- Présentation du joueur IRL -
Prénom : Camille
Age : 17 ans
Homme/Femme/Okama : Femme
Comment avez vous connu le forum : Cela commence par "G", finit par "E" et contient deux O...
Combien d'heures vous vous connectez par jour : En semaine, j'essaye de me connecter au moins une fois par jour, environ une heure. Le week-end, je suis beaucoup plus présente. Bien sûr, cela dépend du nombre de RPs en cours, du temps qu'il fait et de l'état de santé de mon ordi - qui est à l'article de la mort...
Tes Mangas préférés : One Piece - bien que je n'aie pas encore lu tous les tomes parus -, Soul Eater - là, par contre, j'ai de l'avance: je carbure aux scans -, Death Note - je n'ai vu que l'anime. Voilà pour mes trois préférés!
Ton personnage préféré dans One Piece : Sandy...
Ce qui t'as motivé à venir : L'envie de reprendre le RP après deux mois d'interruption... J'ai choisi l'univers de One Piece, vu qu'en ce moment je suis à fond, et ce forum m'a semblé actif et chaleureux. So here I am!
Tes expériences dans le domaine du Rp/JdR : Je fréquente des forums de RP depuis quatre-cinq ans. J'ai commencé par des EV, j'ai navigué sur des forums Harry Potter, modéré des fofo Soul Eater et ai finalement échoué ici...
Hobbys : Bouquiner, dessiner... Lire des mangas, jouer de la guitare... Je fais de l'escalade, du ch'val, du théâtre, et j'adore les jeux vidéo - tactical RPG, Zelda...
Autre(s) : Quelle est la différence entre un canard?
- Présentation du personnage -
• Nom & Prenom : Perséphone Madame Hammer
• Surnom:
• Age : 30 ans
• Race : Humaine
• Camp : Marine
• Orientation psychologique : Bon, mauvais?... Perséphone peut être également classée dans les deux catégories. Bien qu'elle soit capable de toutes les malveillances et de toutes les cruautés pour remplir une mission ou atteindre ses buts, elle reste persuadée d'agir pour la protection des faibles et des opprimés.
• Métier/Spécialité :
• Pouvoir demandé : Fruit du Démon- Hanmã Hanmã No Mie - Paramécia du marteau: Permet de transformer ses bras ou ses jambes en marteau. En plus des attaques habituelles qu’on peut imaginer avec un marteau, l’utilisateur a également le pouvoir de frapper le sol qui se déforme comme un système de levier au milieu qui est le principe de la mailloche (manège). En clair, le sol descend sous l'impact et remonte du côté ennemi pour le faire décoller. L’utilisateur peut également frapper des objet ou personne qui s’enfonce dans le sol comme un clou sur une planche de bois. La personne ou l’objet enfoncé ne subit aucun dégât, il reste juste prisonnier dans la terre.
• Rêve(s)/But(s) du personnage : Mettre le monde en ordre.
• Code présentation :
◘ Description Physique :
Vous entrez dans un bar bondé. Autour de vous, des ivrognes, des gamins, des femmes, des hommes, des soldats, des civils, du bruit, partout du bruit et de l’agitation. Essayez de faire abstraction de tout cela, et portez votre attention dur cette femme, assise là au comptoir.
Elle vous tourne le dos. Vous ne voyez pour le moment que ses cheveux, courts, raides et noirs, taillés en pointe dur sa nuque blanche. Elle porte un tee-shirt, un simple tee-shirt noir, qui laisse apparente sa maigreur, sa taille fine et son dos osseux. Elle tend alors un bras blanc et noueux vers la chope que lui apporte le barman. Elle se tient bien droite, assise sur son tabouret comme on s’assoit sur une chaise électrique, avec une sorte de solennité qui ne convient que peu à l’atmosphère du lieu.
