En route ! [pv]

Visiblement, Fukami avait abandonnée l’idée de lancer des recherches sur mes traces, pour des raisons qui me sont inconnues mais qui me soulage tout de même. J’attendis tout de même un petit moment, pour être sur puis ressortis du parc comme je le pu. Direction le grove où dormaient normalement encore mon navire, et le sous-marin d’Ilia. En parlant d’elle, elle devrait avoir encore Lola avec elle. J’espère qu’il ne leur ait rien arrivé … Les minutes passèrent alors que la distance entre moi et la marine augmentait difficilement. Je passai devant un nouvel établit qui servait sans doute à quelque chose de très intéressant autre fois mais qui ne ressemble plus à grand-chose maintenant, et récupérai une planche de bois pour m’en servir de béquille le temps du voyage. La vie est dure.

Normalement l’artisan revêteur devrait avoir fini son boulot. Pour le prix exorbitant qu’il demandait, il a intérêt à avoir fait du bon travail. Sinon même avec une cheville en moins, il va m’entendre. Je jetai un coup d’œil au numéro du grove sur lequel j’étais actuellement, plus qu’un à passer pour enfin arriver aux bateaux. Deux silhouettes bien connues apparurent soudainement dans mon champ de vision, et qui fit tout aussi soudainement revenir mon sourire. Ilia et Lola, elles allaient bien. Je vérifiai rapidement qu’aucun marine ne soit dans les parages, puis je retirai mon invisibilité avant de les appeler haut et fort avec le bras droit qui s’agitait en l’air.

« Ilia !! Lola !! Je suis là !! »

Plus qu’à espérer que la jeune brunette ne se moque pas trop de moi en me voyant dans cet état. Mais si on regard bien, à part la cheville, je n’ai pas beaucoup de blessure.

Ilia me lança sur un ton moqueur en me regardant boiter comme une pauvre vieille femme :

« Tu sais que t'es horrible à voir ? Viens, je vais t'aider ... Lola, ne regarde pas le corps de ta mère ... Déjà, elle est à moitié nue, et en plus, ce que tu risques de voir pourrais te choquer ... »

Je lui souris et esquissa un petit rire. Ce n’est pas entièrement faux, j’ai connu des jours meilleurs. J’acceptai très volontiers son aide et ensemble nous reprîmes la route vers nos embarcations. La jeune fille en profita pour me prévenir que pour l’enrobage, il ne faudra finalement pas deux heures, mais deux jours. Ça fait une sacrée différance. Tous les mêmes ces artisans. Bon bah, comme elle le jugera, on allait pouvoir utiliser ce temps pour prendre soin de moi. Une idée qui me plut particulièrement. On se glissa a tour de rôle dans le sous-marin, tout de faisant bien attention aux gestes brusques. C’est rigolo à voir, même Lola aidait Ilia à faire attention à ce que je ne me fasse pas plus mal. Comme si pour une fois c’était moi l’enfant et pas elle. J’eu même droit à un lit de fortune, et à des premiers soins digne des meilleurs élèves de l’école de la Marine. Pendant qu’elle posait le bandage, je lui sortis en prenant un air faussement surpris :

« Je suis si horrible que ça ? J’aurais pensée que je te plairais davantage comme ça. Hihihi. »

La bonne blague, mais c’est bon de rire, ça aide à la guérison il paraît. Ilia fit rapidement le tour de son submersible et annonça qu’elle faire quelques courses sans quoi on risque fort de mourir de faim avant d’arriver sur l’île des hommes poissons. Et elle termina même en laissant la grande mission à Lola de prendre soin de sa maman et surtout de m’empêcher de me lever. Puis elle disparu à l’extérieur. Un nouveau rire s’échappa de ma bouche. Lola prit sa mission très au sérieux par contre, avec ces petites mains elle récupéra même un chiffon à côté du lit, qu’elle passa sous l’eau froide et qu’elle me mit sur le front. Tellement chou cette petite. De sa voix d’enfant, elle me demanda en regardant le bandage à ma cheville :

« Dit maman, ça fait mal ?

