- Présentation du joueur IRL -
Cf fiche
Klame Stalk- Présentation du personnage -
• Nom & Prenom : Candy L. Katy
• Age : 14 Ans
• Race : Humaine
• Camp : Pirate
• Prime : Oui
• Orientation psychologique : Neutre à tendance mauvaise.
• Pouvoir demandé : Doru Doru No Mie : (Paramécia des poupées) Permet à l'utilisateur de prendre le contrôle de n'importe quel objet ou matière non-vivante, au touché seulement, afin d'en faire des poupées obéissantes à ses ordres. Ainsi, par exemple, l'utilisateur pourrait prendre le contrôle d'un groupe de roche afin de former un genre de golem... Seul un utilisateur très expérimenté peut prendre le contrôle de plus d'un élément ou d'un type d'objet à la fois.
(Je l’ai un peu modifié par rapport à la liste des FDD, il était niveau 8 )• Rêve(s)/But(s) du personnage : Prouver à tous que même une gamine fluette qui ne parle pas beaucoup peut devenir un yonkou.
• Code présentation :
◘ Description Physique : Une gamine, voilà ce qu’on voit lorsqu’on regarde Katy sans vraiment y prêter attention, en la croisant dans la rue ou en l’apercevant au loin. On a du mal à lui donner un âge précis mais on sait qu’elle en est au début de l’adolescence, loin d’avoir fait sa poussée de croissance ou… d’autres choses… Une jeune adolescente comme une autre, qui marche en trainant les pieds, l’air un peu paumée, peut être perdue dans ses pensées. Si on s’y attarde un peu, on comprend que ses vêtements ne font que renforcer l’impression de jeunesse. En général elle porte des ballerines ou des chaussures plates, noires ou blanches, vous ne la verrez jamais en talons haut ou avec des bottes. Ensuite elle porte parfois des pantalons plutôt moulants, mais la majeure partie de sa garde-robe se compose de collants, assez hauts et épais, et de jupes plutôt courtes et légères sous lesquelles elle n’oublie jamais de mettre un shorty. Elle porte des chemises blanches généralement, mais par-dessus, elle n’enlève presque jamais son pull dont les manches sont beaucoup trop longues et dépassent largement de ses mains. Elle revêt parfois un foulard ou une écharpe autour du cou, attaché par un nœud savamment étudié et réalisé avec soin.
Il n’y a pas que sa tenue vestimentaire qui lui donne l’air jeune, sa coiffure n’aide pas non plus. Ses cheveux bruns sont raides naturellement mais leur aspect prouvent qu’ils sont négligés, nœuds et épis sont au rendez-vous. La coupe plutôt courte, qui aurait pu être très jolie car elle met bien en valeur ses yeux et casse la rondeur de son visage, donne toujours l’impression qu’elle vient de se lever et qu’elle n’a même pas pris la peine de se passer la main dans les cheveux. Cette coiffure contraste fortement avec le reste de sa tenue qui est toujours tirée à quatre épingles, comme s’il s’agissait de deux personnes différentes. On a presque l’impression qu’elle se fait habiller par une femme de chambre avant d’enfiler son pull mais que sa coiffeuse est en grève ou décédée.
Elle est plutôt mince, voir maigre, pour son âge et pas très grande non plus, elle n’a aucune forme qui aurait pu traduire le début de la féminité. Ses jambes sont fines mais musclées et plutôt harmonieuses, pas de genoux cagneux comme on aurait pu s’y attendre. Par contre ses bras sont très fins, elle semble en avoir honte, impossible d’en être sûr mais c’est probablement pour ça qu’elle porte continuellement ce haut à manche longue. Malgré le tissu on devine que les membres ne sont pas bien épais, elle est bien loin de remplir son pull. Pour les rares personnes qui voient ses mains, elles sont tout à fait normales, fines et pâles, avec des ongles coupés cours, en harmonie avec le reste de son corps, mais sans aucune anomalie. Les rares fois où elle les sort de ses manches c’est pour utiliser son fruit du démon et en général il ne fait pas bon de rester dans le coin quand ça arrive.