Vous vous approchez, maintenant. Vous fendez la foule avinée et rejoignez la femme de dos, vous vous asseyez à côté d’elle sur un tabouret à peine libéré par la chute du pilier de comptoir qui l’occupait jusqu’à présent. Vous la voyez mieux, et remarquez que ses cheveux ne sont pas uniformément courts : deux longues mèches noir corbeau encadrent son visage. Et quel visage… Elle n’est pas belle à proprement parler. Son teint est blafard, ses pommettes roses et saillantes. Ses joues sont creuses, son nez trop long, son front trop large. Tout semble géométrique chez elle : de son menton en pointe à ses sourcils tracés à la règle, de ses lunettes rectangulaires à ses lèvres dont la finesse se devine malgré le maquillage. Vous baissez les yeux, vers son torse aux os saillants, vers ses petits seins pointus, vers ses mains aux longs doigts fragiles de pianiste qui entourent sa chope de bière. Vous remarquez que sa peau est sèche, comme sous l’effet de lavages trop fréquents, et que ses ongles sont rongés… Maigre, fine, cassante, toute en angles ; cette femme n’a pas grand-chose d’attirant. Malgré sa position assise, vous pouvez sans peine vous rendre compte de sa grande taille ; de petites rides creusent son front et le contour de ses yeux bruns, discrète marque du temps qui passe : elle doit avoir une trentaine d’années.
◘ Caractère & morale :
Elle remarque alors que vous la dévisagez, et tourne les yeux vers vous. Un bref instant, elle vous passe au scanner de ses pupilles noires, et sous cet examen désagréable, vous pressentez que vous avez devant vous une femme d’autorité, une meneuse. Un peu dans le genre maîtresse d’école… Son visage se déride alors, étonnante transformation. Elle n’a reconnu en vous ni un forban, ni un Rebel, ni un débraillé, un dévoyé de quelque espèce que ce soit, et vous gratifie d’un sourire amène. Elle fait glisser, d’un geste précis et nerveux, ses lunettes sur l’arrête aigue de son nez, et entame la conversation la première, pour votre plus grande surprise. Bien, je vous laisse converser tous les deux ; vous pourrez lire ce qui suit une fois que vous l’aurez quittée, car ce sont là des choses que même le grand observateur et le fin analyste que vous êtes ne pourra deviner en une si brève entrevue.
Perséphone est une femme intelligente, passionnée mais sensée. Elle croit en l’ordre, elle croit aux bienfaits de la discipline et à la nécessité de l’obéissance pour empêcher le monde de sombrer dans le chaos. Il y a selon elle deux catégories de personnes. Celles qui veulent vivre en paix, qui souhaitent que ce monde soit un endroit où il fait bon vivre, où les hommes et les femmes travaillent main dans la main pour exploiter les ressources naturelles que leur offre Mère Nature ; et ceux qui ,n’en font qu’à leur tête, qui sèment désordre et chaos sur leur passage, qui rêvent de gloire, de richesse et de sang, les anarchistes, les pirates et les insoumis qui menacent l’équilibre du monde. Perséphone n’a pas vraiment foi en la nature humaine ; livrés à lui-même, tout homme devient un potentiel danger pour autrui comme pour soi. Elle juge que les êtres humains ne sont pas tous égaux ; et que seule la domination totale et bienveillante d’un petit groupe de personnes plus sensées, plus avisées que le commun des mortels peut contenir la part chaotique existant en chacun, et ainsi protéger le monde de l’apocalypse promise par l’imperfection humaine.
La piraterie nuit à l'équilibre du monde et doit être éradiquée. Tous ceux qui ne respectent pas les règles nécessaires au bon fonctionnement de la vie en communauté, de part leur comportement indiscipliné ou leur incapacité à rester à leur place, tous ceux qui expriment une quelconque velléité d'indépendance vis à vis de l'ordre établi doivent être mis hors d'état de nuire. Voici son credo, voilà sa philosophie ; Perséphone est donc une femme intransigeante, disciplinée et dangereusement intolérante.
De fait, le perfectionnisme outrancier de Perséphone fait qu'elle ne supporte pas quiconque ne se plie pas aux règles qu'elle a établies. Elle voue une haine impitoyable aux pirates, qu'elle considère comme la pire des engeances; mais ils ne sont pas les seuls à s'attirer ses foudres, et elle se montre intransigeante avec ses alliés comme avec ses ennemis. Vous aurez beau être son plus proche ami, elle ne vous pardonnera aucun écart de conduite et n’hésitera pas à vous corriger s’il le faut.
Mais par-dessus tout, c'est d'elle-même que Perséphone se méfie. Cela, elle s’efforce de ne pas le montrer ; mais sous son apparente confiance en soi, elle est constamment sous tension, effrayée à l’idée de commettre une erreur, de s’éloigner du droit chemin, de faire quelque chose qu’elle pourrait regretter par la suite… Le plus petit détail peut prendre pour elle une importance terrible. Elle se surveille constamment, se juge, s’interroge. Anxieuse, bourrée de tics, la seule manière pour elle de soulager son anxiété est de s’assurer un nombre incalculable de fois que tout est sous contrôle. Elle a la manie de tout ranger, ne supporte pas le désordre ni la saleté, qui sont pour elle synonyme de malheur, un mauvais présage – superstition héritée de sa mère, ce dont nous aurons l’occasion de reparler par la suite.