- Un petit peu oui, mais si je ne bouge pas, ça va. » Lui répondis-je en lui caressant ses cheveux blonds.

« Alors il ne faut pas que tu bouges. Ilia l’a dit, interdiction de se lever ! Alors t’as pas le droit de te lever, d’accord ? Si tu veux quelque chose, demande-moi.

- Très bien chef ! »

Elle s’installa à côté de moi et regarda dans tous les sens la structure du sous-marin. C’est la première fois, comme pour moi, qu’elle visite l’intérieur d’une embarcation comme celle-ci. Du métal partout, c’est rond, étroit et étendu sur la longueur. Un petit submersible bien utile, avec visiblement tout l’équipement d’un véritable navire Marine. Il avait du coûter cher à sa fabrication, sans doute. Enfin bref, maintenant on ne peut plus qu’attendre le retour d’Ilia. Le silence s’installa progressivement, pendant que Lola faisait des allers-retours entre moi et le robinet pour garder constamment humide le morceau de chiffon, avec un air particulièrement sérieux et concentré. Quelques minutes passèrent puis je repris la parole :

« Lola, il faut que l’on parle. C’est très important. » Elle se posta face à moi et attendit. « Comme tu as pu le voir, le monde que tu connaissais jusqu’à maintenant n’existe plus. Maintenant je suis une ennemie du gouvernement. Je t’en avais parlée avant d’arriver ici tu te souvient ? Tu n’es plus en sécurité avec moi. Même si je suis et je serais toujours prête à donner ma vie pour te protéger, je ne suis pas assez forte pour que tu continues à vivre et à te balader librement comme tu le faisais avant … » Je pris une inspiration et continuai. « Donc j’ai pensée à quelque chose. Je connais quelqu’un peu te protéger. C’est quelqu’un d’extrêmement fort, beaucoup plus que moi, ou Ilia ou même Nagi. J’ignore s’il acceptera, j’en parlerais avec un ami quand on arrivera sur l’île des hommes-poissons. Mais c’est la seule solution qui pourrait t’aller.

- Tu … tu veux te débarrasser de moi ?

- Absolument pas ! » Répondis-je en me redressant soudainement et la prenant par les épaules. « A aucun moment je ne voudrais t’abandonner. Jamais, tu m’entends ? Mais rien que l’idée de te perdre pour toujours m’est insupportable. Je ne supporterais pas de te perdre, mais si on reste ensemble, cela finira obligatoirement par arriver. Alors je veux faire quelque chose avant, pour empêcher ça. Et la seule chose qui garantirait ta sécurité, ce serait de te confier à cette personne extrêmement forte. Ce n’est pas n’importe qui, il suit la voie de la divinité, de la justice et de la pureté. Je sais qu’il ne te fera pas le moindre mal, ce serait contre ses principes. » Lola me regarda sans vraiment comprendre. « On en reparlera plus tard d’accord ? Quand Ilia et Nagi seront là. Comme ça tu pourras avoir leur avis si tu veux. »

Je lui embrassai le nez et la serrai fort dans mes bras. Qu’est-ce que je l’aime cette petite puce. A en mourir.

Quelques minutes plus tard, Ilia revint avec deux gros sacs pleins de provisions. Elle remarqua d’ailleurs qu’il venait de se passer quelque chose, au vu de l’air triste de ma petite blondinette. Je gardai le silence en la regardant elle puis Ilia, puis à nouveau comme si je voulais trouver un lien inexistant entre ces deux demoiselles. La petite révolutionnaire se mit à ranger toutes ses provisions et revint vers moi :

