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| Auron, le mec en rouge | |
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Auron Sephos Nouveau
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[Feuille de personnage] • Renommée: 70 • Wanted: 0 • Grade dans la Marine: /
| Sujet: Auron, le mec en rouge Mar 27 Déc 2011 - 19:51 | |
| - Présentation du joueur IRL - Prénom : Sébastien. Age : 18 ans. Homme/Femme/Okama : Masculin. Comment avez vous connu le forum : Par Google. Combien d'heures vous vous connectez par jour : Aucune idée. Tes Mangas préférés : Je ne lis pas de manga. Ton personnage préféré dans One Piece : Je ne lis pas One Piece. Ce qui t'as motivé à venir : Un bon souvenir de mes expériences rp passées. Tes expériences dans le domaine du Rp/JdR : Un autre forum One Piece, et d'autres de thèmes différents. Hobbys : Mes études de sciences politiques. Autre(s) : Excusez les fautes de frappe, j'ai un très mauvais clavier. - Présentation du personnage - • Nom & Prenom : Auron Sephos. • Surnom : Je laisse le choix aux autorité compétentes. • Age : Quarante ans. • Race : Humain. • Camp : Pirate. • Orientation psychologique : Loyal - bon. • Métier/Spécialité : Combattant. • Pouvoir demandé : J'aimerai bien le Tori Tori no Mie, le fruit du Phénix, qui permet de se transformer en oiseau de feu, de voler et de régénérer les blessures ; il offre aussi une affinité avec le feu. Si vous ne jugez pas mon niveau suffisant, le Jiki Jiki no Mie me tente plutôt. • Rêve(s)/But(s) du personnage : Aucun en particulier. • Code présentation :
[b]◘ Description Physique : Auron est quelqu'un qui, pour ses quarante ans, paraît encore jeune – on lui donnerait facilement dix ans de moins, voire plus. L'effet bénéfique du sel marin, sans doutes. Il faut dire qu'il porte beau ; et sa haute taille, encore renforcée par sa minceur, favorisent l'impression d'avoir affaire à quelqu'un d'élégant et de distingué. Ses habitudes vestimentaires vont également dans ce sens. Il porte toujours un grand manteau blanc, qu'il s'efforce de garder propre ; ce manteau est entièrement blanc à l'extérieur, mais la doublure intérieure est noire. Aussi cela crée-t-il un contraste dans l'habillage, car Auron porte le vêtement ouvert sur le torse, en retournant le manteau. Cela crée donc un V noir, renforcé par le col haut, toujours ouvert lui aussi, qui montre également le ton sombre de la doublure. L'autre élément noir de la tenue d'Auron est la ceinture, une sorte d'obi simple qui tient le manteau fermé, celui-ci n'ayant ni boutons ni fermeture éclair. Mais à part ces éléments, Auron est entièrement en blanc, jusqu'à ses chaussures et jusqu'à l'intérieur de ses poches. On l'a dit, Auron est mince ; cependant cela ne diminue pas sa force, car c'est quelqu'un de musclé. Il ne s'agit évidemment pas d'une carrure de culturiste, mais de la carrure d'un guerrier, naturellement taillé, peu impressionnante mais tout en nerfs et en tendons. Cette musculature est fine et nerveuse, autant que puissante, et la force des coups qu'il donne ne vient pas que de la taille de son épée : malgré l'âge et les épreuves, la force d'Auron est toujours grande, et son amour des combats le porte à toujours s'entraîner. Auron, si on peut ne pas le trouver beau, est quelqu'un qui possède un charme naturel ; cela est dû principalement à son physique apparemment désinvolte. En effet son visage est celui d'un « mec cool », qui n'aime pas trop s'énerver ou se battre. En effet, avec ses cheveux longs et bruns, son bouc taillé net et ses sourcils bas, notre homme ne donne pas l'impression de souvent s'énerver. Cela est renforcé par une allure un peu dégingandée, qui lui valent parfois d'être sous-estimé, car encore une fois, il ne donne pas l'impression de vouloir se battre. C'est en partie vrai, car comme on le verra c'est quelqu'un d'extrêmement calme ; cependant ce n'est pas exact, car en combat il peut devenir une vraie menace. Il arrive qu'Auron enfile ses lunettes. En fait de lunettes, il s'agit plus d'un monocle de soleil en forme de bandeau de pirate. Ceci a son utilité car il a été blessé sur l’œil gauche lors d'une bataille narrée dans la partie Histoire, si bien qu'il lui arrive d'avoir des périodes d'extrême sensibilité à la lumière ; dans ces cas-là, il porte son bandeau. Auron porte toujours dans son dos son épée, accrochée à des attaches de cuir. Il manie cette arme sans problème avec une ou deux mains. C'est une grande lame, dont la longueur dépasse un peu celle du bras de son propriétaire. Elle est mince et légèrement recourbée. Comme elle est longue et pèse lourd, la poignée est elle aussi étirée. Il n'y a pas de garde. ◘ Caractère & morale :La première chose que l'on remarque chez Auron lorsqu'on le connaît peu, c'est son calme à toute épreuve. C'est en effet une personne dont le sang-froid ne sera jamais bousculé à moins que lui-même ne se permît un instant de colère. Sa voix, très grave, est toujours posée. Si cette attitude ne lui permet pas toujours de calmer les excités ou le paniqués, elle inspire un respect naturel, et il passe souvent pour un homme réfléchi, à qui l'on peut demander conseil. Ce n'est pas quelque chose de faux, car Auron prend toujours le temps pour penser avant d'agir s'il le peut ; mais il a un mode de pensée qui l'empêche de se mettre à la place des autres. En effet, il a beaucoup de mal à comprendre que les autres fonctionnent autrement que lui, et il aura tendance à s'énerver devant leur incompréhension. Aussi préfère-t-il souvent, soit se délester de sa responsabilité, qu'il n'a souvent d'ailleurs pas réclamée, par un conseil bateau, soit agir par lui-même. En effet, s'il prend toujours le temps de penser avant l'action, Auron déteste les palabres. Ce n'est pas qu'il n'aime pas discuter, au contraire ; mais il considère que lorsque l'action est nécessaire, soit on le laisse réfléchir tranquillement et on le suit, soit on agit tout de suite. Cela reflète donc une personnalité assez individualiste, qui n'aime pas tenir compte de l'avis des autres et préfère agir seul si la compagnie est un poids. Malgré cet individualisme marqué, Auron n'est jamais égoïste. C'est quelqu'un qui rend service s'il le peut, et ne demandera jamais rien en échange. Cela ne vient pas d'une humilité quelconque ou d'un grand cœur, mais il n'aime simplement pas réclamer, et donc, s'il n'en a pas fondamentalement besoin, il ne le fera pas. En ce qui concerne la société, Auron est quelqu'un de peu expansif. Si l'on veut l'entendre un peu plus, un verre de rhum ne sera pas de trop ; mais ce n'est tout de même pas le genre à parler longtemps ou à raconter sa vie. Il ne rira jamais à grands éclats et préfère l'humour noir à l'humour gras, mais il aime rire et est de très agréable compagnie. Lui-même apprécie la présence des autres, même si leur absence ne le dérange pas outre mesure. Lorsqu'il combat, le calme d'Auron change de nature. C'est un calme bouillonnant en quelque sorte ; car Auron avant toute chose aime se battre, et la fièvre du combat l'habite dès que l'épée est tirée. On l'a dit cela ne l'empêche pas de réfléchir, car il sait dompter cette adrénaline. Mais lorsque des coups sont échangés il se laisse porter par la combat, par sa maîtrise de lui-même. Lors de duels particulièrement intenses, il lui arrive même de rire en plein échange de coups, tant sa joie est grande. Cependant, il ne se déconcentre jamais, car comme on l'a dit il se laisse porter et non emporter. Et la conscience de jouer sa vie ne le quitte jamais, tout comme sa responsabilité envers ceux qui se battent avec lui. Enfin, un dernier aspect important de la personnalité d'Auron est le devoir qu'il se fait de faire profiter de son expérience aux plus jeunes. Cela se rattache à la confiance naturelle que l'on a dans son conseil ; lorsqu'on lui demande quoi faire, il a la réaction déjà décrite ; lorsqu'on lui demande comment faire, il n'hésite pas à expliquer en détails des techniques, des astuces, des vérités ; et il est vrai que la pédagogie est un grand talent chez lui. Ces moments sont d'ailleurs les seuls durant lesquels il n'est pas avare de paroles. On voit donc qu'Auron est un personnage assez ambivalent, car son individualisme dans l'action ne gâte jamais sa sympathie et son sentiment de responsabilité et d'amitié pour les autres. C'est quelqu'un que l'on respecte plus que l'on s'y attache ; mais bien le connaître c'est avoir un ami fidèle et sur qui l'on peut compter - quoique taciturne. ◘ Histoire :Chapitre I Lorsque le soleil, passant à travers la fente du volet de sa chambre, alla frapper l’œil d'Auron, celui-ci poussa un juron d'une voix rauque : il aurait aimé dormir encore un peu. Il se décida cependant rapidement et se leva. Après tout, la tâche qui allait l'occuper jusqu'au lendemain allait l'éloigner du village et de ses occupations monotones, et cela, c'était une excellente chose. Auron avait vingt ans. A cet âge-là, on est jeune et on rêve d'aventures. C'est une règle plus ou moins générale, et il se trouve que le village où vivait le jeune homme depuis sa naissance faisait partie des exceptions. C'était un assemblage de maisons de terre, situé sur une petite île nommée Via ; et comme c'était le seul lieu d'habitation, le village portait le même nom. Il était entouré de champs où l'on cultivait le blé et quelques légumes, et ce, depuis des générations entières. La tradition était une chose mille fois importantes dans cette bourgade, et imprégnait les mentalités si bien que partir à l'aventure n'était même pas mentalement envisageable pour la plupart de ses habitants – et les autres n'auraient quitté leurs habitudes pour rien au monde. Auron était né là, et passait ses journées, depuis sa naissance, à cultiver les épis, les poireaux, les poivrons et autres passionnants produits de la terre. Par quelque coup du destin, il se trouvait être différent des autres personnes de son île. Lui rêvait d'aventures, de navires, de combats. La piraterie, dont il n'avait jamais entendu parler qu'en terme horribles, le fascinait par sa différence ; et la Marine l'attirait par les récits d'héroïsme que l'on disait sur ses membres. Cela contrastait tellement avec sa propre vie, qui se résumait à se lever le matin au chant du coq pour aller bêcher, ou récolter selon la saison, puis à se coucher le soir, de bonne heure, courbaturé, les muscles meurtris sans qu'on n'ait l'impression de les avoir pleinement utilisés. Vraiment, n'importe quelle vie serait plus passionnante que celle-là. Dès qu'il avait un moment de libre, Auron allait rejoindre Georges, la seule personne qui pensait de la même manière que lui. Ils avaient presque le même âge : Auron avait vingt ans, son ami un de plus. Ils s'entendaient à merveille, et rêvaient ensemble, secrètement, de partir sur la mer. Ils n'en parlaient à personne, car il eût suffit que le village le sache pour que tout le monde se mette à les dissuader d'une telle entreprise ; ce qui signifierait alors de longs discours sur la dangerosité du monde et des tâches encore plus nombreuses et abrutissantes pour leur changer les idées. Aussi évoquaient-ils seuls les flots contre des coques en bois, qu'ils auraient eux-mêmes construites, avec un drap en guise de voile et une bêche pour gouvernail. Autant de rêves que l'on abandonne à seize ans, mais qui emportaient encore les deux jeunes hommes à l'imagination frustrée par un quotidien. C'est pourquoi, ce matin-là, Auron se leva avec la toute relative joie de passer une journée loin du village. Lui et Georges avaient été chargés de partir en forêt pour chasser ; car la communauté essayait de limiter au maximum ses importations de viande afin de moins dépendre de l'extérieur. Ce genre de chasse prendrait une journée entière, et ils ne reviendraient que le lendemain à la mi-journée ; autant de temps de liberté donc. Auron avait préparé ses affaires la veille ; sa toilette terminée, il jeta sa besace sur son épaule et attrapa son fusil, avant de sortir de chez lui. Il se dirigea vers la sortie du village, saluant au passage ceux qu'il croisait. Tout le monde se connaissait ici, et Auron détestait cet état des choses où le moindre de ses gestes pouvait être connu de n'importe qui s'il était mal dissimulé. Cependant cette fois-là il répondit plu volontiers, car il sentait déjà les odeurs de la forêt, qui étaient pour lui celles de la liberté. Il rejoint son ami à la sortie du village. Georges était un garçon brun, court mais fort, au visage rieur et au caractère semblable. Il aimait Auron comme un grand frère, et celui-ci le lui rendait bien. « Salut, Jo. T'es prêt ? - Évidemment, vieux ! Une journée sans les raseurs, je suis prêt n'importe quand ! » Georges appelait tout le monde « les raseurs », à l'exception d'Auron : il trouvait qu'ils étaient trop ennuyant pour les appeler par leurs noms. Heureusement, il se gardait bien d'agir ainsi en public. Les deux amis partirent donc, suivant le sentier qui se dirigeait vers la forêt en séparant deux champs de blé. C'était le début pour eux d'une longue chasse, et sur le chemin ils parlèrent vite et beaucoup, en prévision des heures de traque où le moindre son trop haut fait fuir le gibier. Ils évoquèrent une fois encore la mer et se dangers, qui étaient autant d'appas ; et ils se forçaient à marcher lentement pour avoir du temps devant eux. Ils firent ainsi jusqu'à la lisière, et continuèrent en se dirigeant vers un lieu qu'ils connaissaient bien en tant que chasseurs, une clairière d'où partaient de nombreuses pistes. Ils inspectèrent les lieux en bavardant ; puis, une piste fraîche découverte, ils se turent et se mirent en chasse. Le lendemain, la traque était terminée. Après presque vingt-quatre heures de marche en forêt, à grande allure, s'arrêtant régulièrement pour vérifier la piste, mangeant peu et sans diminuer l'allure, ils avaient abattu deux biches en deux coups de feu, un chacun. C'était un bon résultat, et ils seraient sûrement félicités à leur retour. Mais ils n'étaient pas pressés de rentrer, et ils installèrent un rapide campement où ils s'allongèrent pour dormir. Lorsqu'ils se réveillèrent, il était environ dix heures, et ils se remirent en marche, revenant vers en village, parlant à nouveau de leurs rêves sans jamais se lasser. En quelques heures ils atteignirent le sentier, et à quatorze heures passées, ils étaient à l'entrée du village. Un peu en aval, déjà, quelque chose leur avait semblé étrange. C'était beaucoup plus silencieux que ce dont ils avaient l'habitude. Mais ils n'avaient cessé de parler que quelques centaines de mètres avant l'entrée, se rendant soudain compte de l'absence totale de bruits. Ils avaient accéléré le pas ; et c'est en courant qu'ils entrèrent dans le village de Via, dont les rues étaient désertes. Ils coururent en appelant, ayant lâché leur gibier ; la peur étreignait leurs cœurs sans qu'ils ne surent pourquoi exactement, car enfin ils n'étaient sûrs de rien. Mais bientôt leurs craintes durent confirmées : ils trouvèrent, dans la réserve, l'ensemble des enfants du village. « Qu'est-ce que vous faites là, les enfants ? fit Georges, essoufflé. Où sont les autres ? » Les gamins leurs expliquèrent, en termes confus, les évènements de la veille. Peu après leur départ, un navire de la Marine était arrivé, et avait réquisitionné toutes les personnes valides de plus de quinze ans, hommes comme femmes. Ils n'y avait plus qu'eux sur l'île, tous les adultes étant partis la guerre, sauf le vieux couple Zushi, tous deux en fauteuil roulant. Ils étaient en train de dormir. Pour Auron et Georges, ce fut un choc. Ils avaient perdu presque