement et ses prouesses poussèrent les formateurs à l’engager comme instructeur secondaire pour le combat. C’est ainsi que Konrad rencontra les différentes factions qui se disputaient le monde. Ses problèmes mentaux lui ont valu le surnom peu glamour de Sinestro car ses manières de tueur à distance, combinée à son maquillage de tête de mort avait en général pour effet de rendre l’atmosphère bien plus sinistre. Il fut régulièrement employé pour terroriser les villages voisins afin qu’ils ne se révoltent pas.

Konrad aurait pu passer sa vie Hodin si le destin ne s’en était pas mêlé une fois de plus. La nomination d’Alexander D. Godwrath au poste de contre-amiral était relatée dans un journal très apprécié des clients. L’un des ancien mystique reconnu alors le jeune étranger qui avait semé la confusion sur leur île. C’était la première fois que Konrad mettait un visage sur cet être dont il avait si souvent entendu parler. A ce moment là, Konrad su qu’il avait trouvé un sens à sa vie. Il devait retrouver « l’Inquisiteur ».

Konrad le savait, Godwrath était un combattant d’élite, entouré des Illuminés, dont les premiers membres provenaient des tribus inférieures de Valhallarh. Il ignorait s’ils faisaient toujours partie des gardes d’élites du contre-amiral mais comptait bien le découvrir. Pour réaliser ce but, le guerrier comprit qu’il devait devenir plus fort s’il ne voulait pas mourir sans même avoir approché l’Inquisiteur. Il déterra le fruit de l’endroit où il l’avait caché depuis la fuite de Valhallarh et le mangea. Konrad Scheffer ne pouvait se permettre d’attendre plus longtemps et il savait qu’un fruit du démon était un excellent moyen d’augmenter ses capacités. Une fois le fruit ingéré et ses pouvoirs découverts, il décida de partir à la recherche de Godwrath.

Konrad ajustait avec minutie les boutons de son uniforme lorsqu’un groupe de pirates passablement éméchés sortirent de la taverne en hurlant. Il s’efforça de ne rien montrer de sa gêne et continua son affaire. Les pirates n’avaient pas tout à fait la même conception de la tranquillité publique puisqu’ils se mirent à interpeler chaque passant dans un langage ordurier.
Konrad était vêtu d’une grande cape rouge qui masquait son uniforme gris « prélevé » à un soldat de la marine, qui avait eu le malheur de s’endormir pendant sa garde. Il n’était pas encore satisfait de la teinte choisie pour masquer le blanc éclatant de l’uniforme mais tenait à sa nouvelle acquisition. L’un des pirates, visiblement attiré par le rouge vif de la cape, appela ses compères et fixa l’attention du groupe sur Konrad.
Il ignora les insultes du groupe d’éméchés et entreprit de quitter l’endroit avant que tout ceci ne dégénère. Le guerrier n’avait pas peur de l’affrontement mais cela attirerait inutilement l’attention sur lui et sa collecte d’informations n’était pas terminée. Malheureusement, l’un des pirates eut la mauvaise idée de cracher sur sa cape, afin d’exprimer sa colère et son indignation face au peu d’intérêt que suscitait chez Konrad les quolibets vexants du groupe. « Et c’est pour CA que tu vas les tuer ? » s’amusa Sinestro d’une voix intérieure nasillarde. Konrad détestait que l’on touche à ses précieux vêtements. Oui, c’était pour ça qu’il allait se charger d’eux. Il ne comptait pas les tuer pour autant, car un sextuple meurtre aurait pour effet d’attirer la Marine. Il essuya le peu de bave qui restait sur le tissu avec une moue de dégout non dissimulée. Lorsqu’il était instructeur sur Hodin, la punition pour un tel outrage aurait été une semaine dans le « Champ de tir », c'est-à-dire un bout de forêt dans lequel les clients apprenaient à traquer leurs cibles. La discipline chez les formateurs était une valeur absolue.