« J'ai remarqué que tu avais les cheveux collants ... On dirait qu'on t'a mis de la colle dedans ou quelque chose du genre. Alors tu vas profiter d'une bonne petite douche ! Je vais t'aider à le faire. J'ai décidé d'écarter mes sentiments, pour éviter les conflits dans l'équipage. Nagi m'a énervée, mais c'était sur sa façon de se comporter. J'espère que tu comprends pourquoi je ne veux pas aller plus loin dans notre relation. Il risquerait de n'y avoir qu'une mésentente entre nous. »

Je lui souris et répondis :

« Oui je comprend. C’est ton choix, je ne compte pas te forcer à me suivre, ça ne me plairait pas plus à moi qu’à toi. Pour ce qui est des cheveux, j’ai évitée le pire, si t’aurais vu la façon de se battre, à cette grâce de marine limace. Une véritable horreur … »

La jeune fille se rapprocha de mon oreille et me chuchota qu’elle n’aurait certainement plus qu’une autre aventure amoureuse après la notre. Que j’étais trop joueuse et que cela lui ferait perdre ses moyens si on continuait ensemble. Quelle curieuse idée. Je me levai du lit sans m’appuyer sur ma cheville et pris son épaule droite en main pour garder l’équilibre dans un si petit espace, pendant que de l’autre je lui redressai le menton pour la regarder bien dans les yeux. Nos nez pouvaient presque se toucher tellement je m’étais rapprochée d’elle.

« Et donc tu as peur de jouer ? Pourtant Mikan est très forte dans ce domaine, bien plus que moi. Si tu dis que le jeu peut te faire perdre tes moyens, alors c’est que tu désires te tourner vers une vie terne et monotone ? Au moins c’est certain que tu ne risques pas d’y perdre tes moyens. Hihihi. » Je me rapprochai encore elle et lui glissai quelques mots à l’oreille. « Le jeu, c’est la vie. L’amour en fait partie. » Je me reculai et repris ma place face à elle, nez contre nez. « Et notre relation, n’en déplaise aux autres, elle peut durer. Je n’y vois absolument aucun inconveignant, bien au contraire. Je serais même pour qu’elle avance. Mais c’est selon toi et ce que te dis ton cœur. » Je laissai une seconde passer puis repris. « Ne pense surtout pas que je pourrais te nuire de quelque façon que ce soit. Ça ferait de moi une créature vraiment monstrueuse … Je te laisse y réfléchir, je vais prendre un bain. Libre à toi de m'y rejoindre ou non. »

Je lui déposai tout de même un petit bisou sur les lèvres, puis pris la direction de la salle de bain bien que je ne sache pas du tout où cela pouvait être. Lola aussi semblait perdue dans ses pensées, c’est pourquoi je la pris tendrement avec moi et ensemble nous partîmes en exploration. Plus on avançait plus on découvrait de nouvelle chose. C’est fou. Comment tant de choses peuvent tenir dans un si petit espace.
Après un petit temps de recherche, nous entrâmes dans ce qui ressemblait à une salle de bain. Avec un lavabo, des toilettes et une baignoire. Je regardai un moment ma fille chérie et lui souris, puis commençai à me déshabiller. Prendre un bain avec tous ces habits, même s’il m’en manque une partie ce ne serait pas convenable. Une fois nue, j’entrai dans le bain et gardai le pied blessé en hauteur avant de faire couler l’eau. Lola n’attendit pas plus longtemps et repartit pour se coucher dans le lit que je venais de quitter. Pour sur, cette histoire venait de la bouleverser, et à son age on a du mal à imaginer les dégâts que cela peut provoquer dans sa petite tête.