toutes leurs connaissances d'un seul coup. Ils ne l'avaient pas vu venir, ils ne l'avaient pas senti agir : un jour tout était bien, le lendemain, plus rien. L'idée de la liberté leur traversa l'esprit ; mais la vue des enfants leur rappela que, désormais, ils avaient la charge de tout le village. Ils firent l'appel. Une grosse quinzaine d'enfant, plus les Zushi. Impossible de gérer cela : ils étaient trop jeunes pour cultiver efficacement et faire vivre ce qui restait de la communauté. « Merde... Qu'est-ce qu'on fait ?... T'as une idée, Auron ? - On ne peut pas rester ici, répondit-il après une minute. On ne pourra pas se nourrir. Même si on le pouvait, ce serait impossible de vivre à moins de vingt. On doit les emmener... quelque part, où on s'occupera d'eux. - Nous, tu veux dire ? - Qui d'autre ? - Je ne sais pas... quelqu'un. - On ne peut pas les abandonner. - Mais merde, Auron, je veux dire... C'est vrai que c'est horrible, ce qui est arrivé, mais c'est la première fois qu'on a une chance de partir ! Les gosses, on ne peut pas les garder. Soyons réalistes, on ne saurait pas les garder, et ça ne nous plairait pas, ce qui fait qu'au final, ce serait aussi mauvais pour eux que pour nous. Si on arrive à trouver une structure pour les accueillir... Il doit y en avoir, d'ailleurs, si la Marine fait ce genre de recrutement un peu partout. Ce ne sont pas les seuls gosses sans parents. Alors, si on fait ça, à nous la liberté, et on n'aura fait que notre devoir ! - On ne peut pas, Georges. Ils sont sous notre responsabilité. - Mais je ne le nie pas ! Il faut juste passer cette responsabilité à quelqu'un de plus compétent. Ce sera mieux pour eux, comme pour nous. » Auron sentait que son ami avait raison, et son instinct lui hurlait de l'approuver. Mais quelque chose le retenait. Il se sentait responsable de ces gosses. Et puis... « Et après, Jo ? Qu'est-ce qu'on fera ? - Tu déconnes ? On n'a pas arrêté de parler de ça depuis qu'on se connaît ! - Je sais, je sais, je ne parle pas de ça... Mais la Marine a réquisitionné tous les adultes. On aurait dû être amené à la guerre. Comme les autres. Si on se pointe avec les gosses, ils trouveront le moyen de nous faire endosser l'uniforme. Et ça, tu vois, j'ai pas envie. - Moi non plus, mais... C'est peut-être le seul moyen à notre disposition pour voyager. Les bases de la navigation, faut bien les apprendre quelque part. Après, on pourrait déserter. - Ils ne nous laisseront même pas la possibilité d'y penser. Et encore, il faudrait qu'on soit encore ensemble. Et pas morts. - Ouais, c'est vrai... » Georges prit une grande inspiration. « Tu sais quoi ? On va s'occuper de ces gosses. La réserve contient un peu, on tiendra quelques temps. Ce temps, on le prend pour réfléchir. Quand on sera fixé, on fera ce qu'il faudra. » Auron regarda son ami. Ils en étaient au même point, tous les deux : seuls, avec une envie terrible de partir, de lourdes chaînes et l'impression d'avoir raté la lime. Il avait sans doutes raison. De plus, la chose la plus importante dans l'immédiat, c'était les gosses. Le jeune homme soupira. « On fait comme ça. » Et ils firent ainsi. Ils organisèrent leur petite société comme ils le purent, instaurant des tours entre ceux qui s'occupaient du village et ceux qui entretenaient les champs. Dans les deux cas, il fallait tout leur apprendre. Et ils n'étaient que quelques-uns aptes à faire quelque chose, car certains enfant avaient moins de dix ans. Si bien que rapidement, il fut évident que pas un radis ne sortirait de la terre cette année. Ils rationnèrent. Heureusement, la réserve était bien garnie. Petit à petit, leur envie déjà grande de suivre le conseil de Georges décupla. Mais ils étaient bloqués par la peur du recrutement et l'incertitude de l'existence de structures adaptées. De plus, un autre problème, auquel ils n'avaient pas pensé, leur apparut : ils ne savaient pas naviguer, et ne pouvaient donc pas rejoindre une autre île. Si bien que rapidement, ce fut le désespoir qui les gagna. Un mois après la disparition des adultes, les réserves étaient au plus bas, et les quelques chasses d'Auron et Georges ne changeaient pas grand-chose. Le désespoir était à son comble, et les deux amis commençaient à penser à une mort lente et douloureuse. Ce fut alors que se produit un événement qui allait changer leur vie : un bateau pirate accosta dans le port. Tous les enfants, les Zushi et nos deux amis étaient sur le quai pour assister à cela. C'était la première fois qu'ils voyaient un bateau pirate, et tous étaient émerveillés par sa taille, sa figure de proue, qui était un lamantin, et par le grand drapeau noir qui claquait au sommet du mât. Une tête de mort entre deux os et un sabre y figurait, blanc sur noir. C'était un spectacle terrifiant et fascinant. Une planche fut jetée entre le pont et le ponton, et un homme descendit, suivit de quelques-uns des membres de son équipage. Il était grand, enveloppé dans un manteau rouge, et portait au coté un sabre japonais dans un fourreau bleu nuit. En posant le pied sur le ponton, il s'arrêta un instant et regarda la petite troupe qui le dévisageait. « Tiens ! fit-il en apercevant Georges et Auron. Vous n'avez pas été réquisitionnés, vous ? - Non Monsieur, fit Auron bravement. On n'était pas là quand c'est arrivé. - Il y a combien de temps ? - Un mois. - Eh bien, vous êtes encore en bon état, et les enfants aussi ! Même les petits vieux, là-bas ! Chapeau ! - La réserve était pleine. - Ah, je vois ! Il en reste, dedans ? - Non, elle est presque vide. On ne sait pas trop quoi faire. - Ah, dommage, on espérait s'approvisionner un peu. Bon, tant pis, ce n'était pas urgent. Qu'est-ce que vous comptez faire, dites-moi ? - En vérité, on ne sait pas trop, dit Georges. On ne sait pas naviguer, donc on ne peut pas quitter l'île, et on commence à manquer de vivres. Vous ne pourriez pas nous aider, par hasard ? - Vous aider ? C'est pas que je ne veux pas, petit gars. Mais j'ai pas l'habitude d'avoir des mioches sur mon bateau. Et pour être sincère, je n'ai pas envie de commencer. - Mais peut-être, intervint Auron, que vous pourriez juste les déposer sur une île, dans une structure d'accueil, ou je ne sais pas quoi... Il doit y en avoir, non ? - Pour sûr, il y en a, depuis cette espèce de rafle par la Marine. Ça, je peux faire. Mais dis-moi, petit gars, pourquoi dis-tu « les déposer » et non « nous déposer » ? T'as l'intention de rester crécher dans la cale ? - En réalité, fit Auron bravement, en regardant l'homme dans les yeux, nous aimerions devenir pirates, nous aussi. » Il y eut un instant de flottement, et un sourire se dessina sur les lèvres de l'homme. Il inspecta les deux amis du regard, tandis que derrière lui, tout l'équipage faisait de même ; ceux qui étaient resté à bord suivaient attentivement la scène. « Tu manques pas de cran, gamin, finit par dire l'homme au manteau rouge. Affamé, rongé par les mites, et qui veut devenir pirate ! Ah ! Kawasumi, qu'est-ce que t'en dis ? - Je pense qu'on pourrait les prendre, Capitaine, fit un homme maigre derrière lui. Ils ont du cran, comme vous l'avez dit, et même si ce n'étaient que des gosses, ils ont quand même dirigé une troupe durant un mois. - Je pense aussi. C'est d'accord, les garçons ! On dépose les gosses, et vous êtes des nôtres ! Moi, c'est Capitaine Lorick. Allez, tous à bord, ne perdons pas la marée ! » Georges et Auron, comprenant à peine leur bonheur, gravirent la planche et se retrouvèrent sur le pont, accompagnés des enfants et du vieux couple hissé par les pirates. Ils avaient résisté un mois, et tout avait changé en quelques minutes. Ce ne fut que lorsque le navire eut quitté le port, laissant l'île vide, qu'ils laissèrent exploser leur joie ; et Georges, escaladant la figure de proue, hurla son bonheur à la mer.
Chapitre II Le capitaine Lorick avait la soixantaine lorsqu'il rencontra Georges et Auron. C'était un naturel gaillard, familier, puissant malgré son âge avancé. Il commandait avec justice à un équipage d'une trentaine de personnes, et était beaucoup aimé d'elles. Son second était Kawasumi, l'homme maigre, un gars sec et peu avenant, mais dont la compétence n'était pas discutable. L'un et l'autre dirigeaient l'équipage de concert, et ils accueillirent nos deux amis avec chaleur. Lorick et son équipage avaient échappé à la réquisition en se dissimulant dans une crique durant une semaine, et en étaient sortis une fois la situation stabilisée. La guerre, expliquait le capitaine, ne les concernait pas, bien qu'elle opposât les pirates et les Marines. En effet, Lorick ne voyait pas en quoi l'existence d'un gouvernement était une mauvaise chose, puisque c'était précisément l'émancipation par rapport à cette autorité qui permettait aux pirates d'être libre. Sans contrainte à franchir, il n'y aurait plus de liberté, et il avait donc choisi, ainsi que la plupart des membres de son équipage, de ne pas s'engager. Ceux qui n'avaient pas été d'accord avaient été débarqués dans le plus grand respect de leurs opinions, pour leur permettre de rejoindre les batailles : Lorick était un homme ouvert d'esprit. Lorsque Georges et Auron entrèrent dans son équipage, le capitaine donna des ordres pour les former ; car enfin ils n'avaient aucune connaissance utile à la piraterie, ne sachant ni naviguer, ni se battre. En cuisine uniquement, ils étaient capables de faire quelque chose ; malheureusement, sur un bateau il y a plus de poissons que de légumes, et ils n'avaient pas très envie d'être confinés aux fourneaux. De plus, le cuisinier du navire excellait dans son métier, si bien qu'il n'avait pas besoin d'aide. Aussi leur apprit-on tout ce qu'un pirate doit savoir. On commença par la navigation, les rudiments du métier ; Georges se passionna pour cette discipline, et apprit très rapidement. C'était moins intéressant pour Auron, qui préférait mille fois les entraînements au combat qui lui étaient dispensés chaque jours par les membres de l'équipage. Il devint rapidement fort, faisant montre d'un talent à l'épée peu commun, et gagna facilement le respect des autres combattants, quoiqu'il lui fallut du temps avant de rattraper leur niveau. Il maîtrisa fort bien le sabre ; mais le temps passant, il ne se montra pas satisfait de son arme, et en chercha une nouvelle, plus lourde. Après six ans de navigation, il en fit faire une par un forgeron, et fut très satisfait du résultat : une lame plus longue que son bras, plate, au tranchant large, dont le poids assurait un impact dévastateur. Il n'y avait pas de garde, et elle était faite pour être maniée à deux mains. Dès lors, Auron s'entraîna à la maîtriser, ce qu'il fit avec une relative aisance. Les années passant, Auron et Georges mûrissaient et se renforçaient ; l'activité pirate les exaltait et développait leur force comme aucune autre. Cependant, une ombre noircissait le tableau : un an après leur recrutement, le capitaine avait contracté une maladie incurable, et son état allait en empirant. Il s'affaiblissait de mois en mois, et neuf ans après leur départ, c'était Kawasumi qui prenait de facto toutes les décisions. Lorick perdit en volonté ce que son corps perdait en force, et se laissait diriger par son second. Celui-ci, en soi, n'était pas un mauvais capitaine ; il était bon marin et savait prendre des décisions. Mais il lui manquait la générosité du capitaine, et il n'avait pas la faveur des marins ; d'autant plus qu'une sorte d'égoïsme, d'ambition personnelle avait commencé à croître en lui à la vue de l'état de son supérieur. Fait inhabituel mais révélateur, alors que Kawasumi prenait de l'importance, l'équipage allait chercher les conseils ailleurs. Auron était celui dont on suivait naturellement les ordres, et ce, en dépit de sa jeunesse. En effet, le contact à la mer avait appris à Auron la maîtrise de soi, qu'il jugeait vitale à la survie. Il s'était calmé, parlait moins, et semblait toujours réfléchir à ce qu'il faisait. De plus, grâce à son contact toujours fraternel avec Georges, il cumulait la force au combat, le sang-froid, et les connaissances maritimes – encore que pour ces dernières il demandât souvent conseil à son ami. Si ben qu'il avait le respect naturel des membres de l'équipage, et que, lors d'une décision sans importance, c'était lui qu'on allait voir plus que Kawasumi. Il répondait lentement, après une courte réflexion, demandait parfois son avis à Georges, et sa voix grave donnait une consigne avisée. Kawasumi se rendait bien compte de cela, mais ne disait rien, se contentant d'enrager secrètement. Quant à Lorick, qui sortait de moins en moins de sa cabine, il était impossible de savoir s'il s'apercevait de cet état des choses ; mais son œil brillait légèrement lorsqu'il regardait son marin. Une dizaine d'années après l'embarquement de Georges et Auron, des tensions apparurent entre l'équipage et Kawasumi. Le second était de plus en plus furieux de l'influence grandissante d'Auron, et se vengeait sur l'équipage entier en traitant les marins de manière autoritaire. Lorick n'avait alors presque plus de forces, et restait presque tout le temps dans sa cabine, où chaque un pirate venait s'occuper de lui. On n'osait pas lui parler de son second, de peur de le fatiguer, si bien qu'il n'était pas au courant des évènements. Le problème concernait sa succession. Chacun savait que Lorick n'en avait plus pour longtemps ; et au-delà du chagrin de cet état des choses, se posait un problème grave. Si le capitaine ne désignait pas de successeur, ce serait Kawasumi qui prendrait sa suite ; et cela, personne n'en avait envie. Aussi les discussions allaient-elles bon train dans le dos du second. Georges y prenait activement part, mais Auron ne participait pas beaucoup. Il n'avait pas beaucoup envie de parler des heures durant d'un sujet qui selon lui ne pourrait être résolu que par l'action, c'est-à-dire une discussion face à face avec Kawasumi. Mais il savait que ses compagnons n'en avaient pas envie, car cela aurait pu être désapprouvé par Lorick, ce qui aurait supprimé toutes leurs chances de renvoyer le second. Parmi les discussions entre marins, son nom revenait de plus en plus souvent. Un jour, alors que la mer était calme et le vent faible, Kawasumi sortit de la cabine du capitaine, et ordonna à l'équipage de se rassembler pour qu'il puisse leur parler. « Le capitaine Lorick, dit-il, a demandé à vous parler. Il a insisté pour le faire ainsi, depuis le pont, comme il le faisait avant ; vous savez qu'il est faible, alors ne faites pas de bruit. » Puis il entra dans la cabine, et en ressortit en portant à moitié le capitaine, presque effondré, enroulé dans son manteau rouge comme dans une couverture. On amena une chaise, et il s'y laissa tomber. Un grand silence suivit cette scène, où le vieil homme reprenait son souffle. Puis, relavant la tête, il parla d'une voix forte, plus forte que celle à laquelle on pouvait s'attendre. Tout le monde entendit distinctement ses paroles. « Vous tous, j'ai voulu vous parler, parce que... vous le savez autant que moi... je ne vais pas tarder à clamser. ( il n'avait rien perdu de son vocabulaire familier ) Je préfère que la succession au poste de capitaine... se fasse maintenant, car il est ridicule que je garde ce titre alors que je ne peux plus rien faire. ( Kawasumi, derrière lui, fit la grimace : cela pouvait être mauvais pour lui. ) Je souhaite que la transition se fasse sans heurts... Et j'ai toute confiance en mon successeur, qui... » Il ne put finir sa phrase : une violente quinte de toux le stoppa net, et comme il semblait pas pouvoir s'arrêter, on le transporta dans sa cabine. Dès qu'il disparu de leur champ de vision, les marins se mirent à discuter vivement ; mais lorsque Kawasumi réapparut, il lança : « Bon, les gars, le capitaine a été clair, il a transmis le titre. Et comme il n'a pas cité de successeur... - Un instant ! l'interrompit un pirate. On sait tous ce que tu vas dire, Kawasumi. Si le capitaine n'a cité personne, c'est toi qui prend sa place. C'est comme ça qu'on a toujours fonctionné, mais cette fois-ci on n'a pas envie que ça se passe ainsi. Je parle au nom de l'équipage : tu t'es montré beaucoup trop autoritaire et trop méprisant avec nous ces dernières années, et personne ne veut t'avoir comme capitaine. » Un murmure approbateur parcourut l'équipage, s'amplifiant rapidement. « Le système est clair, répliqua Kawasumi, et comme tu l'as dit il a toujours été ainsi. Vous n'avez pas le droit de le remettre en question ; d'autant que si le capitaine n'a cité personne, c'est clairement qu'il souhaite que le système perdure. - Le capitaine n'a pas terminé de nous parler, Kawasumi ! ( C'était Georges, cette fois, qui était intervenu ) Il allait visiblement aborder le sujet, et tu as été un peu rapide à le ramener dans sa cabine. En plus, nous avons tous vu la tête que tu tirais quand il a commencé à parler : ça ne t'arrangeait pas ! Mais nous, on en a marre d'être traités comme des inférieurs. On ne te veux pas comme capitaine ! » Ce fut cette fois un véritable grondement qui appuya la tirade du marin. « Et qui voulez-vous, hein ? Aucun d'entre vous n'a les compétences pour ce poste ! » Un cri jaillit de l'équipage, sans qu'on sût qui l'avait poussé : « Auron ! » Et un autre le répéta, plus fort, repris par plusieurs, puis par tout l'équipage. Celui qu'on appelait à devenir capitaine était appuyé contre la rambarde, sa lourde épée à côté de lui. Il regardait la scène, à moitié surpris d'entendre son nom, et ne réagit pas. « Auron n'a aucune légitimité, répliqua Kawasumi. Il n'a aucun poste particulier, et le capitaine ne l'a pas mentionné, ne lui a jamais donné la moindre chose qui le différencierait des autres ! Il n'a pas le droit d'être capitaine ! - Nous, on lui donne ce droit ! Qu'est-ce que t'en dis, Auron ? » L'interpellé se leva lentement, prit son épée et l'attacha dans son dos. Puis il avança à pas lents vers Kawasumi, et se planta face à lui. « T'as raison, techniquement, je n'ai pas le droit d'être capitaine. D'ailleurs, je ne le souhaites pas particulièrement. Mais si ce que le capitaine souhaites, comme tu l'as dit, est la sauvegarde de l'équipage, alors il vaut mieux un capitaine approuvé par ses marins qu'un capitaine détesté, même s'il n'est pas légitime. - Ok. ( Kawasumi était furieux et jetait à tout le monde un regard enragé. ) Je vois. Puisque c'est comme ça, on va régler cette affaire à l'ancienne. Je te défie, Auron, et le gagnant deviendra capitaine ! - Je n'approuve pas ce genre de méthodes primaires. - Tu n'as donc aucun honneur ? - J'ai dis que je n'approuvais pas, pas que je ne me défendrais pas. » Kawasumi tira rapidement son sabre, et Auron dégagea lestement son épée d'entre ses épaules. Tout l'équipage retenait son souffle. Les capacités du second étaient peu connues, mais on disait de lui qu'il était très fort, et Auron n'était pas sûr de gagner. Cependant, le combat n'eut jamais lieu. Alors que Kawasumi s'apprêtait à s'élancer contre son ennemi, la porte de la cabine du capitaine s'ouvrit violemment, et Lorick apparut, toussant à s'arracher les poumons, appuyé de tout son poids contre le chambranle. Tous se portèrent à son aide ; en crachant du sang, il les écarta, et, s'appuyant sur eux malgré tout, se dirigea vers Kawasumi et Auron. Il avait ôté son manteau rouge et le portait sous le bras, ce qui ne l'aidait pas beaucoup ; mais il refusait qu'on le portât pour lui. Il atteint l'aire de duel sous le regard alerté de tout l'équipage ; et sous celui furieux de Kawasumi, il déploya le vêtement écarlate et le posa sur les épaules d'Auron en toussant. Puis, sans pouvoir dire quoi que ce soit, il retourna vers sa cabine. Malheureusement, il ne l'atteint jamais : une ultime crise de toux le fit s'écrouler, et Lorick tomba contre le pont, mort, les lèvres mouillées de sang. Ainsi, dix ans après son embarquement en tant que mousse, Auron devint capitaine. Cette ascension exceptionnelle fut approuvée par tous – c'est-à-dire que l'on ne demanda pas son avis à Kawasumi, qui fut débarqué à la première escale. Et commencèrent pour Auron cinq ans de navigation en tant que capitaine, qui restèrent dans ses souvenirs, comme parmi les meilleures de sa vie.
Chapitre III « On a un problème, Capitaine. Il faudrait que vous veniez voir. » Auron leva les yeux de la carte marine sur laquelle lui et Georges étaient penchés. La voix du pirate, à travers la porte de la cabine, semblait tendue. Cela n'était jamais arrivé, du moins pas à ce point-là : le marin qui parlait était d'un naturel calme. Les deux amis se levèrent, et sortirent sur le pont. Il y avait beaucoup de vent, et le manteau rouge d'Auron claquait ; il avait pris l'habitude de le maintenir avec une ceinture, d'autant plus utile qu'il n'enfilait qu'une manche. Il portait son épée dans le dos, comme son habitude. Lorsqu'il sortit sur le pont, il vit l'ensemble de son équipage penché contre la rambarde, murmurant d'un air apeuré. Et immédiatement, il comprit la raison de cette agitation : un énorme navire Marine flottait à quelques milles d'eux, et semblait les prendre pour cible. Ce n'était pas la première fois qu'un navire Marine les attaquait. Durant les quinze ans de navigation qui avaient été les siens, une vingtaine de navires armés les avaient pris en chasse, et tous avaient été vaincus, ce qui avait offert une petite réputation au capitaine Lorick puis à Auron. Mais ce navire-là semblait différent : il était plus gros, et surtout son pavillon était légèrement différent. Jetant un coup d’œil dans la longue-vue, Georges dit d'une vois tremblante : « Un navire officiel. Ils ont un haut gradé à bord. » Un long silence suivit cette déclaration. Tous les regard se tournaient vers le capitaine. Auron ôta son épée de son dos, et s'appuya dessus pour une courte réflexion. Puis, il dit d'une voix qu'il voulait assurée : « On n'est largement pas de taille. On se barre. » Aussitôt, Georges lança des ordres, et tous les pirates se mirent en branle pour diriger le navire dans la direction exactement opposée à celle du navire Marine. Auron resta immobile, les yeux fxés sur le danger. Ce bateau était vraiment rapide. Georges passa près de lui ; il l'attrapa par le bras. « Jo. On a une chance ? » Georges soupira, regardant le navire ennemi. « Ils sont très rapides. Beaucoup plus que nous. J'ai peur que l'on ne s'en sorte pas. - Ne dis rien à l'équipage. - Évidemment. » Ils firent donner toute la voilure ; cela ne suffit pas. Ils firent larguer tout le leste qu'ils pouvaient ; cela ne suffit pas. Ils mirent le maximum de monde aux rames ; cela ne suffit pas. En une vingtaine de minutes, la Marine les avait rattrapés, et étaient à une quinzaine de mètres derrière eux. Le navire était énorme ; sur pont étaient rassemblés une centaine de soldats, et, devant eux, près de la figure de proue, un grand homme, portant le manteau des officiers, dégainait son sabre. Sur le pont du navire pirate, chacun se préparait, sortant les sabres des fourreaux et chargeant les pistolets. Chacun avait peur, y compris Georges et Auron. Et lorsque l'abordage commença, le capitaine dut serrer très fort son épée pour ne pas la lâcher. Les Marines débarquèrent rapidement et efficacement. Le première vague amena une trentaine de soldats, autant que l'équipage pirate ; la deuxième suivit rapidement, doublant ce nombre. Les combats avaient commencé, et partout résonnaient les sabres et les coups de feu. Auron vit arriver sur lui un soldat : il leva des deux mains son épée du côté droit, et, d'un coup puissant, fendit le ventre du Marine en deux. Puis il plongea dans le combat ; il prit son épée à une main, comme il avait appris à le faire durant les cinq dernières années, et attaqua un ennemi qui s'en prenait à un pirate. Il para le coup, mais ses jambes fléchirent, et Auron en profita pour lui donner un coup d'estoc qui le perça a niveau du torse. Dégageant sa lame, Auron s'assura de la bonne santé de son coéquipier d'un regard, puis se retourna vers un Marine avec qui il échangea quelques coups avant de briser son sabre d'un coup lourd et de le tuer. Deux Marines se jetèrent sur lui : faisant tournoyer sa lame il les fit reculer, et parvint à les tuer un par un. Le combat continuait ; mais pour un pirate il y avait deux Marines, et ce ratio empira lorsque la troisième vague de soldats débarqua sur la bateau pirate. Auron se battait comme un diable, et malgré son amour du combat, cette sorte d'exaltation qui l'envahissait, il avait terriblement peur il voyait ses camarades tomber autour de lui, un par un. Il avait déjà été blessé au visage, sur l’œil droit, et avait du mal à voir. Mais les cadavres s'assemblaient autour de lui, et sa fatigue ne l'empêchait pas de lever son épée avec rage. Mais soudain, une grande silhouette se dressa devant lui, tenant un sabre à lame large. C'était l'officier, enveloppé dans un grand manteau bleu. D'un regard, Auron sut qu'il ne ferait pas le poids. Il recula, sans quitter son adversaire des yeux ; celui-ci avançait, sabre en avant, sans rien dire. Mais bientôt, enjambant le cadavres, Auron atteint le bord du pont. « Tu ne peux plus reculer, Capitaine ? fit le Marine d'un air railleur. - Et toi, tu oseras avancer ? » L'autre leva son sabre, et se jeta sur Auron. La lame s'abattit, fut parée ; mais sous la puissance du choc, le capitaine pirate plia les genoux ; son adversaire répéta son attaque de la même façon, et Auron laissa échapper son épée. L'officier lui mit sa lame sous la gorge. « Tu as de la chance d'être capitaine, dit-il. Sinon tu seras déjà mort. On va t'amener en prison, tu verras, tu vas t'y plaire. - Épargnez mes amis, et je ne fais pas de difficultés. - Pas besoin de les épargner, je te jure que tu ne seras pas en état de faire des difficultés. » Comprenant que tout était perdu, pour lui comme pour son équipage, Auron se résolut à tenter le tout pour le tout. Du poignet droit, il écarta vivement la lame de sa gorge, et se jeta sur le côté, attrapant son épée. D'un geste souple il la fixa dans son dos ; et avant que quiconque n'ait pu le rattraper, il se jeta à la mer. Lorsqu'il se réveilla sur une plage, il était seul.
Chapitre IV Auron fut traumatisé par l'attaque du navire Marine. Personne n'avait survécu, c'était impossible ; il avait déjà eu de la chance de pouvoir s'échapper, comment un autre aurait-il pu ? Et l'officier avait été clair : il n'y aurait pas de quartier. Il était seul. Ce choc psychologique, cette perte, il ne parvint pas à l'assimiler. Il erra quelques temps en se demandant pourquoi il vivait encore ; puis, arrivant dans un village côtier, il alla se saouler dans un bar. N'ayant pas d'argent, il ne put pas payer, et fut arrêté par la police locale. On lui proposa de choisir entre la prison et la vente de ses biens pour pouvoir payer ; il vendit son épée et fut libéré. Commencèrent pour lui cinq années terribles, cinq années où il but sans s'arrêter. Il devint un alcoolique parmi d'autres, car le village était un affreux endroit, repère de tout de ce que région comptait de brigands, voleurs et autres individus de déplaisante compagnie. Il passait ses journées à travailler dans une arrière-boutique sordide, et ses soirées à dépenser l'argent gagné dans une taverne sombre, affalé dans un coin, des chopes de bières vides devant lui. Son manteau rouge, unique souvenir de son passé, était en permanence taché de rhum et de boue. Il couchait sur une paillasse, dans un hôtel miteux tout d'abord, puis sous un pont. Il était en permanence saoul, ou en pleine gueule de bois ; il était devenu une véritable loque, et était dépourvu de toute volonté autre que celle de boire. Il n'avait plus rien à voir avec le jeune pirate ou avec le fier capitaine qu'il avait été ; il beuglait de temps en temps, mais souvent s'enfermait dans un silence assommé qui aurait fait penser à un coma s'il ne buvait pas à intervalles réguliers. Et il aurait fini sa vie dans cet état sans une rencontre qui le ramena sur un chemin plus glorieux. Un soir parmi d'autres, où il comatait dans un coin, le manteau sale et la main tremblante, un homme s'approcha de lui. « Auron ? » L'interpellé ne réagit pas tout de suite. L'inconnu dut réitérer son appel. « Auron ? C'est toi ? » Auron leva les yeux, et dévisagea son interlocuteur. Il lui fallut un instant pour reconnaître Georges. Hébété, il ne sut que bégayer : « J... Jo ? C'est toi ? - Mais oui, c'est moi, vieux ! - C... Comment ça va ? fit Auron en se levant difficilement pour embrasser son ami. - Mais, bien, bien ! Mais toi, qu'est-ce qui t'es arrivé ? Je n'aurais jamais imaginé te retrouver dans cet état ! - Tu parles... Depuis la mort de l'équipage, je fais que boire... que boire... - Tu te sens responsable, hein ? C'est tout toi, ça. - J'ai rien pu faire, merde... - Personne n'a pu. C'est déjà un miracle que nous soyons deux à y avoir réchappé. Tiens, regarde ce truc, ils me l'on fait alors que je sautais par-dessus bord. » Georges leva son t-shirt, et montra une cicatrice violette, comme un gros hématome. « La balle est encore dedans. Toi, je vois qu'ils n'ont pas loupé ton œil. - J'y vois encore avec... - Et tu t'es regardé ? - Ta gueule... - Non, sérieusement ! Tu sais à quoi tu ressembles ? Merde, je pensais te retrouver en meilleur état ! J'aurais même jamais pensé que tu pouvais être comme ça... - Ta gueule, j'ai dis... Et puis, comment tu savais que j'étais en vie ? - Réponds-moi d'abord. T'es fier de ce que t'es devenu ? - Et comment je pourrais ? hurla Auron. Hein, comment ? Tu crois que je sais pas ce que je suis ? Tu crois que ça me fait plaisir de nager dans la crasse et l'alcool tous les jours ? - Pourquoi t'essaies pas de changer ? - Comment je pourrais ?... Je ne sais rien faire... Juste me battre, mais dans mon état... L'autre jour, je me suis fait dérouiller par deux gamins des rues... J'ai rien pu faire, j'en avais même pas envie... » Georges soupira. C'était difficile pour lui de retrouver son ami dans cet état. Mais il n'avait pas l'intention de le laisser tomber. « Suis-moi, vieux. Je vais te montrer un truc. - C'est quoi comme connerie ? - C'est pas une connerie. Suis-moi. - Ouais, ouais... Aides-moi à me lever, tiens... » Georges souleva avec difficulté son ami, et le laissa tituber à sa suite. Ils se dirigèrent vers l'endroit le moins mal famé de la ville, où Georges avait prit une chambre d'hôtel. Ils entrèrent, sous le regard vide de l'homme à l'accueil, et montèrent un étage. Georges dut presque porter Auron, qui était réellement imbibé d'alcool et puait à plein nez. Puis ils entrèrent dans la chambre, et l'ex-capitaine se jeta sur le lit, où il tomba comme une pierre. « Tu m'as dit que t'aimerais bien changer, c'est ça ? fit Georges. - J'sais plus... M'en fous... - Ça m'étonnerais que tu t'en foutes, dit Georges en disparaissant dans une pièce à côté. A mon avis, t'aimerais bien redevenir le fier pirate que t'étais autrefois... Tu sais, celui qui inspirait un respect naturel, qui 'est fait choisir par son équipage sans rien avoir demandé... - C'était quelqu'un d'autre. - Non, c'était toi. Tiens, j'ai ça pour te le rappeler. » Georges revint, portant un long paquetage qui semblait plutôt lourd. Il s'assit sur le lit, à côté de son ami, et commença à déballer le paquet sous les yeux étonnés de l'autre. Petit à petit, il vit se dénuder une lame qu'il connaissait parfaitement pour l'avoir manié durant près de dix ans. C'était son épée dans le paquet, intacte. Il la voyait comme s'il la redécouvrait. A travers elle, c'était tout son passé qui revenait, le même qu'il avait essayé de fuir durant cinq années d'alcoolisme. La lame rutilait ; il apercevait à travers elle les flots brillants qu'il avait chevauchés autrefois. Il lui semblait que c'était vingt ans auparavant. Tendant une main tremblante, il recula soudain ses doigts. « Je peux ? - Cette question... » Auron enroula timidement ses doigts autour de la poignée et la souleva. Il lui sembla que sa faiblesse s'en allait, comme si c'était l'épée qui lui rendait la force qu'il avait vendue avec elle. Il se redressa insensiblement, et, se mettant debout, donna un coup de taille dans le vide. Un second suivit immédiatement, et un troisième ; c'était comme si aucune faiblesse ne l'avait jamais habité. Auron se prit à rire, et agita son épée quelques instants avant de la planter dans le plancher, qui fut traversé comme du beurre. « Comment l'as-tu retrouvée ? - Un officier local se baladait avec. Je lui ai demandé comment il l'avait eue, comme si j'étais collectionneur ; il m'a parlé d'un collègue qui l'avait confisquée. J'ai immédiatement compris qu'il y avait une chance pour que tu sois en vie ; alors je lui ai demandé l'adresse de ce collègue, et, le lendemain, je lui ai volé l'épée. Ensuite, j'ai recherché ce mec, ce qui m'a pris un petit bout de temps. J'ai fini par le trouver, et il m'a dit qu'il l'avait confisquée à un poivrot pour payer son alcool. J'ai eu peur, me disant que c'était peut-être juste un alcoolique qui l'avait trouvée, et que finalement tu étais peut-être vraiment mort. Mais j'ai continué mes recherches : je lu ai demandé où devait être ce poivrot, il m'a indiqué cette ville, et me voilà. - Ça dû te prendre énormément de temps ! - Ça fait deux ans que j'y suis. - Deux ans... Merci, mon ami... Vraiment, merci... » Trois jours plus tard, ils étaient sur le quai principal du port de la ville. Auron avait l'impression de sentir l'odeur de la mer pour la première fois depuis cent ans. Il n'avait pas bu depuis leurs retrouvailles, et malgré une sensation de manque de deux jours, il se sentait déjà mieux. Quelques passes d'arme lui avaient fait retrouver ses réflexes et sa force. Il se sentait prêt à repartir à l'aventure. « Tu viens avec moi, Jo ? - Euh... Non, vieux. Tu sais, quand je t'ai raconté ma recherche, l'autre jour, j'ai sauté un passage. La recherche elle-même m'a pris un an sur les deux ; le second, je l'ai passé avec une femme que j'ai rencontré en chemin. J'ai fini par repartir, parce que je sentais que j'étais prêt du but et je ne voulais pas m'arrêter là ; mais maintenant, je vais la rejoindre. - L'aventure ne te tentes plus, alors ? - J'ai quarante-et-un ans, vieux. A cet âge-là, on se calme ! - J'en ai bien quarante, moi. - Oui, mais toi, tu es fou ! Et puis, tu verras dans un an ! - Ouais, je verrais... Merci encore, Jo. Je ne le dirais jamais assez. - T'inquiètes. Ça ira, sur l'eau ? - Je vais sans doutes avoir mal aux yeux, vu tout le temps que j'ai passé dans ce cloaque sombre. Mais ça ira. - Tiens, prends ça, fit Georges en sortant de sa poche une paire de lunettes de soleil qu'il tendit à on ami. - Encore un cadeau... Comment je peux te rendre tout ça ? - Pas besoin, vieux Pas besoin. » Ils s'embrassèrent. Puis, sans un mot de plus, Georges se retourna, prit les valises qu'il avait posées sur le quai, et s'en fut. Avant de tourner à l'angle d'un bâtiment, il jeta un dernier regard à son ami, et disparut. Ils ne devaient plus se voir avant longtemps. Auron tourna son regard vers la mer, et, ébloui, mit les lunettes de soleil que lui avait données son ami. Le vent faisait claquer son grand manteau rouge, et son épée pesait agréablement dans son dos. Le manteau était à nouveau propre ; il s'était coupé les cheveux. Il avait quarante ans, se sentait comme à vingt. C'était une nouvelle vie qui commençait pour lui. Et comme premier acte du défi qu'il lançait à la vie, il alla casser la gueule aux deux gamins des rues qui l'avaient frappé quelques jours auparavant.
Dernière édition par Auron Sephos le Mer 28 Déc 2011 - 11:09, édité 1 fois | |
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| Sujet: Re: Auron, le mec en rouge Mar 27 Déc 2011 - 20:21 | |
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En entrant dans la ville, Auron sut immédiatement qu'il ne se plairait pas ici. Les premières maisons n'étaient que des cabanes de bois mouillé, étroites, parfois sans fenêtres. Certaines n'avaient pas de portes, et l'on devinait en jetant un coup d’œil un intérieur humide, boueux, sans plancher, avec deux chaises et des paillasses en guise d'ameublement. Tout cela sentait la terre mouillée et la paille sale ; les quelques personnes qu'il croisa firent horreur à Auron tant ils étaient sales et miséreux. Dans le même temps, il ne pouvait s'empêcher d'éprouver un peu de pitié, car au final, ces gens ne faisaient que subir la misère. En avançant vers le centre de la ville, la qualité de vie des habitant s'améliorait quelque peu, et les maisons étaient plus grandes, mieux construites. Cependant aucune n'avait d'étage ni n'était en pierre ; et au milieu des tavernes sordides et des cloaques moites, parfois, émergeait un commerce sur le déclin, tenu par une vieille à la peu rêche. Fort heureusement, Auron n'était que de passage dans cette bourgade ; il s'en félicitait justement lorsqu'il aperçu, au coin d'une rue, un groupe de jeunes qui l'observait. A leur regard et à leur apparence, Auron devina qu'ils étaient des voleurs des rues, des petits truands et racketteurs sans envergure, et n'y fit pas plus attention. Il se dirigea vers l'hôtel qui semblait le moins moisi, et entra. Le couloir sombre qui servait d'entrée à cet établissement sentait autant l'humidité que le reste de la ville. Il s'allongeait dans l'obscurité, illuminé avec difficulté par la lampe qui brillait au-dessus de la réception. Un homme, gras, portant un marcel sale, y était affalé, et lisait la rubrique faits divers du journal. Auron s'approcha, et, une main sur le comptoir, attendit une réaction de l'homme. Cependant, rien ne se passa : l'autre continuait à lire en se grattant le dos. Agacé, Auron prit la parole. « Eh, Monsieur. - Mmm ? fit le guichetier en levant ses yeux du journal à regret. C'pour quoi ? - Une chambre. - M'aurait étonné... Y'a la quatre qu'est libre. C'est cinquante berries la nuit. - Cinquante ? Vous vous foutez de moi ? Cinquante berries pour dormir dans ce truc ? - Si vous êtes pas content, allez voir ailleurs. C'pas moins cher. Maintenant, si vous voulez m'excuser... » Et il replongea le nez dans son journal. Auron renifla. Il n'avait pas envie de payer autant, mais il se doutait que l'homme ne mentait pas ; de toutes les manières, il n'avait certainement pas envie de rechercher dans toutes les auberges de la ville laquelle était la moins chère. Aussi fouilla-t-il dans sa poche intérieure et jeta-t-il la somme demandée sur le comptoir. « Je la prends. Je reviens plus tard, évitez d'oublier qu'elle est louée. - Comptez sur moi, mon bon seigneur », répondit l'autre en riant gras. Il sortit. Il était environ dix-neuf heures, et malgré son intention de se coucher tôt, il désirait dîner ; il alla donc dans la taverne la plus proche, donc l'ambiance lui rappelait un peu celle dans laquelle il avait passé cinq années de son existence. C'était bruyant, cela sentait l'alcool à plein nez ; des types gras, à la peau luisante et au visage boursouflé riaient d'une voix épaisse en mouillant le plancher avec leur bière ; dans un coin, deux jeunes s'insultaient ; les serveuses, en tenues adaptées à la clientèle masculine, louvoyaient entre les tables en portant des plateaux de chopines débordantes d'alcool. Un bien jolie taverne que celle-là, mais Auron était épuisé par sa longue marche et n'eut pas la force d'en chercher une plus accueillante : il aperçut une table libre et alla s'y asseoir. Bientôt une serveuse vint le voir : il commanda un steak et des clémentines. Ces plats arrivèrent assez rapidement, ce qui semblait étrange au vu du nombre de clients mais qui expliquait l'apparence de la nourriture : le steak était à peine cuit et les clémentines semblaient dater de plusieurs jours déjà. Charmant. Auron avala le tout le plus vite possible pour ne pas sentir le goût et noya le tout avec un verre de rhum ; puis il se leva, alla payer et sortit. Il était resté un quart d'heure, et il n'en voulait pas plus. A peine sorti de la taverne, il aperçut, sortant de l'auberge où il avait loué une chambre, sortir la bande de voyous qui l'avait observé un peu plus tôt. Eux aussi le virent, et s'en furent rapidement. Sentant qu'il arriverait quelque chose avec ces bonshommes-là, Auron entra dans l'hôtel et se planta devant le guichetier. « Dites-moi, mon bon monsieur, la bande de jeunes qui vient de sortir, a-t-elle posé des questions particulières ? - La bande de jeunes ? demanda l'autre sans lever les yeux de son journal. Quelle bande de jeunes ? Y'a pas eu de bande de jeunes. Auron garda son calme et rajusta ses lunettes. - Vous savez, mon bon, mon excellent monsieur, que si je porte dans le dos une épée dont la lame possède une longueur supérieure à celle de votre bras, c'est qu'il doit y avoir une raison. ( L'autre le regarda, soudain alerté. ) Une bonne, une excellente raison. - J'vous l'ai dit, M'sieur, y'a pas eu de bande de jeunes... Mais ses yeux regardaient vers la porte, et sa voix était altérée. - Ah... C'est dommage. S'il y en avait eu une, j'aurais été content. Mais puisque ce n'est pas le cas... » Il leva la main et toucha le manche de son épée en regardant le guichetier par-dessus ses lunettes. L'autre réagit au quart de tour. « Attendez, Monsieur, je vais tout vous dire ! Y'a bien eu des jeunes, ils ont posé des questions sur vot'compte, le mec à la grosse épée qu'ils vous appelaient, ils voulaient savoir c'que j'savais, des trucs sur vous, mais j'savais rien, alors y' m'ont demandé vot'numéro de chambre et j'l'ai donné, parce que j'suis un honnête homme et que j'veux pas d'ennuis mais s'il vous plaît m'faites pas d'mal je suis juste un pauvre malheureux qui demande plus qu'un peu de tranquillité ! » Il avait dit tout cela très vite, sans respirer. Auron eut un petit sourire et baissa le bras. Comme il le pensait, il allait y avoir du sport. « Je dors toujours dans la même chambre, dit-il. Quand ils viendront, vous les laisserez passer sans les prévenir. Quant ils partiront aussi. S'ils partent. » Puis il alla s'installer, laissant l'homme reprendre ses habitudes. Il était encore tôt, mais Auron était fatigué, aussi s'allongea-t-il rapidement ; cependant, il plaça son épée debout, adossée contre le battant de la porte. Puis il s'endormit, sans utiliser la couverture. En s'ouvrant, la porte poussa l'épée, qui tomba sur le sol avec fracas et réveilla Auron ; celui-ci, dormant face à l'entrée et non encombré par la couverture, se réveilla d'un bond et sauta sur son arme ; avant même d'avoir vu à qui il avait affaire, il était en position de combat. C'était bien la bande de voleurs qu'il avait vu la veille. Ils étaient tous un peu surpris par cette réaction imprévue de leur victime. Mais celui qui semblait être le chef les ragaillardit en insultant Auron. « Eh bah, le vieux ? On peut savoir ce que tu fais avec une épée comme ça ? C'est pas trop lourd pour toi, tu tiendras le coup ? - Et pourquoi t'as une épée grande comme ça, renchérit un autre alors que le reste de la bande riait bêtement. T'as quelque chose à compenser ? » Auron ne prit même pas la peine de répondre. Des gamins, se dit-il. Dans leur tête encore plus que physiquement. Un gamin, ça ne se tue pas, ça se corrige. Il décida alors de ranger son épée dans son dos, et de mettre une rouste à ses adversaires à la force des poings. A vue de nez, ils étaient sept ou huit. Tous avaient des couteaux. Auron fit un pas vers le chef, le plus proche de lui, et avant que celui-ci n'eut pu réagir, il lui envoya un crochet magistral du droit : le jeune homme s'écroula sur son camarade de derrière, groggy. A cette vue, quelques jeunes reculèrent, mais les autres se jetèrent sur Auron en hurlant de rage. Le premier tenta un coup d'estoc avec son couteau ; le guerrier attrapa le poignet de son adversaire et le tira à lui, tout en donnant un grand coup du plat de la main sur son front. Le jeune homme tomba à terre, douloureusement étourdi. L'adversaire suivant tenta un coup de taille ; Auron bloqua, et, s'arc-boutant, s'élança dans le ventre de son ennemi pour les projeter tous deux dans l'ouverture de la porte, éparpillant du même coup les voyous qui s'y trouvaient. Ils allèrent s'écraser contre le mur du couloir, et le jeune, le souffle coupé et une côte cassée, resta à terre. Il restait cinq personnes. Le premier à tomber fut celui qui avait rattrapé le chef : il se jeta sur Auron, couteau en avant, et fut très surpris de voir sa cible se baisser pour éviter la lame ; juste après, il recevait un spectaculaire crochet du gauche en plein ventre et s'écroulait. Le second suivit immédiatement : il attaqua Auron par une attaque verticale. L'homme en rouge attrapa ses avant-bras et donna un grand coup de pied entre les jambes de son adversaire, qui ne poussa un cri avant de s'éloigner pitoyablement. Le troisième et le quatrième attaquèrent ensemble : chacun se trouvait d'un côté différent d'Auron, et, le couloir étant étroit, celui-ci ne pouvait esquiver. Aussi se tourna-t-il vers l'un des deux pour bloquer son coup ; il avait repéré l'attaque de l'autre, et, devinant la trajectoire de son arme, se plaça de manière à ce que l'épée dans son dos bloque le coup. Cela réussit : les deux attaques furent arrêtées, et, utilisant un voleur pour taper sur l'autre, Auron envoya les deux valdinguer dans le couloir. Le dernier, enfin, se crut plus malin que les autres : il avait ramassé le couteau de l'un de ses camarades, et avait donc deux armes. Il donna un premier coup ; Auron aurait voulu lui attraper le poignet, mais eut peur de se gêner pour éviter l'attaque suivante. Il para donc simplement, et put attraper l'autre poignet, bloquant ainsi un bras de l'agresseur. Mais celui-ci attaquait déjà de son membre libre ; Auron esquiva, et attrapa ensuite le second poignet. Il tenait son adversaire, et put donc, dans cette position, l'assommer d'un coup de boule qui fit craquer le nez du jeune homme, lequel s'écroula comme les autres. Le combat était terminé. Auron jeta un regard à ses adversaires hors d'état de se battre, et lança au seul debout, celui qu'il avait frappé à l'entrejambe : « Eh, toi. Tu me débarrasses le plancher, vite fait. » L'autre ne se le fit pas répéter, et enjamba les corps, se dirigeant rapidement vers la sortie. « Un instant, gamin, l'arrêta Auron. Je voulais dire, débarrasser le plancher au sens propre. Vire-moi tes petits camarades de là. » Le guichetier put donc assister à un spectacle unique en son genre, qu'il répéta souvent en ces termes à ses petits-enfants : « Y'avait un fou, un vrai dingue, qui s'était ramené dans mes piaules. Il avait un graaaaand manteau qui traînait par terre, et une épée plus grande que lui, avec une lame épaisse comme mon bras, pis des lunettes que tu voyais pas ses yeux ! Y' dormait dans la quatre, pis y'a une bande qu'est venue lui chatouiller les naseaux, tu vois le genre. C'était vers la mi-nuit, j'ai entendu des bim, et des bam, et pis des cris, mon vieux ! J'ai rien vu mais je te jure qu'ils ont dû manger, les jeunots ! Pis juste près, j'en ai vu l'un d'eux qui traînait ses potes dehors, tellement qu'ils étaient plus en l'état ! Pis quand j'lui ai d'mandé ce qu'il s'était passé, il m'a répondu avec une voix comme si on les lui avait boyées : « C'est un monstre ! Un vrai monstre ! » Et pis y' s'est barré. Le mec en rouge, il est parti le lendemain, même qu'il m'a félicité pour la tenue de mon établissement, ouais ! Pis il s'est barré, on l'a jamais revu. Moi j'vous dis que c'est tant mieux, parce que des mecs comme ça, ça vous bastonne les voyous, mais j'vous le dis : c'est pas bon pour le commerce. » Outre le bon goût évident et l'irréprochable sens de la vérité de ce guichetier, nous pouvons retenir de cette histoire que, comme pas mal de pirate, Auron, faut pas trop lui chatouiller les naseaux.
Dernière édition par Auron Sephos le Mer 28 Déc 2011 - 11:16, édité 1 fois | |
| | | Kurogane Shinobu Bras droit de la Marine
Profil Psy : Stupide! Nombre de messages : 675 Fruit du Démon : Kaze Kaze no mi
[Feuille de personnage] • Renommée: 3500 • Wanted: 0 • Grade dans la Marine: Contre-Amirale
| Sujet: Re: Auron, le mec en rouge Mar 27 Déc 2011 - 22:48 | |
| hum, juste un petit effort de mise en forme pour l"histoire (couleur différent en fonction du personnage qui parle) et tout sera bon. | |
| | | Auron Sephos Nouveau
Nombre de messages : 28
[Feuille de personnage] • Renommée: 70 • Wanted: 0 • Grade dans la Marine: /
| Sujet: Re: Auron, le mec en rouge Mer 28 Déc 2011 - 11:17 | |
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| | | Cyanure Pirate légendaire
Profil Psy : Mauvaise jusqu'à l'os! Nombre de messages : 2460 Fruit du Démon : Toro Toro no mi
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| Sujet: Re: Auron, le mec en rouge Mer 28 Déc 2011 - 11:50 | |
| rang 2 voire 3 fonction de l'avis du second validateur | |
| | | Elya Tose Trappeur
Nombre de messages : 543 Age : 31 Fruit du Démon : Hebi Hebi No Mie (modèle Anaconda) : Fouet
[Feuille de personnage] • Renommée: 2300 • Wanted: 0 • Grade dans la Marine: /
| Sujet: Re: Auron, le mec en rouge Jeu 29 Déc 2011 - 1:17 | |
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| Sujet: Re: Auron, le mec en rouge | |
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| | | | Auron, le mec en rouge | |
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