[en attente de validation] Milly Von Jackson

Flash ! Tel fut le bruit du projecteur qui transforma l’espace sombre en un petit cabinet circulaire composé de deux fauteuils de cuir brun et d’un escargophone version caméra usé par le temps et la lassitude de son travail. Dans l’un de ces repose-fesses particulièrement confortable siégeait un homme en costard bleu foncé sur une chemise plus banche que blanche. D’une main ne démontrant pas le moindre stress, il replaça ses cheveux noirs mi-longs à l’arrière de son crâne. Puis un grand sourire commercial laissant entrevoir ses dents étincellement blanches apparut sur son visage. En face de lui se trouvait une jeune fille à la longue chevelure blonde et aux yeux d’un bleu azurite, vêtue d’une petite veste en daim sur un haut blanc au décolleté plongeant spécialement choisi pour l’occasion. Un pantalon en jean et des bottes de cuir remontant jusqu’aux genoux. Vous l’aurez compris, cette fille c’est moi et c’est ici que cette histoire commence, avec cet homme qui toussa trois fois afin de s’éclaircir la voix puis prit la parole :

« Bonjour mademoiselle Von Jackson, merci de nous recevoir pour cette interview après maintes tentatives pour éviter nos reporters. Je vous en pris, mettez-vous à l’aise.

- Bonjour Monsieur. Il n’y a pas de quoi, cependant vous ferez passer mes excuses au responsable sonore, il m’a fait peur en arrivant avec sa grande perche. Je n’ai pas trop eu le temps de réfléchir, le coup est partit tout seul. Et ne me mettrait pas plus à l’aise car autrement il me faudrait votre fauteuil aussi.

- Hum heu oui d’accord, et vous avez des circonstances atténuantes avec l’obscurité. Les médecins disent que ces jours ne sont pas en danger mais l’entaille que vous lui avait faite en travers du torse l’oblige à rester sous observation. Quoi qu’il en soit, accepteriez-vous de nous dévoiler un peu la femme que vous êtes aujourd’hui ?

- Cela va de soi, sinon je ne serais pas ici. Voyons voir, par où commencer ? Hum oui j’ai trouvée. C’était en Novembre, l’hiver commençait tout juste à prendre le temps sur la saison précédente mais les températures étaient déjà extrêmement basses. Je ne pourrais pas vous préciser la date puisque je ne la connais pas non plus. C’est un très lointain passé, je me souviens de simples brides, des courtes images où une femme que je suppose être ma mère me glisse dans un panier en osier avec une grosse couverture, m’embrasse sur le nez puis plus rien, le panier venait d’être recouvert d’un épais tissu. C’est quelques heures plus tard, à pleurer dans le noir que je revins la lumière. La troupe du Jackson Circus m’a recueillit et depuis je ne les ais plus jamais quitté. Enfin jusqu’à il y a peu.

- Vous semblez en proie au doute et à une certaine anxiété, parlez-nous de ce qui vous tracasse.

- Ce n’est rien, vous savez dans un cirque, à part faire des numéros, chercher de l’argent partout, faire la fête et migrer d’île en île, on n’a pas grand-chose à faire. Mon passe-temps principal quand je ne joue pas avec mes couteaux, c’est lire le journal. On apprend des tas de trucs là-dedans, et pour pas cher en prime. C’est comme ça que j’ai appris qu’un nouveau pirate foutait le bordel un peu partout sur son passage, comme le Jaag Akanawa il y a quelques années. D’après ce qui se dit ici et là, c’est même lui qui a corrompu l’une des femmes officiers de la marine, avant de l’Amiral en Chef ne s’en mêle. Il y a des bonnes têtes aussi dans les rangs de l’armée, mais on s’éloigne un petit peu du sujet il me semble. Donc ce que je fais quand je ne lis pas le journal ni ne joue avec mes couteaux ? Je réfléchis. Je réfléchis à pourquoi des types aussi laids et imbu d’eux-mêmes ont droit à tous les privilèges, simplement parce que leurs ancêtres ont soi-disant créé le gouvernement mondial. Je ne sais pas vous mais moi ça me débecte.

- Votre cirque possède une certaine renommée à West blue et même à Shabondy quand la Marine accepte de donner l’escorte sur Calm Belt, enfin il possédait. Pouvez-vous nous en dire plus à ce propos et sur ce qui sait passer pour que tout dérape.