Ilia ne tarda pas à me rejoindre dans la salle de bain. De ses petites mains, elle se mise entièrement nue sous mes yeux, avant d’ouvrir la bouche :

« Que s'est-il passé avec Lola ? Depuis mon retour des courses, elle n'est plus aussi souriante qu'avant. Je dirai même qu'elle est triste. Si cela était à cause de tes blessures, cela aurait été dès le départ qu'elle aurait fait cette tête... »

Je ne lui répondis pas de suite, je pris d’abord bien le temps de la regarder de la tête aux pieds avec un immense plaisir. Voir toutes ses douces formes se révéler sans plus aucun bout de tissu pour les dissimuler, c’est un très joli spectacle. Je pris une petite inspiration et lui répondis :

« C’est un problème épineux … J’aurais voulu que Nagi soit là pour qu’on en parle tous les quatre mais tant pis. » Je laissai passer une seconde et repris. « Comme tu l’avais dit quand on était encore au milieu de l’océan, Lola est la plus grande faiblesse de l’équipage. Et si j’en crois mes faibles connaissances de ce monde, la suite du voyage sera énormément plus difficile. Nous ne sommes à peine assez fort pour survivre, mais avec ma fille en plus, ce n’est plus possible. Alors il m’est venu une idée. » Une nouvelle seconde passa durant laquelle je me redressai pour lui faire face, les fesses hors de l’eau. « Je vais confier Lola à l’Amiral en chef Godwarth D. Alexander. Avant que tu ne dises quoi que ce soit, sache que ce n’est pas une décision irréfléchie. Cet homme ne lui fera pas le moindre mal, je m’arrangerais avec lui pour que cela reste ainsi. »Je repris ma respiration, et continuai. « Tu imagines bien que ça n’a pas fait très plaisir à Lola, voila pourquoi il y a tant de mélancolie sur son visage si joyeux d’ordinaire … Je verrais avec elle pour la suite, c’est une étape très importante de sa vie et il est de mon devoir de ne pas la lui gâcher. »

Je soupirai lentement et me recouchai dans l’eau, puis lui tendis mon bras en souriant.

« Tu es vraiment magnifique tu sais, avec de très belles courbes, hihihi. Viens, je te laisse une place, après tout c’est ton bain à l’origine. »

La demoiselle parut d’abord surprise, certainement à propos de mon opinion sur le cas de Lola, puis accepta très volontiers d’entrer à son tour dans l’eau.
Le temps de s’y glisser, nous voila toutes les deux en tenue d’Eve et confortablement installées dans cette baignoire soudainement bien plus petite. Je la regardai tendrement prendre ses aises, nos jambes entrelacées pour optimiser l’espace, sa tête posée contre le rebord. Ses fines lèvres se mirent en mouvement après un petit moment de silence :

« J'espère bien que tu iras mieux, Nami. Il se passe beaucoup de choses ces temps-ci, et je n'apporte toujours rien de mon côté. Je suis restée sous silence pendant un long moment, et je continue de le faire. Je vais partir ... Après avoir sauvé Aquila, je vais partir, il me manque quelque chose. Et sans cela, avancer n'est pas possible. »

Un sourire s’étira sur son visage. Elle voulait partir. Je la regardai dans les yeux sans prononcer le moindre mot. Voila donc sa décision, il lui manquait quelque chose. Quoi donc, je n’en sais absolument rien mais pour ces dires, il faut que ce soit très important. Elle se rapprocha de moi et me glissa un petit mot doux avant de m’embrasser sur la joue :

« Faisons en sorte que ces derniers jours soient magiques. D'accord ? »

Je lui souris et lui répondis en passant une main dans ses cheveux, l’autre sur ses fesses.

« D’accord ma très chère miss. »

S’en suivit un échange de caresses, de bisous, de tendresse et d’humidité, avec par moment des échanges langoureux. Toute cette chaleur, accumulée à celle de l’eau du bain, ces câlins et ces mains baladeuses, un pur plaisir exclusivement féminin. Les minutes passèrent sans que le plaisir de ce moment à deux ne diminue, et j’adore ça.

Je me recouchai contre le rebord de la baignoire, le sourire aux lèvres, la respiration haletante. Quel moment magique. Ma main passa une nouvelle fois dans ses cheveux bruns pour descendre le long de son visage lentement et tourner son menton vers moi afin de pouvoir à nouveau l’embrasser amoureusement. Un petit rire s’échappa juste après et j’en profitai pour sortir de l’eau. Un passage dans une serviette tout juste assez grande pour couvrir ce qu’il faut, une autre pour les cheveux et je sortis de la salle de bain, direction mes affaires. Ou plutôt celles d’Ilia puisque les miennes sont hors d’usage. Une petite recherche plus tard, je trouvai son placard.