Si on se rapproche assez pour voir son visage, on se rend compte qu’il serait très rond sans ces mèches qui viennent l’encadrer. Il est assez quelconque dans son ensemble, des lèvres pâles et fines qui réduisent sa bouche à un mince trait, un nez discret, des pommettes effacées et un menton arrondi. La seule chose qui détone ce sont ses yeux, on dit qu’ils sont le reflet de l’âme, dans son cas ça semble on ne peut plus vrai. Agrandis par ce visage pâle et discret et de longs cils, ils semblent presque disproportionnés. On a du mal à définir leur couleur, une sorte de marron très sombre avec des reflets violet. Selon son humeur et, plus probablement, la luminosité ils tendent plus ou moins sur l’une de ces deux couleurs. Ces deux ovales sont presque dérangeants lorsqu’ils se rivent sur vous, ils semblent presque pouvoir percer les moindres secrets de votre âme si vous avez l’honneur de l’intéresser. Sinon ils passent sur vous comme si vous n’étiez déjà plus de ce monde, comme s’ils ne vous voyaient pas du tout. Il y a une constante dans ses regards, c’est un certain recul, presque une sorte de tristesse, de profondeur, le genre d’expression de ceux qui ont vu trop de choses désagréables.
Tout comme certaines de ses ainées, elle a tendance à se tenir voutée, avachie, jamais réellement droite en fait. De la même façon, elle marche en trainant les pieds et ne sait pas s’assoir correctement sur une chaise, soit elle s’y perche, soit elle s’y allonge. La plupart du temps elle reflète une sorte de détermination tranquille, elle semble savoir ce qu’elle veut et être prêt à tout pour y arriver. Mais il peut arriver qu’elle ait l’air un peu paumée, perdue dans ses pensées, mais même dans ces cas-là on devine qu’elle est loin d’être bête et que sous ces airs tranquilles se cache une tête bien remplie.
Lorsqu’elle parle, on s’attend presque à entendre la voix d’une femme, mais c’est bien la tonalité d’une gamine qui nous parvient. Même si ses mots et ses paroles sont plus recherchés que ceux de certaines de ses contemporaines, ses cordes vocales restent celles d’une fille de 14 ans. Elle conserve aussi quelques réflexe involontaires d’une adolescente, une expression apeurée lorsqu’elle est surprise, une moue boudeuse lorsqu’elle est contrariée ou encore les yeux qui brillent devant des bijoux par exemple.
Elle se balade souvent avec une batte de base-ball en aluminium, il s’agit plus d’une sorte de grigri, d’un porte-bonheur que d’une arme. Elle s’en sert pour se donner de la contenance lorsqu’elle en a besoin, pour se donner du volume. Il peut lui arriver de s’en servir pour frapper mais c’est plus souvent contre ses amis et alliés que contre ses ennemis.
◘ Caractère & morale : Comme la plupart des adolescente, c’est une fille torturée, en pleine rupture avec l’autorité. Vue de l’extérieur on pourrait mettre son aventure pirate sur le compte de l’âge ingrat, mais il n’en n’est rien. Depuis sa plus tendre enfance elle a toujours eu du mal à respecter une quelconque contrainte. Dès qu’on lui interdisait quelque chose, elle n’avait plus qu’une seule idée en tête, la faire. Elle a conservé ce tempérament, elle est du genre à ne pas pouvoir s’empêcher de tripoter quelque chose qu’on vient de lui conseiller ou de lui interdire de ne pas toucher. En plus de son instinct de contradiction, elle est éprise de liberté, dès qu’on l’empêche de faire quelque chose ou qu’elle se rend compte qu’elle ne peut pas, ça la dérange, elle n’a plus qu’une seule envie, parvenir à faire cette chose.