Il ne faudrait pourtant pas penser que Perséphone est une sociopathe incapable d’avoir des relations avec autrui. C'est même le contraire. Elle a viscéralement besoin des autres, besoin d'être écoutée. Oh, bien sûr, elle ne tolère pas l'amitié de n'importe qui - son sens des convenances l'empêchera par exemple de se lier avec une personne d'un grade inférieur au sien - et elle choisira avec soin ses relations; mais elle ne peut supporter l'indifférence. Sa nature angoissée et les inquiétudes qu'elle nourrit envers sa propre nature et ses propres actes la poussent à rechercher chez les autres l'approbation, le soutien dont elle a besoin pour justifier le chemin qu'elle parcourt. Perséphone est une égocentrique. Elle parle plus qu'elle n'écoute; mais elle n'a jamais l'impression d'être assez écoutée, elle n'en a jamais assez, jamais assez d'attention. Méfiante, voire paranoïaque envers ses amis, elle exige l'exclusivité dans les relations et ne tolère pas qu'on lui soit infidèle, qu'on la prenne à la légère, ce qui fait d'elle quelqu'un de particulièrement difficile à vivre.
◘ Histoire :
Cette femme, assise au comptoir devant une chope de bière, c’est Liz Holarah. Elle est belle, et les hommes viennent de loin pour ses longs cheveux noirs et pour son doux corps laiteux. Elle a vingt-huit ans, et elle en a vidé, des bourses, dans sa vie. Elle est belle, et elle vend sa beauté à qui en veut, à qui veut en profiter ; elle est jeune, et son amour, et sa tendresse, elle les offre à tous les cœurs perdus, à toutes les âmes esseulées qui, le soir, le matin – il n’y a pas d’heure pour la solitude – traînent leur amertume dans les rues animées de Hagarat, petite ville perdue aux confins des eaux claires de West Blue. Liz a vingt-huit ans. Dans deux ans, ce sera la trentaine. Dans deux ans, les rides, les fesses qui s’affaissent, les seins qui tombent, les cheveux qui blanchissent, la peau qui se flétrit, la vieillesse. La mort du petit commerce, pense-t-elle parfois avec un joyeux cynisme.
Elle ne sait pas à quel point elle a raison. Son petit commerce va mourir, en effet, et plus tôt qu’elle ne le pense. Et la personne qui va le tuer, c’est cet homme, assis là, au milieu d’une bruyante assemblée de forbans fraîchement débarqués sur l’île. Il ne paie pas de mine, avec sa maigreur cireuse, sa jeunesse fanée de cicatrices, son air bougon. Il est assis là, il ne participe pas aux démonstrations d’allégresse de ses compagnons, il fume cigarette sur cigarette. Il n’a pas remarqué Liz la pute, Liz la pute ne l’a pas remarqué ; et pourtant, miracle du destin ou simple hasard, dans deux jours il sera à ses pieds, agenouillé devant elle dans la chambre de son petit appartement, et il lui offrira, non pas sur un plateau d’argent – il n’est pas très chanceux en tant que pirate, la fortune ne lui a jamais souri – mais dans le creux de ses mains calleuses, tous les serments, tous les mots d’amour qu’il a appris au cours de ses allées et venues sur le vaste océan. Et elle, avec son cœur de gamine, elle va fondre en amour et se liquéfier en passion pure. Dans une semaine, il l’emmènera loin de cette ville qui a toujours été la sienne, sur son bateau, il va l’emmener jusqu’à une petite île, une toute petite île avec un tout petit village, avec une toute petite maison, et là elle sera une autre personne, là elle ne sera plus Liz Holarah, mais Madame Hammer, Madame sera son prénom, Hammer son patronyme, et la tendresse et l’amour qu’elle partageait jadis entre tous les perdus, les cassés, avec la générosité admirable des filles de joie, elle ne l’offrira plus qu’à lui, il en aura l’exclusivité, ce type un peu maigre un peu pâle avec sa jeunesse fanée de cicatrices et son air bougon. Mais pour l’instant, elle ne le sait pas, il ne le sait pas. Elle est Liz. Il fume cigarette sur cigarette.