- D’abord il faut que j’en dise un peu plus sur mon entourage et moi-même pour que vous compreniez bien de délire de l’histoire. J’ai maintenant vingt quatre ans et si je ne me trompe pas, ça fait presque seize ans que je manie le couteau de lancé et le poignard. Tous les numéros où fallait en foutre pleins les yeux au public sans recourir aux fauves et à l’équilibrisme, c’était moi qui les faisait. Mon petit ami jouait à chaque fois la cible, les mains et les jambes ligotées, les yeux bandés et la croix sur laquelle il était accroché retournée. On partageait une confiance absolue, nous connaissions tous deux mes capacités dans ce domaine et depuis toutes les années que je fais des numéros, enfin depuis que j’ai l’âge pour en faire, il a jamais eu la moindre blessure. C’est le patron du cirque, que l’on appelle tous Bob même si ce n’est pas son vrai prénom, qui m’a lancé sur cette voie, puisque je faisais partie de la troupe qu’il fallait que je bosse pour payer ma croute. Il leur manquait quelqu’un pour ce numéro précisément donc la suite s’est faite d’elle-même. Les années ont ainsi passées, l’école c’était la femme du parton qui nous l’enseignait, paraît qu’elle a été instit’ avant de rencontrer Bob. Ça ne m’a jamais empêchée de ne rien comprendre à ses calculs de mathématique. Je fais aussi cracheuse de feu quand la foule n’est pas rassasiée mais c’est relativement rare. Quoi qu’il en soit cette fois-là c’était comme toutes les autres fois. Nous étions sur l’un des groves proches du parc d’attraction de Shabondy et le public était là. Invité surprise, un dragon Céleste. Quel honneur pour nous que de recevoir ce genre de personnage alors que selon la rumeur nous ne sommes à leurs yeux que des cafards bruyants. Toute la troupe s’est donnée à fond rien que pour ça, le public en avait les yeux en étoiles et pas seulement les enfants, même les adultes étaient à fond. Un pur plaisir dans toute sa splendeur. Pour sur, on aurait récolté énormément d’argent après ça. Une fois mon numéro terminé et les flammes soufflées sous les yeux en larmes de joie des plus jeunes, nous nous apprêtions à saluer le public quand le descendant des fondateurs du gouvernement ouvrit sa bouche.

- Continuez, je vous en pris, qu’a-t-il dit ?

- D’exécuter mon petit ami parce que selon lui j’avais trichée avec mes couteaux. Le choc fut éprouvant tout le monde mais ce genre de type se contre fiche de la morale d’un être humain. Tout ce qu’il vaut c’est du spectacle, et du sang. C’est en tout cas ce que l’on a compris entre nous. On s’est tous regarder et il était hors de question d’abandonner un seul d’entre nous. Nous étions une famille, même si aucun de nous n’avait le moindre lien de sang, on se connaissait tous depuis tellement d’années. Bob s’est opposé à la demande du dragon Céleste et pour ça il en est mort. Sa femme a voulu se ruer sur l’assassin, pendant que notre merveilleux public s’enfuyait en courant, mais il n’en fut rien. On le sait tous, poser la main sur ce type de personne impose la venue d’un Amiral. Nous n’avions rien à nous reproché mais nous ne voulions pas non plus qu’une icône de la Marine vienne nous prouvez le contraire. Après le coup d’état à Marie-Joa et le combat entre deux Amiraux, l’idée-même suffisait à nous dissuader. Le dragon Céleste voulait toujours son dû, alors mon amour est allé se coucher contre la croix pendant que notre dompteur de fauve m’apportait mes couteaux. Avez-vous déjà joué avec des lames ? Ça ne tue pas aussi rapidement qu’une balle de fusil, la douleur reste présente plus ou moins longtemps selon là où l’on frappe. Et je peux vous l’affirmer, jeter un couteau très bien aiguisé sur celui que l’on aime avec l’intention de le toucher, c’est une épreuve véritablement monstrueuse qui déchire le cœur. Après ça le type ignoble est repartit fier de lui comme si de rien n’était, laissant toutes l’équipe du cirque dans une tristesse épouvantable. C’est environ deux mois plus tard, quand la réserve d’argent commençait à vraiment devenir critique et que nous n’avions plus fait le moindre numéro, que nous avons décidé de dissoudre le cirque et de partir chacun de son côté.

- Vous semblez en parler avec beaucoup de calme.

- Oui, ça fait quelques mois maintenant et j’ai eu le temps d’intérioriser ça, même si avec toutes vos demandes d’interviews ça n’a pas été très facile. Quoi qu’il en soit maintenant je suis libre, et je ne souhaite qu’oublier tout ça. Et pour cela il faut que je traverse le monde, donc il me faut un navire.

- Vous n’avez pas dit un mot sur votre père. Qui était-il ? A-t-il un lien avec notre nom de famille ?

- C’était Bob mon père, enfin mon père adoptif si vous voulez être pointilleux. Mon père biologique je ne l’ai jamais connu et ça ne me manque pas. Ce que vous appelez nom de famille n’est qu’un mot. C’est le nom du cirque, nous étions une famille, ce la semble donc logique que l’on porte le même nom. Cependant pour l’extérieur, afin de nous différencier autrement que par le prénom, nous nous sommes mis d’accord sur le troisième nom. Voila pourquoi pour moi, c’est Milly Von Jackson.

- Bien, passons maintenant aux courriers des lecteurs si vous voulez bien. Première question d’une certaine Maéva quatorze ans, comment faites-vous pour cracher du feu sans vous brûler ?

- Ça c’est un secret, c’est pour entretenir la magie, le mystère de l’évènement. Je ne peux donc malheureusement pas répondre à cette question.

- Très bien et seconde question de la part d’un anonyme, qu’allez-vous faire maintenant que le cirque n’existe plus ?

- Je vais me trouver un navire et prendre la mer, visiter le monde, faire des rencontres, vivre quoi.

- Merci pour toutes ces réponses. Merci pour votre fidélité, chers téléspectateurs et à la semaine prochaine pour une nouvelle interview. »