En un instant, Konrad attrapa son fusil et le braqua en direction du groupe de pirates. Il savait que l’attention du groupe éméché était à peine suffisante pour remarquer son premier geste, c’est pourquoi il ne se pressa pas. Il logea une balle dans le genou de chacun des pirates sans même y penser. Ceux-ci s’effondrèrent en hurlant et Konrad songea que les tuer aurait été plus silencieux, au final. Il remit son fusil dans son dos et s’éloigna à grandes enjambées du village. Il savait quel était la suite du programme. Le reste de l’équipage pirate n’allait pas tarder à sortir de la taverne et les poivrots blessés n’auraient aucun mal à donner sa signalisation. Qu’à cela ne tienne, il allait les accueillir comme il se doit. Son fusil était une version améliorée qui pouvait contenir plus de balles qu’il était permis normalement. Il détacha soigneusement sa cape et la posa au pied d’un arbre. Puis, il grimpa promptement jusqu’à une branche assez solide pour résister à son poids et il attendit.

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Quelques minutes plus tard, un groupe de pirates avec à leur tête un étrange petit homme, coiffé d’un haut de forme rose, s’approcha de sa position. Ils avaient naturellement repéré la cape d’un rouge flamboyant. Konrad arma son fusil et commença le massacre. Sa cadence de tir avait toujours été impressionnante et sa position surélevée lui permettait de viser la tête avec plus de facilité. Quelques tirs maladroits manquèrent de toucher Scheffer qui acheva le dernier homme de main avec un soupir blasé. Il ne restait plus que le petit homme avec le haut de forme, surement le capitaine.

Celui-ci l’interpela d’une voix aigue et perçante :
« Je suis Galfonda le Sérénissime ! Qui es-tu pour décimer mes hommes ! Descend de là, trouillard ! »
Konrad hocha la tête, il n’avait pas l’intention de s’exposer. Les pirates avaient souvent un ou deux possesseurs de fruit du démon et il ne tenait pas à faire la douloureuse expérience de la découverte.
« De toute façon, tu es complètement ridicule avec ta tête de mort moisie ! Moi j’ai du style toquard ! » S’égosilla le pirate, visiblement plus préoccupé par sa supériorité esthétique que par la mort d’une partie de son équipage.

Scheffer sauta de sa branche et vint se placer en face du capitaine. Konrad n’était plus là. Sinestro avait très mal pris la remarque sur le maquillage tête de mort, symbole des mystiques de sa tribu. L’un dans l’autre, Scheffer était un individu des plus susceptibles. Sinestro arma le fusil et visa le capitaine et son haut de forme. En une seconde, son ennemi disparu de son champ de vision et il ressentit une intense douleur dans son dos. Du sang ? Konrad et sa manie des vêtements ! Le tissu lui collait maintenant le dos, à cause du sang et de la sueur. Il entendit le rire du petit homme avant de s’apercevoir que celui-ci était de nouveau à sa place initiale et qu’il tenait un couteau à pain ensanglanté à la main. Comment avait-il fait ?

« On fait moins le malin, pas vrai ? » railla le capitaine pirate. « Je suis plus rapide que tes balles, tu n’as aucune chance. »
« Cause toujours » répondit Sinestro avec un sourire carnassier. Il avait un plan. Ces imbéciles de bolides avaient toujours le même défaut, le même travers. Il allait tout simplement en jouer. Il prit son fusil d’une seule main et le brandit vers le pirate.
« Je peux te trucider la peau à distance avec une seule main, gros nul. » caracola Sinestro avec un sourire goguenard. Il fallait toujours attirer le poisson dans le filet.
« C’est ce qu’on va voir, toquard ! » répondit le petit homme en hurlant. En un instant, il disparu de nouveau de la vision de Sinestro. Mais celui-ci n’avait pas besoin de le voir pour savoir où il était passé. Dès l’instant où le petit homme avait répondu à sa provocation, il avait lancé son bras libre en arrière, se déboitant l’épaule par la même occasion et poignarda le capitaine pirate qui se tenait dans son dos. Le petit homme ouvrit de grands yeux et son expression d’incrédulité perdura lorsque Sinestro s’acharna sur lui avec son arme blanche. Le capitaine avait perdu dès l’instant où la confiance en son pouvoir s’était évanouie.

« Voilà une tactique bien dangereuse… Tu tiens vraiment à nous faire tuer ?» Commenta silencieusement Konrad.
« Oh la ferme ! » s’exclama à haute voix Sinestro. « On a encore du pain sur planche, tu ne crois pas ? » Il remit son épaule d’un geste sec et se remit en route. Il avait un contact à rencontrer.