« Ilia je t’empreinte quelques petites affaires ! »

Je n’attendis pas la moindre réponse et enfila la première tenue qui me tomba sur la main après les sous-vêtements. Hum, c’est serré. Surtout au niveau de la poitrine. Tant pis, ça ne le ferait pas si en plus de me servir dans sa garde-robe je lui disais qu’elle a une taille de bonnet trop inférieur à la mienne pour que ces belles parures m’aillent. On dira simplement qu’elle me met un peu plus en valeur. Je jetai un coup d’œil à Lola, elle dormait dans le lit, les bras enlaçant un bout de tissu m’appartenant. Elle est tellement mignonne, si innocente, si pure. Mais c’est pour son bien, pour qu’elle puisse vivre comme elle le mérite. Même si ça me brise le cœur à l’idée de ne plus l’avoir avec moi, il le faut. Je pris une inspiration et m’installai au bureau d’Ilia, pris une feuille de papier et un stylo, et commençai à écrire la lettre qui permettra de lui laisser la vie sauve. Sans manquer d’appuyer sur le lien qu’avait l’amiral en chef avec ancien capitaine, ce cher Sora Shizen, je décrivis l’ensemble de la situation. Passant par mon nouvel avis de recherche, la confiance que porte en lui, et même par la question banale du « j’espère que vous allez bien ». Puis la signature, et voila, fini. Plus qu’à l’envoyer. Je la glissai dans une enveloppe qui trainait par là et y apposa quelques gouttes de cire rapidement écrasées par un seau gravé dans l’acier.

Je me redressai et soufflai profondément. C’est vrai que l’on est très serré dans ce petit haut, ça appuis sur les poumons jusqu’à gêner la respiration. Et puis la moindre forme ressort presque comme si je ne portais rien. Sans doute qu’Ilia a quelque chose de plus ample, mais fouiller serait extrêmement mal poli.

Quand on parle du loup, il accourt comme on dit. Ilia sortit de la salle de bain en serviette et ne perdit pas de temps pour s’habiller. Puis elle m’apporta sans que je n’aie besoin de lui demander quoi que ce soit, d’autres vêtements.

« Tiens, je ne les porte pas, ils flottent pour moi. Je pense que tu auras moins de problèmes. Tu es toute rouge là. »

Dit-elle en rigolant. Un rire que je soutins en attrapant la pile de tissu. Avoir une poitrine imposante, ça plait certainement aux hommes, mais pour ce qui est des vêtements c’est une tout autre affaire.

« Merci beaucoup ma chère. »

Le temps de me changer, et me revoilà avec un nouveau souffle. Piouf, libérée. On n’imagine pas comment un simple tissu peu contraindre la respiration. Se retrouver dans des vêtements plus grands, c’est comme se sentir momentanément flotter. La demoiselle reprit la parole après que j’eu terminée, et me proposa d’aller dormir puisque le temps de nos batifolages la nuit était tombée. J’acquiesçai d’un mouvement de tête :

« Bien d’accord, je commence à vrai dire à être un petit peu fatiguée moi aussi. Notre petite aventure dans la salle de bain n’a rien améliorée, à part certainement notre relation. Hihihi. Quoi qu’il en soit, je vais rester avec Lola. C’est très important pour elle comme pour moi avant le moment crucial, donc ma belle nakama, passe une bonne nuit et fait de beaux rêves. »

Je lui volai un nouveau baisé puis une caresse dans ses cheveux avant de me coucher à côté de ma fille, toujours au pays des songes.

Le soleil se mit à filtrer à travers les hublots du sous-marin. S’en suivit une série de grognement et d’étirement, puis de soupires qui sembleraient sans fin. Pendant ce temps, d’un œil entrouvert et encore endormi, je vis Ilia sortir discuter avec je ne sais qui, sans doute l’artisan qui s’occupait toujours du revêtement. Puis elle revint et me lançai sur un ton plutôt joyeux :

« Bien… Si on se dégourdissait un peu les jambes en faisant un petit tour dehors. Nous ne sommes pas les seuls criminels après lesquels court la Marine. Si nous restons dans les alentours, il ne devrait pas y avoir de problèmes. »

Hum, c’est certain, elle est bien plus réveillée que moi … Je m’étirai une nouvelle fois et fini tout de même par me redresser sur le matelas. Le regard perdu en direction de mes pieds nus, je pris mon temps pour respirer profondément avant de lui répondre avec des cordes vocales encore engourdis par le sommeil :

« Mmmh … moui pourquoi pas … laisse-moi juste le temps de me changer … et de me rendormir. »

Sitôt dit sitôt fait, mon corps retomba en masse sur le lit défait sans passer par la case habillage. C’est trop tôt, trop tôt pour se lever, trop tôt pour s’habiller, trop tôt pour sortir, trop tôt tout court.

Une main se posa soudainement sur ma joue. Trop petite pour appartenir à Ilia. Puis un doigt en particulier me tata le bout du nez. Ce a quoi je ne répondis que par un grognement. Lola redoubla d’attention, et c’est marrant de la voir agir ainsi. Si j’en crois les variations de poids sur la couchette, elle est maintenant debout et penchée au-dessus de moi. Des chuchotements entre elle et la demoiselle retentirent sans que je ne puisse les comprendre. Jusqu’à ce que ses deux petites mains se déposent sur mon décolleté et s’infiltrent dessous sans la moindre gène.
Pour le coup je me redressai brutalement et lui expulsai ses mains baladeuses hors de là, avant d’ouvrir entièrement la bouche, une bonne moitié des seins à l’air :

« Lola ! Non mais ça ne se fait pas ça ! Et toi Ilia, dit quelque chose. Rah, non tant pis, j’ai compris je me lève. »

Je replaçai ma poitrine à sa place et me changeai en vitesse. Soufflant bruyamment pour bien marquer ce que je ressens aux deux jeunes filles ici présentes. Une fois cela fait, les cheveux peignés et les traces de la nuit disparues, je revins vers la révolutionnaire. C’est d’ailleurs là que je m’aperçu que la petite était déjà parée au voyage. Quand donc s’est-elle préparée ? Etrange tout cela :

« Voila, prête. »

Nous sortîmes chacune à notre tour sur la berge. Un coup d’œil sur mon navire pour constater avec joie qu’il était parfaitement enrobé dans une bulle, comme toutes celles que l’on voit dans l’archipel. Parfait, on va bientôt pouvoir partir pour l’île des hommes-poissons. Je passai mon bras autour des épaules d’Ilia et lui montrai le paysage comme si elle ne l’avait jamais vu.

« Alors mademoiselle, où veux-tu aller ? »

« On va aller faire une petite balade autour du Grove, Je crois qu'ils possèdent quelques petites choses intéressantes au niveau des marchés, et puis ... Les Criminels font une trêve pour se reposer dans ces lieux, il y a beaucoup de touristes. »

J’acquiesçai d’un mouvement de tête et la prit par la main, celle de Lola dans l’autre. Puis nous partîmes toutes les trois à travers la petite plaine vallonnée du grove, à la recherche de ce qui pourrait ressembler à un marché. Nous ne sommes pas dans une zone protégée par la marine, donc personnellement je doute que l’on trouve ce genre de chose, mais bon, ça nous fera une petite balade.

Le soleil, une petite brise, pas le moindre combat ni le moindre soldat à l’horizon, tout va bien. C’est une bonne journée qui s’annonce. Un bruit des plus naturels se fit soudainement entendre. Un estomac réclame son dut, et plus précisément mon estomac. Comme si je n’avais pas déjà eu assez honte avec ce réveil … particulier. Je m’excusai au près des deux demoiselles et aperçu au détour d’une petite dune tout un tas de maisonnette sans le moindre mur. Des établis répartis en plusieurs longues allées bien droites, et des clients à foisons. Incroyable, ça ressemblait presque à Trickbast le jour du marché, mais en plus petit. Je guidai la petite troupe jusqu’à l’entrée même si celle-ci n’est pas parfaitement délimitée et me retournai vers Ilia et Lola :

« Je vous propose un truc, ou plutôt deux. D’un on ne se sépare pas, avec tout ce monde serait la panique autrement. Tu as bien compris Lola, tu restes avec nous. » Cette dernière acquiesça d’un mouvement de tête. « Bien, et de deux, on cherche un petit coin pour déjeuner. Parce que vous l’aurez compris, j’ai faim. Et je suis certaine que vous aussi. » Je terminai avec un grand sourire aux lèvres. « C’est d’accord ? »

Ça tombe vraiment bien en plus parce que ça sent très bon par ici. Pas de doute que quelqu’un est en train de faire des grillades. Un barbecue comme petit déjeuner ça peut paraître bizarre sans doute, mais le monde est fou alors lâchons-nous aussi un petit peu !

La révolutionnaire demanda tout d’abord quelle heure il était, et la position du soleil donna la réponse. Et oui ma cocotte, il est bientôt midi.

« Nami ? On a perdu toute notre matinée. Le barbecue est vraiment quelque chose que l'on pourrait prendre. Il nous ferait faire quelques économies niveau nourriture. On y va ! »

On partit tous ensemble voir ce qui sentait si bon. Un monsieur au ventre très arrondi vendait toute sorte de charcuterie cuite au charbon et copeau de bois, et à des prix très raisonnables. Ilia se servit en première avec deux grosses tranches d’une sorte de jambon cuit, ça y ressemblait en tout cas. Lola demanda une saucisse, puis deux, puis trois. Mais quel ventre cette petite ! Il faut tout de même faire attention à son alimentation. Aussi elle n’en aura que deux, même si ça ne lui plait pas. Et moi trois, parce que je suis grande. L’excuse la plus banale de tous les parents en manque d’inspiration. La troupe alla s’installer dans un petit coin tranquille et commença le repas :

« Bon appétit ! » Lança la petite de vive voix.

Puis suivit les premières bouchées. Ça fait du bien, au moins avec ça on aura le ventre plein. La demoiselle prit la parole après quelques secondes de mastications :

« Après ça, vous voulez faire quelque chose ? Y a pas de parc, la Marine n'est pas vraiment présente. On mange, on passe au marché, et on rentre ?

- Si tu veux, et on ne parle pas la bouche pleine jeune fille. Nous devons toutes deux montré l’exemple à cette petite.

- Maman ! Arrête ça je suis grande ! »

J’explosai littéralement de rire, ce qui ne lui plus pas le moins du monde. Quoi de plus normal. Quoi qu’il en soit, après avoir fini de se restaurer, et d’en avoir plein les doigts il faut bien l’avouer, je me levai et invitai les deux autres à me suivre en quête d’un coin où se laver les mains. Le marchant avait visiblement prévu le coup en me voyant arriver, et il me présenta un gros tas de serviette à côté de son établi. Pas une seconde à perdre, j’en pris un lot pour nous trois.
Voila, le ventre plein et les mains quasiment propres, je me retournai vers Ilia et lui dit en souriant :

« Prête ? »

Je n’attendis pas la réponse que je la pris déjà par le bras, Lola à côté, et s’engouffrai dans l’une des allées. Des fruits, des légumes, puis des statuettes en bois et des colliers de perles, puis livres de science et des bandes dessinées. Il y a vraiment de tout ici. Des soi-disant pendentifs porte-bonheur, des fourchettes et des cuillères douteuses, des poupées gonflables dont l’utilisation ne sera pas donnée. Et au milieu de tout ce bordel, quelques coins de restauration.