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L’enfant est le père de l’adulte
La gamine a quatre ans, des cheveux noirs, des yeux noirs, une peau blanche, un sourire blanc. La gamine est petite, maigrichonne, fragile comme une poupée. La gamine est sage, très sage, obéissante, très obéissante ; la gamine se lave les mains, les dents, range sa chambre, le salon, la cuisine, la maison, le jardin. La gamine lave les fleurs, les cailloux, le chat – qui s’est noyé, mais ça, la gamine ne le sait pas, elle croit vraiment qu’il est en train de sécher dehors. La gamine n’a pas de papa, parce que son papa, c’est un grand soldat, qui se bat ardemment sur son grand bateau, dans son uniforme, pour faire triompher la justice. La gamine ne sait pas vraiment ce que c’est, la justice. Mais ça semble bien. La gamine approuve.
La gamine est une petite chose fragile, et la gamine ne doit jamais connaître les horreurs de la guerre.
La maman de la gamine s’appelle Madame. C’est une dame ronde et triste, elle qui était jadis mince et rayonnante. Si elle est ronde, c’est parce qu’elle a porté la gamine dans son ventre, et que ça laisse des traces, même quatre ans après. Si elle est triste, c’est parce que son mari s’en est allé en guerre. Du mauvais côté du drapeau noir ; mais cela, la gamine ne doit pas le savoir non plus. Pareil que pour le chat, tout pareil.
Madame se tient au courant, comme on dit. Elle lit le journal pour savoir combien de morts, pour savoir combien de blessés, pour savoir combien de vies dévastées et de villes saccagées sur les cinq mers du globe. Elle lit en frémissant ces récits sanglants, ces mots puant la poudre à canon et l’acier et les larmes. Et Madame remercie tous les dieux du monde d’avoir jusque là épargné son village, cette petite île perdue et calme, cette petite maison, cette petite fille. Hagarat, elle, est tombée depuis longtemps ; mais ici, on est en sécurité. Ici, on ne dirait pas qu’il y a une guerre quelque part dans le monde. Tout est normal. Et Madame prie pour que tout le reste. Comme Madame est superstitieuse, elle s’efforce de maintenir toujours sa maison en ordre, parfaitement en ordre, parfaitement propre, parfaitement rangé ; tant que l’ordre règne chez elle, pense-t-elle, il règnera à l’extérieur, et tout sera bien. Elle apprend à la gamine à faire de même. La gamine ne comprend pas bien ce que c’est, la guerre. Mais ça semble mal. La gamine aide donc Madame à la tenir à distance. Et tout va bien.
Parole, parole, parole…
La gamine, le gamin, Cleo, Grewis, la Grande.
Une plage. La mer. Le ciel, bleu ; le soleil, haut. Des nuages dans le ciel bleu. Des mouettes dans le ciel bleu. De l’écume sur la mer bleue. Cinq enfants sur le sable, entre six et dix ans, agenouillés, qui font des pâtés. Ils sont pieds nus et vêtus de tee-shirts.
LE GAMIN : On dirait que moi, je serais le chef des pirates et que je détruirais la forteresse avec mes boulets de canon.
GREWIS : (sec) Tu détruiras que dalle ! La forteresse de la Marine est imprenable ! Et moi, je t’envoie tout un bataillon de tireurs d’élite, tu vas couler en moins de deux, pirate à la noix !
LA GAMINE : (riant) Pirate à la noix ! On va te pulvériser !
CLEO : Moi, je serais l’infirmière.
LE GAMIN : Avec des gros nénés !
LA GRANDE : (sévère) Dis pas de cochonneries !
LA GAMINE : (riant) C’est pas des cochonneries ! Toi aussi, t’as des nénés, la Grande ! Et même les garçons, ils en ont, des nénés, d’abord !
GREWIS : (ricanant) T’en sais quelque chose, hein ?
LA GRANDE : (très sévère) Toi, tu la fermes !
LE GAMIN : (rit) T’as dit un gros mot !
LA GAMINE : (contrariée) Pourquoi t’as dit ça ?
CLEO : (ricanant) Pour rien ! Il a dit ça comme ça !
LA GAMINE : (furieuse) Pourquoi t’as dit ça ? Je te préviens, je te pulvérise avec mon canon, moi ! Pourquoi ? Alors, pourquoi ?
LA GRANDE : La ferme !
GREWIS : Parce que ta mère, c’est une pute.
(Silence. Une mouette crie.)
LA GAMINE : C’est quoi, une pute ?
(Silence. