PRÉSENTATION DU JOUEUR
Prénom : 信字.
Âge : Bonne question.
Sexe : Oui, j'en ai un.
Comment avez vous connu le forum : Par une amie.
Combien d'heures vous vous connectez par jour : Ça dépend des jours et des périodes.
Tes Mangas préférés : Blue Seed.
Ton pirate préféré dans One Piece : Sanji.
Hobbys : RP.
Autre : Je risque de bâcler ma fiche, faute de temps et désolée pour la réplique dans l'histoire. Coco Chaneldu77 is back ! \o/
PRÉSENTATION DU PERSONNAGE
Nom & Prénom : Shikyo (死去) Kara (空).
Pseudonyme : Gin (銀) la Furibonde.
Âge : Dix-sept ans.
Race : Humaine.
Occupation : Pirate.
Rang Spécial : Corsaire.
Métier : Cartographe.
Fruit du Démon : Aucun pour le moment.
Techniques Spéciales : Aucune pour le moment.
Rêve//But : Kara rêve d'aventures, de gloire, de puissance, de sang versé. Son plus grand désir serait que son simple nom fasse frissonner de crainte quiconque l'entendrait.
Physique :Son physique n'a rien d'exceptionnel. Kara mesure près de cent soixante-douze centimètres, pèse dans la soixantaine de kilos. Sa peau est d'un teint clair, légèrement caramélisée par le soleil, son visage petit et ovale, son corps svelte dans l'ensemble. Ses cheveux d'un blanc laiteux et soyeux sont coupés au carrés, raides et épais, encadrant deux pupilles aux iris chocolat. En amande, ses yeux sont plutôt expressifs, d'un regard intense. Son nez est aplati, ses lèvres assez pulpeuses sont piercées, tout comme ses oreilles qui le sont sept fois au total. De plus, un tatouage orne l'extérieur de son bras droit, La demoiselle attache rarement ses cheveux, pour se sentir plus libre. Ses bras et jambes sont fins, tout comme ses mains et sa taille, bien qu'elle sache aisément manier son katana. Elle bronze peu, et sa force musculaire ne se voit pas vraiment. On pourrait croire qu'elle est fragile, ce qui n'est pas le cas.
Caractère & moral : A quoi peut-on voir que ce n'est pas une jeune fille fragile ? Son goût pour les batailles, le sang, la manipulation. En effet, son corps la satisfait tout à fait, et elle n'hésite pas à utiliser ses airs angéliques et son corps pour atteindre ses fins. Non pas qu'elle ne respecte pas son corps, mais comme on le dit si bien, « la fin justifie les moyens ». Souriante, avide de connaissances et d'action, elle est impulsive et émotive. Sa sensibilité est, par contre, nettement moins exprimée, et ne parlons pas des sentiments. Gin aime contrôler tout ce qu'elle peut, déteste la faiblesse qu'elle condamne sévèrement et n'hésite jamais à dire le fond de sa pensée. Elle n'est pas courageuse, car elle craint peu de choses, et l'adrénaline l'aveugle facilement, tout comme le pouvoir. Têtue, rien ni personne ne peut la faire changer d'avis quand elle décide quelque chose. Elle aime le pouvoir, se sentir supérieure aux autres, ce dont elle est convaincue, mais s'efforce de ne jamais se laisser dominer par ce qui en émane. Elle préfère nettement la raison à la pulsion, sauf quand il s'agit de se battre, qu'elle considère comme un jeu. Cependant, en sa qualité - ou pas - de mauvaise joueuse, elle fera toujours tout pour ne pas perdre, et n'accepte les ordres d'un supérieur uniquement parce qu'elle sait que sa roue tournera.
HISTOIRE
Kara naquit sur une île, dans le West Ocean. Fille de pêcheurs, son village vivait dans le calme, une prospérité modeste, les pirates ne se plaisant guère à attaquer un bout de terre sans valeur particulière. Sa mère, Hene, était femme au foyer, aidant souvent son mari Jun lorsqu'il revenait de la mer, à vendre les poissons. Le père de Kara avait une passion pour les jeux de logique, et notamment le shoji, auquel il jouait même pendant les journées passées en plein océan. Lorsque la petite fille arriva à un âge où l'on commençait à comprendre, elle passait le plus clair de son temps à observer les parties de shoji que son père faisait, défiant souvent les autres villageois. Souvent, elle voulait aussi jouer, mais son père n'accepta qu'à ses six ans.
A ce moment, elle sentit une légère poussée d'adrénaline en elle. Jouer contre son père était un défi, elle allait enfin mettre à profit les trois années d'observation qu'elle avait accumulée. Cependant, elle perdit. Médusée, elle défia de nouveau Jun, encore, toujours, sans succès, sans jamais pour autant abandonner. Et bientôt, elle agissait dans la vie comme elle jouait au shoji, puis au go, aux cartes. La stratégie la passionnait ; à ses huit ans, ses amis lui proposaient des jeux de hasard et, dépités que jamais elle ne perde, proposèrent un jour d'accompagner leurs jeux d'une lame. Histoire de la dissuader, histoire que les choses changent et qu'il y ait pour une fois un autre vainqueur.
Cependant, Kara accepta les nouvelles règles.
Elle était jeune, insouciante ; une enfant. Chôchô et Sounansha avaient volé le tantô de leur père, et avaient rejoint le reste de la bande dans la forêt. C'était simple, celui qui gagnait devait avaler la lame, entièrement. Il y eut alors une première partie où presque tous abandonnèrent, et donc où l'on ne put continuer le jeu, et une autre où Kara gagna. Tous ses amis espérèrent qu'elle s'avoue vaincue, cependant elle prit le tantô entre ses doigts frêles, et l'enfonça prudemment dans sa gorge. Ni elle, ni personne ne comprit comment elle n'avait pu se blesser. Mais pour voir comment se débrouilleraient ses compagnons, à la partie suivante, la petite stratège abandonna juste avant que Sounansha ne gagne. Un silence de mort s'installa, et Kara était la seule détendue. Lorsque son ami voulut se défiler, elle le força à le faire, et il s'exécuta. L'assemblée fut soulagée dès que la lame s'arrêta dans le gosier du garçon, mais il retirait le tantô trop lentement au goût de Kara... qui le lui arracha d'un geste vif. Un long cri déchirant s'échappa des lèvres de Sounansha, qui porta immédiatement les mains à son cou, incapable de retenir le filet de sang qui s'écoulait de sa gorge. Et alors que tous les enfants criaient et s'enfuyaient pour prévenir leurs parents, la petite joueuse le contemplait d'un oeil écarquillé. La peur de la vie qui s'enfuit, l'adrénaline, le besoin de se cacher pour ne pas se faire attraper, tout cela valsait en elle. Et le voir, ce regard perdu, terrible, effrayé, qui s'accrochait à elle dans son supplice, elle en eut de féroces battements au cœur.
Finalement, la semaine suivante, elle partit chez Sounansha et Chôchô, accompagnée de ses parents, un bouquet de fleurs entre les mains. Lui avait survécu, la plaie n'était pas aussi grave que tous avaient pu pensé. Sur son chevet, Kara lui susurra un simple « merci » à l'oreille. Le garçon ne comprit pas, il avait peur. Et elle lui souri. Par la suite, le tantô la fascina. Kara supplia ses parents de lui en offrir un, sans succès. Son père s'inquiétait ; le tantô était utilisé traditionnellement pour le suicide, le seppuku, il ne comprenait pas pourquoi sa fille désirerait-elle sa propre mort.
Et à ses neuf ans, un évènement sortit l'île entière de sa petite bulle, l'extérieur viola son intimité : des pirates l'attaquèrent. Nombre des habitants ne surent que trop tard la nouvelle, et ne purent se cacher. La famille de Kara, au contraire, put rejoindre une cachette dans la falaise escarpée, au nord, suivie d'autres familles. Mais la fillette voulait savoir, voulait voir ce qu'ils fuyaient... et s'enfuit. Retournant dans son village, elle fut face à une toute autre réalité que celle de tous les jours. Des corps mutilés, à moitié brûlés à l'instar des bâtiments, du sang jonchaient le sol. Choquée, elle se laissa tomber à terre. Elle les connaissaient, tous ceux-ci. Soudain, alors qu'elle luttait pour rester lucide, une ombre apparut devant elle, levant une arme à feu à son encontre. Le coup de feu ne retentit pas, l'homme tomba simplement sur le flanc, un autre corps se tenant debout dans la pénombre, un katana à la main. Et les battements de cœur recommencèrent. « On ne touche jamais aux enfants », disait la voix grave. Il s'éloignait, un sac rempli de divers objet en main, lorsque Kara lui hurla « emmène-moi avec toi ! ». Impolitesse ? Audace ? Il s'arrêta du moins, déposa un wakizashi devant la fillette, et s'en alla pour de bon, lui conseillant de manier cette arme avant de partir en mer.
Ce qu'elle fit.
Durant des années, elle s'entraîna durement avec son arme dans les bois. Quand elle finissait par briser les arbres, elle s'entraînait contre ses camarades, pour pêcher, attaquer des poissons carnassiers. Finalement arriva ce qui devait arriver : les villageois n'en pouvaient plus que Kara trouble la paix, blesse leurs enfants, elle fut alors seule. Sa mère abandonnait peu à peu l'idée que sa fille redevienne normale, désespérait, pleurait. Son père jouait toujours avec elle au shoji, quand elle ne s'entraînait pas avec son arme ou ne dévorait pas de livres qu'elle pouvait acheter chez les rares bateaux marchands passant par l'île. Et à ses seize ans, elle partit.
« Je n'entacherai la réputation de personne, je serai Gin, et je viendrai de nulle part. Mais ouvrez-vous au monde, vous verrez comme il est intéressant. Et tendez l'oreille, le vent vous soufflera bientôt mon nouveau nom et ma nouvelle gloire. »
Et celle qui était devenue Gin la Furibonde s'en fut. Elle remercia ses parents, surtout son père à cause duquel elle s'était renommée ainsi (Gin est une pièce du jeu de shoji), souriante, et partit dès qu'elle put à bord d'un navire marchand. Elle y fêta seule ses dix-sept ans, deux jours avant de débarquer en ville. Tout alla très vite par la suite.
A force de sensualité et de tentation, Gin atterrit bien vite dans les « mauvais quartiers », et découvrit bien tôt un équipage qui recherchait un cartographe, le leur étant mort dans une tempête. Elle fut recrutée, et appris plus ou moins sur le tas son nouveau métier. Cinq mois plus tard, Gin s'échappa du navire, ennuyée par la vie menée. Les batailles se faisaient rares, les marins plus pervers et paresseux de jour en jour. Aucun intérêt à son goût. La jeune cartographe revint en ville, dans les bas quartiers. Il était temps de passer à un autre niveau, bientôt c'est elle qui mènerait la danse !
POST RP
Il n'avait pas le moins du monde été question d'aller à ce bal, jamais dans son esprit. Alors que son regard charbonneux flottait dans le vague, sa main dansait dans les cheveux longs et rebondis d'une jeune fille à ses côtés avec des allures d'automate. Elle, s'adonnant avec plaisir à ces petites caresses mécaniques, regardait d'un œil avide le film qui passait à la télévision ; une espèce de fiction tragique à laquelle Tsumi ne comprenait absolument rien, sans douce à cause de la surdose de guimauve liquide qui l'imprégnait. Tant de concentré sucré à l'eau de rose ne pouvait l'intéresser, ce qui expliquait pourquoi il fixait un angle mural d'un air absent. Ça sentait la Saint Valentin jusqu'ici, car en plus du film à faire pleurer comme une madeleine, la racaille avait eu droit à quelques chocolats, à quelques déclarations. Les sucreries, il les acceptait et tournait aussitôt les talons, les « je t'aime » bafouillés, il leur riait au nez. Pas la moindre once de romantisme, de délicatesse ne pouvait le toucher ou émaner de lui, c'était un fait pour un garçon qui a vécut dans la violence et la brutalité, dans une idée de rejet perpétuel. La seule raison pour laquelle Tsumi avait accepté non seulement d'écouter Ishi, mais en plus d'accepter de passer la soirée avec elle était que son prénom lui avait plu. Ses cheveux ébènes et ce nom lui rappelait sa noirceur et son cœur de « pierre ». Ishi, qui versait une larme à l'instant où le personnage principal était de nouveau séparé de son aimé, ne s'attendait pas à ce que la racaille ne se montre différente avec elle plus qu'avec une autre fille, mais devait avouer que rester ce soir avec lui la surprenait. Il était vrai qu'il avait besoin d'une compagne ce soir, ce quatorze février, ce jour tendrement amoureux. Mais ne rêvons pas, ce n'était pas par manque d'affection, loin de là, seulement, deux petits êtres demandaient à ce que l'on s'occupe d'eux, et ce n'était fichtrement pas sa spécialité. Rien de tel qu'une fille pour s'en occuper, qui plus est, une fille attendrie au possible par la bouille d'ange de ces deux graines d'Anglais.
Ce qui était le cas d'Ishi. N'étant pas de l'académie ni même de l'université, elle l'avait connu par une connaissance commune, et l'avait par la suite revu plusieurs fois au lycée en y allant voir ses amis, sans qu'aucune parole ne soit échangée. Qu'à cela ne tienne, elle était aujourd'hui seule - ou presque, si on omettait les demi-portions qui dormaient dans la pièce voisine - en sa compagnie. Heureusement pour lui, la Japonaise n'avait posé aucune question sur leur présence avec eux, qui sur quoi que ce soit d'autre. Ils avaient mis un film après avoir prononcé quelques mots. Ils avaient à ce moment cet air vieux et usé d'un couple mûr, de deux êtres qui ont depuis toujours l'habitude l'un de l'autre. Ce qui était bien loin d'être le cas. Et Tsumi, de son côté, dressait inconsciemment un mur invisible entre eux, qui dissuadait Ishi de tenter le moindre commerce amoureux avec lui, et songeait. Non pas à eux deux, ni à Judith et Philip dormant, ni encore Lun ou Sora. Aujourd'hui, une poussée de nostalgie le ramenait aux côtés d'Akemi.
Son sourire innocent, sa patience et sa douceur infinies, rien ne trahissait, ou si peu, un sentiment de malheur sur son visage. Même lorsqu'il était défiguré par les coups de Tsumi, il semblait heureux. En y pensant mieux, la racaille se souvenait avoir eu peur de ce bonheur incompris, cette jovialité omniprésente en lui. Et c'était cet amour qu'il voyait stupide, inapproprié à eux, voire totalement décalé, qu'il tentait de battre à mort à travers Akemi. Comme il s'y prenait mal, et jamais il ne se l'avouerait. Dans un soupir, il entendit un cri qui ne semblait provenir en rien du film défilant devant les deux jeunes, et Tsumi se leva avec lassitude pour jeter un œil chez les faux-jumeaux. Actionnant interrupteur près de la porte de la chambre, il entrouvrit celle-ci pour découvrir qu'il avait simplement rêvé. Ou halluciné, ce qui revenait à peu près au même ici. Il voulut retourner dans ses réflexions auprès d'Ishi, lorsqu'un objet à terre attira son regard. Un, deux, trois petits masques ; certainement ceux des enfants. Les récupérant, il se rappelait alors de Lun. Lun qui allait danser, rire, séduire à ce bal de Saint Valentin. Non pas qu'il l'enviait, il détestait autant danser que participer à ce genre de fête où la guimauve liquide vous collait à la peau, où il n'y avait de place pour rien d'autre que l'amour sous toutes ses coutures, sous tous ces costumes.
Il jeta les trois objets colorés sur une étagère, lançant un regard vague en direction de la fenêtre. Ce n'était pas qu'il avait eu envie de garder les petits ce soir, mais plutôt qu'il n'avait pas réfléchi à quoi faire d'autre. D'un geste las, il prit un paquet de cigarettes dans sa poche et en porta une à ses lèvres. La flamme de son briquet lécha avec volupté le bout du bâton de nicotine, et sa fumée s'engouffra sournoisement dans les poumons de la racaille. En ce qui concernait ceux des deux gamins dormant, Tsumi ne se préoccupait pas de s'imaginer si le tabac allait les déranger dans leur sommeil. Il fit cependant rapidement demi-tour et ferma la chambre, dont il éteignit la lumière. Ishi ne le regarda qu'à peine revenir, comme pour être certaine que c'était bien lui, et s'affala. Lui ne resta qu'une seconde à côté d'elle, avant de se relever et de partir en direction de la porte d'entrée, saisissant son grand manteau de cuir au passage. Il était évident que la jeune fille se poserait des questions. Il était évident que Tsumi en aurait pour longtemps.
« Je vais m'acheter des clopes. Occupe-toi des mômes si besoin, je reviendrai vite. »
Et il claqua presque la porte derrière lui ; peut-être cela réveillerait-il les deux gamins et pousserait leur nouvelle baby-sitter à porter secours à leur sommeil, qui sait ? Tout en enfilant son manteau couleur d'ébène, la racaille aspira une nouvelle bouffée de sa cigarette, songeant au paquet neuf qui gisait au fond de l'une des poches de ce qui protégeait ses épaules des flocons de neige. Foutu climat déréglé, il s'imaginait déjà demain avec un soleil de plomb.
Finalement, une demi-heure plus tard, il y était. Un essaim grouillait ici, des humains abrités sous leurs masques monstrueux, des animaux personnifiés qui se bousculaient ci et là dans la salle immense aux tons chauds. Ça sentait l'alcool, plus faiblement le tabac ou la drogue, mais aussi une étrangeté très significative. Que fait, s'il vous plaît, une espèce de mamouth laineux au coeur d'un bal où le rose bonbon fuse de toutes parts ? Plus hors catégorie, il ne pensait pas trouver, jusqu'à ce qu'il découvrit des déguisements tout aussi douteux qui le firent autant grimacer qu'écarquiller les yeux. Septique, il en fut presque tétanisé de dégoût, sentant une énergie particulière le tirer en arrière, comme l'incitant fermement à décamper de cet endroit innomable. Oui, sauf qu'il lui revint en tête que cette fête était aussi Carnaval que nouvel an chinois, et que ce n'était pas une force inconnue qui lui tirait l'épaule en arrière, mais une main. A deuxième réflexion, une main verte avec de drôles de griffes. Exécutant une demi-volte avec méfiance, Tsumi fit face à une grande asperge aux couleurs jaunâtres et épinard. La créature lui semblait tout à fait inconnue au bataillon, et après une grimace significative accompagnée d'une excuse rapide, s'en alla acoster autrui.
La racaille la suivit d'un oeil interrogatif jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans la masse. Certes, Tsumi n'était pas un Apollon ni un Cupidon dans sa tenue, mais au moins il ne ressemblait pas à rien comme
certains ; un peu de respect tout de même. Mais au moins, il était fier de lui. Grâce à ce costume unique, il en était certain, personne ne le reconnaîtrait à cette fête étrangère. Après tout, entre la Saint Valentin des Américains, le nouvel an des Chinois et le carnaval des Occidentaux, y avait pas grand-chose de fondamentalement japonais ici-bas. D'ailleurs, si on était logique, ça aurait été le White Day qu'ils auraient dû fêter. Sales Ricains qui foutent le bordel partout... D'un geste agacé, Tsumi replaça plus confortablement le masque à gaz sur son visage. Ben oui, faut bien éviter de s'empoisonner, l'amour énivre, rend fou, l'amour pue... Comme le disait une chanson,
ai wa sadame, sadame wa shi 〖l'amour est le destin, le destin est la mort〗, soit, l'amour tue à petit feu, et c'était vraiment pas le moment de s'empoisonner. Pas fou le Tadashii, il tenait quand même un minimum à sa peau.
Dans son costume plus approprié pour Halloween que le Carnaval, Tsumi finit par lever un pied, le poser devant l'autre, recommencer pour mieux avancer. Les boissons du bar semblaient si alléchantes, mais qui disait boire disait retirer le masque et manquer de se faire reconnaître ; soit, impensable. Mais alors qu'il méditait avec concentration sur le comment s'enfiler un verre de tequila en douce sans que personne ne voit ni son visage ni une partie de son tatouage, une voix violente attira son attention. Sa tête pivota vers sa source, et ce fut étonné qu'il aperçut un prince Jean secouer une jeune fille comme un prunier. Décidemment, même ce soir, la galanterie n'existait toujours pas. C'en était pathétique. Ne s'occupant pas davantage de cette scène, il chercha du regard Lun qui devait être en train de se faire remarquer quelque part dans le coin. Il s'éloigna de quelque pas du bar lorsqu'une silhouette extrêmement douteuse fit son apparition : une sorte d'être violacé et blanc, une tête qui ne lui était pas franchement inconnue. Et quand Tsumi reconnut enfin Wunjo Ivanova, la pseudo-geisha du bar, son cerveau n'eut pas le temps de lui proposer de tourner les talons qu'un bruit monstrueux attira son attention. Il assista alors à la fin d'un combat, la demoiselle flamboyante écrasant le prince sans rire dans toute sa splendeur. Et soudain, il lui rappela sa propre condition, un soir, où lui-même avait subi une prise de ce genre. Lun... ?
Lui qui l'imaginait en train de se faire remarquer, si cette fille était bien le populaire, il n'aurait pas pensé avoir autant raison. Impressionnant, tous les regards rivés sur lui. En même temps, dans une tenue pareille, il était évident qu'il ne passe pas inaperçu, surtout que les mecs aiment bien courir derrière les fortes têtes de son genre. Ah, Lunita... Il avait déjà disparu, si vite. Idem pour l'insecte wunesque. A demi inquiet, le zombie balaya la salle du regard, tentant d'identifier tous ceux qui se cachaient sous ces masques immondes. Finalement, l'angoisse - pour une raison qui lui était inconnue - lui montait trop au cerveau. Instinctivement, il sortit son paquet de cigarette et brisa contre son masque à gaz celle qu'il pensait porter à sa bouche. Furieux, Tsumi l'écrasa entre ses doigts et la jeta à terre ; il ne pouvait même plus fumer. Il n'avait peut-être pas tort en pensant ne pas venir au début, des fois, il ferait bien de s'écouter un peu plus.
« Pas pratique avec ton masque. Tu viens danser ? Mon valentin m'a laissée tomber. »
« ... »
Une fille tout aussi méconnaissable que lui se tenait sous son nez. Elle n'était pas bien grande, mais vêtue d'une robe chinoise près du corps aux couleurs pétillantes. La voix de Tsumi se fit plus grave, sans pour autant être digne d'une caricature.
« Je préfèrerais plutôt une clope. »
« Ah... Ben va là-bas, ici, on fume pas pour ne pas gêner les non-fumeurs comme moi. »
« Okay. »
Et à son tour, il planta la demoiselle, laquelle s'en alla immédiatement chercher un autre cavalier potentiel. D'ailleurs, pourquoi l'avoir choisi lui ? Il avait l'air de tout sauf d'un mec qui semblait enclin à s'approcher de la piste de danse. Plongé dans ses pensées et perdu dans la masse grouillante, il finit par entendre une voix familière qui le guiderait très certainement sur le droit chemin. Ou plutôt le chemin droit à la zone fumeurs.
« Allez, debout le beau au bois comatant. »
C'est vrai, Tsumi ne connaissait pas vraiment Wunjo, ou pour être franc il ne l'a connu que d'une nuit. Mais autant la voix et le visage l'avait marqué, autant il avait tout fait pour oublier le reste. Juste mémoriser le minimum pour mieux fuir. Il n'avait pas besoin de savoir pourquoi il l'évitait, il avait tout juste à le faire et à ne pas se poser de questions. Mais bon, la fin justifiant les moyens, il devait croiser Wun' pour voir Lun. Quand faut y aller, faut y aller !
Ce fut donc le coeur presque battant qu'il pénétra dans... un nuage de fumée. Opium apparemment, s'il en jugeait par le peu de drogue que son masque n'arrivait pas à filtrer. Finalement, le choix de son costume avait été plus que judicieux ; Tsumi garderait suffisamment ses moyens, et ne se shooterait qu'au moment opportun. Le plan parfait, même si l'idée de respirer pleinement cette brume le démangeait déjà. Mais comment se comporter normalement avec les deux junkies sans que Wunjo ne se doute de son identité ? Tsumi le fuyait depuis un moment déjà, ça aurait été le bon moment pour la Manthe Religieuse de demander des comptes. Quoique... Vu ses yeux dilatés et sa façon de se dandiner, la racaille était prête à parier qu'il n'était même plus à moitié dans le monde réel. Se faufilant vers la geisha icendiaire, le jeune zombie lui posa une main sur la tête avant de rapprocher son visage vers sa nuque.
« C'est pas le moment de nous taper une dépression, toi ! »
Ceci
sensuellement susuré à son oreille, Tsumi s'en alla s'assoir dans un troisième canapé libre, en évitant comme de coutume d'adresser la parole au russe saoul. Ce soir, ils seraient tous trois Garcin, Estelle et Ines, ils seraient dans un huis clos. Mais aujourd'hui ce ne sera pas la haine qui les poussera à communiquer.