Le temps passa rapidement pendant que l’on tournait dans ce marché loufoque, que l’on s’arrête à chaque fois que l’une d’entre nous voit un truc intéressant et s’apercevoir finalement que ce n’est que du toc. On avait facilement passé trois voir quatre heures ici. Je me retournai vers Ilia et lui demandai en soupirant :

« Bon, on fait quoi ? On rentre au bateau ou tu n’as pas vu tout ce que tu voulais voir ? »

« On rentre ! » Répondit Ilia en souriant. « Encore merci ! J'ai acheté à manger. Comme il nous restera quelques heures, autant manger ce que j'ai acheté, il paraît que c'est délicieux, même si c'est étrange. »

Effectivement elle avait les bras chargés de nourriture en tout genre. De la nourriture étrange d’ailleurs, autant part son texture que par sa forme. J’haussai les épaules et acceptai d’un mouvement de tête. Lola se permit d’observer avec les doigts la marchandise de la demoiselle avant de donner son accord elle aussi. Nous quittons donc cet amas de foule de touriste qui ne diminuait pas en nombre malgré l’heure qui passe. Une rapide recherche du regard pour trouver un coin sympa, et je guidai tout le petit groupe sur une petite colline, non loin de nos embarcations. Avec le soleil couchant et les rayons de lumière qui se reflètent dans l’océan, c’est un magnifique panorama.

« Ici, on sera bien. »

Une fois installée, Lola à ma gauche, Ilia à ma droite, je laissai mon regard se perdre dans ce paysage. Du moins jusqu’à ce que l’estomac de la plus jeune de nous ne se met à hurler, provoquant un fou rire dans l’assemblée.

« Mais euuuuhhh ! C’est pas gentil de se moquer ! Moi j’ai faim d’abord. »

Lança la petite blondinette en attrapant l’un des trucs étranges que la révolutionnaire avait acheté. D’ailleurs si j’en crois le bruit lors de la prise et quand ses petites dents s’enfoncèrent dedans, c’est un fruit du style exotique. A mi chemin entre un ananas pour la physionomie, une papaye pour la couleur et une prune pour le reste. Ça avait l’air bon. Je me servis à mon tour et lançai avant d’y goutter moi aussi :

« Bon appétit les filles ! »

Le paysage fut des plus beaux, le repas des plus succulents. Malgré l’étrangeté des aliments, ils n’en restaient pas moins délicieux en bouche. Hormis sans doute cette sorte de viande particulièrement difficile à mâcher. La brunette me lança après avoir fait la même expérience :

« Bon ... Nami, tu aimes bien ? J'ai choisi avec soin. On n'essaie pas de manger la viande, il faut la faire cuire pour qu'elle soit mangeable. »

Je la regardai avec des yeux ronds puis avalai la dite viande tout rond, immédiatement suivit par une bonne dose de cette mixture à l’orange gazeuse pour aider. Puis arriva ma réponse :

« Ah je me disais aussi, c’était bizarre que tout fonde sur la langue et que ça non. » Une longue seconde suivit, durant laquelle Lola émit un bâillement tout sauf discret, avant que je ne reprenne. « Bien, merci beaucoup pour ce repas ma chère Ilia. A présent, puisqu’il ne va pas tarder à faire nuit, je vous propose à toutes les deux de retourner aux navires. »

La plus jeune acquiesça d’un mouvement de tête avant de bâiller à nouveau. Je me tournai donc avec l’autre demoiselle quand une nouvelle présence se présenta. C’était l’artisan en bas de la petite colline qui nous criait que l’enrobage était terminé et que nous pourrons reprendre la mer demain matin.

« Merci monsieur, au revoir ! »

Lui lançai-je en me levant, puis je me retournai une nouvelle fois vers Ilia, la main tendue vers elle et un sourire aux lèvres.