Même si elle ne l’avouerait pour rien au monde elle souffre d’un important complexe d’infériorité dû en partie à son enfance et à sa famille. Elle ne cesse d’essayer de se prouver qu’elle est forte, qu’elle est la meilleure, qu’elle est meilleure que les hommes, qu’elle est plus puissante, plus crainte, plus dangereuse. A cause de ça elle est amenée à faire des choix qui sembleraient complètement insensés au commun des mortels. Elle serait du genre à foncer tête baissée dans un combat perdu d’avance si ça pouvait la rassurer ne serait-ce qu’un peu sur ses compétences. Ce complexe est aussi physique, elle ne se trouve pas belle, pas féminine, trop petite, maigre et quelconque. Du coup elle ne se met pas en valeur et cherche la plupart du temps à cacher son corps. Presque inconsciemment elle rejette toutes les femmes qu’elle trouve plus belle qu’elle, c’est-à-dire presque l’intégralité, elle est extrêmement jalouse d’elles et ne parvient pas souvent à le cacher.
Cependant elle n’aime pas être seule, lorsqu’elle est isolée trop longtemps, elle a tendance à se replier sur elle-même et à se morfondre en ressassant ses erreurs au lieu d’avancer. Ses relations avec les autres sont guidées par ses émotions et peuvent varier en un instant, juste à cause d’une parole ou d’un acte. Elle a tendance à se fier à l’apparence des gens, à cause de sa candeur elle ne se méfie pas forcément des gens, elle fait confiance à ce qu’ils dégagent. Elle s’est déjà fait avoir quelques fois mais pourtant elle continue à accorder sa confiance sans difficulté. En revanche elle est très mal disposée envers ceux qui la sous-estiment directement. La meilleure façon de s’en faire une ennemie est de la rabaisser publiquement en la traitant de gamine ou de fillette. Une fois qu’on est inscrit définitivement dans ses bonnes grâces c’est une amie et une alliée fidèle qui peut accorder une confiance aveugle. Il est indéniable qu’elle aime dominer, même si ce n’est qu’en apparence, il faut qu’elle ait l’impression que c’est elle qui a le dernier mot, que c’est elle qui commande. Elle fera même semblant d’y croire assez facilement si ce n’est pas sincère mais elle préfère ça à quelqu’un qui refuserait d’admettre, même en plaisantant, sa supériorité. Il est très rare qu’elle consente à une relation d’égale à égal, il faudra vraiment qu’elle soit au pied du mur et encore, il lui en coutera.
Elle a grandi trop vite par certains côtés, en conséquence elle est parfois rattrapée par des rêveries et des bouderies d’enfant. Parfois elle se montre terriblement mature, capable de prendre des décisions réfléchies et posées, puis l’instant d’après elle réagit comme une enfant de 5 ans privée de son jouet préféré. Elle peut se monter impitoyable face à la vie d’un autre et pleurer toutes les lames de son corps en voyant un animal mourir. Avec elle on ne sait jamais à quoi s’attendre, prétendre la connaître, ou de pouvoir prévoir ses réactions serait un mensonge éhonté.
Certaines de ses décisions choquent plus que d’autres, pour justifier certaines d’entre elle il faut savoir qu’elle perd toute estime pour une personne qui avoue sa faiblesse et ne tente pas de la surmonter. La supplier n’aura pour effet que de précipiter votre mort, elle aura beaucoup plus d’estime pour quelqu’un qui continue de lui cracher au visage, même à genoux.
◘ Histoire :« Vous êtes les heureux parents d’une jolie petite fille, un peu maigre mais qui semble tout de même en bonne santé. » « Une fille ? Dommage… »« Je t’ai déjà donné trois fils en parfaite santé, tu devrais t’estimer heureux, une fille pour m’aider à la maison et pour que je me sente moins seule c’est parfait. » « Oui c’est vrai… Puis lorsqu’elle sera en âge nous pourrons la marier à une bonne famille. »Voilà en substance le dialogue qui eut lieu dans la chambre parentale de la ferme familiale sur l’île Agricultard alors que la jeune Katy venait de pousser son premier cri. Tout comme l’immense majorité des habitants de l’île, son père, Rudven, était un agriculteur, un homme dur, forgé par les saisons. Le genre de personne qui ne rechigne pas à la tâche et qui préfère continuer comme il lui a été appris. Il aurait pu, s’il l’avait désiré, s’imposer en leader politique ou commercial, car c’était un homme intelligent et charismatique. Contrairement à certains de ses concurrents il n’avait aucun souci avec les chiffres ou avec l’idée de prendre la parole en public. Mais ce n’était pas un homme ambitieux, c’était un homme de tradition aux idées arrêtées, les choses devait être comme son père avant lui les avaient faites, ni plus, ni moins. Il comptait bien inculquer les mêmes valeurs à ses fils quitte à recadrer les mauvais comportements à coups de ceinture. L’idée d’avoir une fille ne l’enchantait pas plus que ça, sa femme, Georgia, suffisait bien à l’entretien de la maison. Une fille n’était qu’une bouche de plus à nourrir, en plus il faudrait tôt ou tard penser à la dote et donc sacrifier du bon bétail ou de bonnes terres si il ne voulait pas s’attirer la honte. Il posa les yeux sur le poupon, endormi dans les bras de sa femme et se demanda s’il ne valait pas mieux, dans l’intérêt de tout le monde, que le bébé ne survive pas à son premier hiver. Mais en voyant sourire sa femme, qui n’en n’avait pas souvent l’occasion, il abandonna tout de suite cette idée, elle serait bien plus heureuse avec sa fille à la maison. Il les imagina toutes les deux, en train de préparer les conserves ou en train de faire la lessive dans la rivière en chantonnant pour se donner de l’ardeur à la tâche. Tout homme dur qu’il était, ces pensées l’émurent et ses yeux s’humidifièrent légèrement, tout compte fait, avoir une fille n’était peut-être pas un malheur du tout.
Georgia quant à elle, fixait sa fille, les yeux noyés de larmes de bonheur, émue au possible. Elle se souvenait des journées passée avec sa propre mère, qu’elle avait perdue quelques années auparavant. Les deux femmes avaient toujours été très proches, elle était restée dans les jupons de sa mère bien plus longtemps que ses sœurs, refusant de quitter l’ambiance chaleureuse du foyer. Mais elle avait fini par être obligée d’aller vivre chez son nouveau mari, un homme froid et dur que son père avait choisi pour elle et qui ne lui inspirait aucun sentiment positif. Mais elle avait fini par apprécier Rudven, c’était un homme droit qui ne déviait jamais de la ligne qu’il s’était tracé et du moment qu’on était d’accord avec lui, il était plutôt facile à vivre. Les naissances de ses fils avaient à chaque fois été des épreuves qu’elle avait surmontées avec douleur et dignité mais même le troisième avait été difficile à mettre au monde tant il était gros et grand pour un bébé. En grandissant ses fils étaient devenus le portrait craché de leurs père et presque dès qu’ils furent capable de marcher, ils n’eurent de cesse de lui coller au talons. Depuis que son dernier avait délaissé la maison pour les champs, elle se sentait terriblement seule, écrasées sous les corvées ménagères. Les seuls moments où elle voyait son mari et ses fils s’était lors des repas, qu’ils avalaient le plus vite possible, presque sans un mot, avant de retourner travailler. Les seuls moments où elle pouvait discuter avec des adultes c’était lorsqu’elle se rendait en ville, une fois par semaine, et même dans ces moment-là, elle ne croisait pas toujours quelqu’un qu’elle connaissait. La situation commençait sérieusement à peser sur son moral lorsqu’elle s’était rendue compte qu’elle était enceinte. Elle avait prié de toute son âme pour que cette fois ce ne soit pas un garçon qui l’abandonnerait avant ses dix ans et apparemment ça avait marché. Désormais elle avait sa petite fille, sa petite Katy rien qu’à elle. Elle avait tellement hâte de pouvoir lui coudre de jolies robes, de les lui passer pendant que les hommes seraient aux champs, de rigoler avec elle en se moquant de ses frères. Elle lui embrassa le front tout en la berçant tendrement, désormais elle ne serait plus seule.
Les premiers temps furent difficiles, le bébé était maladif et ne dormais pas beaucoup, il passait le plus gros de ses nuits à pleurer malgré les efforts de sa mère. La pauvre femme était à bout de force, s’occuper de cet enfant seule tout en continuant d’entretenir la maison était une tâche titanesque. Mais aucun de ses fils et encore moins son mari ne semblait disposé à l’aider, alors elle serra les dents et continua de son mieux. Mais déjà le regard des hommes de la maison sur ce nouveau-né commença à changer et le père reconsidéra sérieusement l’idée de se débarrasser de cette enquiquineuse. Alors que les trois garçons avaient été des bébés faciles qui avaient fait leur nuit presque directement voilà que cette gamine empêchait toute la maisonnée de se reposer correctement. Voir sa femme aussi fatiguée n’était pas évident non plus, mais il savait très bien qu’elle ne renoncerait pas et qu’elle préférait mourir plutôt qu’abandonner sa fille. Ils serrèrent donc les dents et supportèrent ce passage difficile de leurs mieux. Tous pensaient que les choses ne pouvaient que s’améliorer avec le temps et ils n’avaient pas entièrement tord mais les choses restèrent tendues. Le premier mot qu’apprit à prononcer Katy fût :
« NON ! » Pendant près d’un an elle n’eut que ce mot à la bouche, peu importe l’idée qu’elle voulait exprimer c’était à grand renfort de ce mot qu’elle semblait adorer par-dessus tout. Ses frères s’en amusèrent, mais son père n’aimait pas vraiment ça, il n’avait pas l’habitude qu’on lui dise non et encore moins sous son toit. Sa mère commençait à perdre son optimisme vis-à-vis de ses relations avec sa fille qui ne loupait jamais une occasion de lui jeter quelque chose dessus ou de lui asséner, sans relâche son mot favoris. A nouveau elle serra les dents et endura sans broncher, après tout, au moins elle ne s’ennuyait plus.
Le bébé invivable devint une fillette tout aussi dure à supporter, qui n’avait pas perdu son esprit de contradiction bien au-contraire et les choses empirèrent encore plus lorsqu’elle sut marcher. Dès qu’on lui demandait de rester dans une pièce ou de ne pas bouger, on était sûr de la retrouver cachée dans la grange ou au beau milieu d’un champ. Après de nombreuses soirées passées à la chercher ses parents et ses frères se contentèrent d’attendre que la faim ou le froid la fasse rentrer. Le seul point positif fût qu’elle adoucit un peu ses relations avec sa mère, on était encore loin de la parfaite symbiose mère-fille rêvée par Georgia mais sa fille avait compris qu’elle était juste une sorte d’esclave terriblement seule. La petite Katy décida de tout faire pour ne pas devenir comme sa mère, hors de question pour elle de se retrouver dans la même situation quelques années plus tard. Elle commença par insister lourdement pour partir aux champs avec son père et ses frères, chaque soir c’était le même cirque.
« Je peux venir avec vous demain ? » « Tu sais bien que non … Ta place est ici à aider ta pauvre mère. Tu ne vois donc pas qu’elle a besoin de toi. »« Mais moi j’veux pas faire la vaisselle ou la cuisine, je veux venir avec vous, je suis sûre que je peux aider. » « N’insiste pas si tu ne veux pas que je m’énerve. » Répondait-il en fronçant les sourcils et en tapotant sa ceinture qu’elle avait gouté plus d’une fois.
Et ses frères ne pouvaient s’empêcher d’ajouter leur grain de sel.
« T’es une fille tu pourrais pas faire ce qu’on fait, t’es bonne qu’à faire la cuisine et l’ménage. » « T’as vu la taille de tes bras ? Tu serais même pas capable de soulever une fourche. »« Si j’pourrais !! Puis j’te la collerais dans l’fion !! » Lançait-elle avant de quitter la pièce en trombe.
C’était un rituel pratiquement immuable, à quelques détails près, comme une gifle ou une séance de ceinturon, mais la substance restait là même. Mais elle ne pouvait pas abandonner, elle en était totalement incapable alors le matin, une fois les hommes partis elle aidait rapidement sa mère, puis elle s’esquivait dès qu’elle avait le dos tourné. Elle se rendait parfois dans la grange pour tenter de bouger du foin avec la fameuse fourche mais devait se rendre à l’évidence qu’elle n’était pas taillée pour ça.
« J’ai pas besoin de ça, je suis sûre que je pourrais être utile même sans bouger une fourche. » Alors elle se faufilait entre les allées de pieds de maïs pour se rapprocher de ses frères ou de son père, ne serait-ce que pour les regarder un moment ou pour les écouter discuter. Quelques fois, elle essaya de montrer à son père qu’elle pourrait être utile en reclouant maladroitement une barrière ou en fauchant un morceau de champ qui n’était pas encore prêt pour la récolte. Mais tout ce qu’elle récoltait c’était des punitions ou des coups de son géniteur et des moqueries et des commentaires misogynes de ses frères. L’âge continua d’empirer les choses, au lieu de s’assagir et de renoncer, elle continua d’essayer, elle cessa totalement d’aider sa mère pour se consacrer uniquement à prouver qu’elle valait autant que ses frères, souvent sans succès, il faut l’avouer. Tous ces conflits et cette rancœur commencèrent à emplir le cœur de la jeune fille et à la changer définitivement très vite elle cessa d’essayer d’impressionner ou de suivre les hommes de la famille. Comme à son habitude, elle disparaissait le matin, sauf que plus personne ne la revoyait jusqu’au soir, et encore, parfois elle ne rentrait que très tard ou on la retrouvait en train de dormir dans la paille. Sa mère semblait avoir abandonné tout espoir et était retombée dans la dépression alors que son père fulminait en se maudissant de ne pas l’avoir tuée quand il était encore temps. Ses frères continuaient de se moquer d’elle les rares fois où ils la voyaient, pour eux, le fait qu’elle ait abandonné son harcèlement était un nouveau signe de faiblesse. Mais à leur grand regret elle ne semblait plus du tout atteinte par leurs blagues et leurs railleries, elle se contentait de les ignorer et de continuer son chemin.
Ils tentèrent bien de savoir où elle disparaissait ainsi pendant toute la journée, ils voulurent la questionner mais se heurtèrent à un silence obstiné malgré les coups et pincements. Puis ils tentèrent de la suivre mais il s’avéra qu’elle était bien plus douée qu’eux à ce petit jeu et elle les sema sans soucis après les avoir repérés en quelques minutes. Ils finirent eux aussi par renoncer mais la réponse leur fût donnée quelques jours plus tard par un ami de leur père qui venait de leur rendre visite. A un moment il lança nonchalamment :
« Au fait Rudven, tu devrais un peu surveiller ta gamine. Moi ça me dérange pas qu’elle ait collé une raclé à Sven, mon cadet, il l’avait bien mérité. Mais y’a des parents à qui ça plait beaucoup moins qu’elle provoque leurs fils pour se battre avec eux. »Son père fût tellement sous le choc qu’il ne sut pas quoi répondre, il resta muet et immobile, si bien que son ami partit, le laissant ainsi. La colère s’accumula en lui et il finit par bouger uniquement pour coller une claque magistrale à Katy alors qu’elle passait la porte. La petite fût envoyée valdinguer par la puissance du coup, sous le choc elle se tenait la joue en écarquillant les yeux. Jamais son père ne l’avait giflée, il l’avait fouetté un nombre incalculable de fois mais jamais il n’avait perdu son calme. Là il avait l’air d’avoir totalement lâché la bride à sa colère. Jusque-là, il avait à chaque fois conservé un infime espoir de faire d’elle une fille normale, une fille bien. Mais aucune fille digne de ce nom ne se battait avec les garçon, ce n’était pas normal, ce n’était pas sain, elle ne pouvait donc pas être normale, elle n’était donc probablement pas saine.
« Espèce de démon ! Qu’est-ce qu’on a bien pu faire a dieu pour qu’il nous envoie une punition comme toi ! »Il se dressa au-dessus d’elle et la saisit par le col pour la gifler à nouveau.
« Pourquoi ? » Un nouveau coup.
« Pourquoi ? » Encore un coup.
« Pourquoi… A-t-il fallu que j’aie une fille ? » Il la laissa ainsi, meurtrie de douleur, la mâchoire déboitée, mais suffisamment consciente pour entendre ses paroles.
Une fois qu’il eut disparu, la gamine se redressa et remboita tant bien que mal son articulation touchée, puis elle rassembla ses affaires et disparu dans la nuit. Pendant plusieurs jours la famille n’entendit plus parler d’elle et ne s’en plaignit pas. Georgia s’était complètement laissée sombrée dans la dépression perdant presque tout contact avec le monde réel. Elle était comme un fantôme dans sa maison, un automate, un esclave sans émotions, sans bonheur. Les hommes continuaient leur travail éreintant, bien contents de ne plus avoir cette empêcheuse de tourner en rond dans les jambes.
Mais leur répit fut de courte durée, ils apprirent que la gamine terrorisait le village, elle pénétrait chez les gens, prenait ce qu’elle voulait et repartait. Si on tentait de l’en empêcher, elle devenait violente et il fallait se battre avec elle. Apparemment elle avait déjà assommé deux habitants qui n’avaient pas voulu se laisser faire et déjà des milices se constituaient pour l’attraper et la pendre. Ca n’aurait tenu qu’à Rudven il serait presque allé les aider à l’attraper et aurait apporté la corde, mais il avait le pressentiment que l’exécution de sa fille pousserait Georgia vers la mort ou vers une folie encore plus totale. Aidé de ses fils il se mit donc à la recherche de la petite voleuse.
Ils avaient un avantage sur les autres groupes lancés dans la traque, ils la connaissaient très bien, ils savaient comment elle pensait ou comment elle réagissait dans certaines situation. Ils purent donc visiter toutes ses cachettes connues et finirent par la coincer. Encore trop terrorisée par ses frères et son père, elle ne chercha pas à combattre, les yeux fixant intensément un point au sol devant elle, elle supporta leurs regards méprisants sans broncher.
« Qu’est-ce qui te prend ? Tu es folle ? Tu ne peux pas rentrer chez les gens et prendre ce qui te fait envie. C’est mal. Surtout pour une fille. »« Pourquoi ? Ils étaient trop faibles pour m’en empêcher, je pouvais faire ce que je voulais. » « Qu… Quoi ? »« Laissez tomber… C’est une enfant du diable. Attrapez là et ligotez là fermement. »Ils la retinrent captive, comme un animal, pendant plusieurs jours, puis, lorsqu’un navire accosta pour charger des marchandises, son père demanda au capitaine de l’emmener le plus loin possible et de l’abandonner dans une île loin d’Agricultard. Il demanda aussi au marchand de faire passer le mot pour que personne ne la ramène sur l’île agricole, peu importe ce qu’elle raconterait. Il daigna tout de même confier quelque sous à sa fille pour se donner bonne conscience, avant de lui tourner le dos définitivement. Il raconta à sa femme qu’il l’avait envoyé en apprentissage chez une maîtresse tisserande dans une île loin de là. La malheureuse femme n’eut pas d’autre choix que de le croire mais ça ne la sortit pas de la dépression pour autant. Jusqu’à la fin de sa vie elle resta profondément marquée par cet épisode.
La gamine regarda son île natale s’éloigner avant de disparaître dans la brume. C’était la fin de tout ce qu’elle connaissait, malgré ses airs bravaches elle était terrorisée par l’inconnu qui s’ouvrait devant elle. Le négociant tint parole, il l’abandonna sur la première île où il fit escale et prit soin de faire passer sa description avec la consigne de ne pas l’amener sur son île d’origine mais la gamine n’essaya même pas d’y retourner. Pendant quelques temps, elle reproduisit toujours le même schéma, elle arrivait sur une île, elle prenait ce qui l’intéressait. Quand on essayait de l’en empêcher elle collait quelques coups, puis, lorsque la situation commençait à trop chauffer pour elle, elle s’embarquer clandestinement sur un navire en partance.
Ce style de vie lui convenait très bien mais c’était fatiguant de devoir toujours fuir, et même si elle n’aurait pas su définir clairement ce sentiment, la solitude commençait à lui peser. Elle avait toujours été plus ou moins seule mais à chaque fois avec un objectif et des figures stables dans sa vie. Ce n’était plus le cas, elle errait sans but, cherchant juste à survivre et à se prouver à elle-même qu’elle n’était pas une perdante de plus, qu’elle était tout aussi capable de se débrouiller que n’importe quel garçon.
Sa vie prit un tournant, lorsque, cachée sur un bateau marchand, elle assista à une attaque de pirate. Elle ne put s’empêcher d’admirer ces hommes, qui se jetaient sabre au clair sur d’autres, pour prendre ce qu’ils estimaient leur revenir de droit. Ils étaient plus fort et en tiraient avantage, c’était une façon de faire qu’elle trouvait parfaitement logique. Ils étaient comme elle, ils avaient la même façon de faire les choses et de voir le monde. Sans vraiment y penser, elle sortit de sa cachette et se dirigea, ignorant les combats autour d’elle, sur le pont du bateau pirate. Certains crurent à une sorte de mirage, d’autres se frottèrent les mains avec des idées salaces en tête mais elle s’en fichait royalement. La gamine de 13 ans se planta devant le capitaine qui posa sur elle un regard scrutateur, que fichait donc une jeune adolescente sur un navire marchand, elle était sale et couverte de bleu. Il la regarda ainsi en silence pendant plusieurs secondes, jusqu’à ce qu’elle prenne la parole.
« Je veux naviguer avec vous. Je me rendrais utile en faisant le travail de n’importe quel mousse. Je suis aussi forte qu’un garçon mais bien plus maline et agile. Je ne vous causerais pas de problème si on ne m’en cause pas non plus et qu’on me laisse me battre si j’en ai envie. » Le pirate fût tenté de l’envoyer promener mais son tempérament l’avait séduit, il lui fit un signe de tête pour accepter le sourire aux lèvres.
« Bien mon capitaine ! » Répondit-il en provoquant l’hilarité de ses camarades.
Très vite elle devint la coqueluche de l’équipage, personne n’osait lever la main sur elle, elle était un peu comme un animal de compagnie très intelligent. Ils ne la prenaient pas vraiment au sérieux et adoraient l’énerver pour qu’elle leur crie dessus. Lorsque le premier abordage arriva ils tentèrent de l’empêcher de monter à l’assaut, n’ayant pas vraiment cru à sa volonté de se battre à leurs côtés. Mais elle était bien là, sur le pont du navire adversaire, une matraque à poisson dans la main. En train de frapper derrière les jambes des ennemis pour qu’ils se déconcentrent ou de leur taper sur les mains pour qu’ils lâchent leurs armes. Elle devint alors vraiment populaire et gagne le respect de ses camarades, ils lui offrirent même des vêtements plus jolis que ceux crottés et défraichis qu’elle avait avec elle depuis Agricultard. Et afin qu’elle n’ait plus besoin d’utiliser un accessoire de pêche, ils lui offrirent une magnifique batte en métal qui servait normalement dans un jeu de balle mais qui serait parfait pour elle. Ils l’avaient fait graver au nom de l’équipage, depuis ce jour la jeune fille ne se sépara jamais de cet objet.
La belle histoire de Katy et des Tooru s’acheva un soir, où après une belle prise sur un navire de commerce de produit de luxe, le capitaine interdit à quiconque de toucher à un fruit étrange qu’ils avaient trouvé dans un coffre. Poussées par sa curiosité, son esprit de contradiction et les rumeurs au sujet de ce fruit, l’apprentie pirate se faufila dans la cabine du capitaine après lui avoir volé la clé lors du repas de célébration de la victoire. Il la retrouva, tranquillement assise derrière son bureau, en train de terminer la dernière bouchée du fruit du démon.
« Je vois vraiment pas pourquoi vous en faisiez tout un plat de ce fruit, il était super dégueu. » Lui lança-t-elle tranquillement.
Il fallut quelque secondes au pirate pour calmer sa rage et être capable de répondre.
« Dès demain tu quitteras ce navire. Je ne veux pas de quelqu’un qui ne respecte pas mes ordres. Tu aurais été membre de mon équipage, je t’aurais faite fouettée jusqu’au sang pour insubordination. Mais comme tu ne l’est pas, c’est le seul choix qu’il me reste. Je ne te veux plus à bord, surtout maintenant que tu as mangé ce fruit du démon. » Elle n’eut d’autre réponse que de se renfermer dans son mutisme obstiné et elle fût donc débarquée le lendemain dans une île sur Grand Line, seule, avec un pouvoir étrange qui commençait à se manifester sporadiquement.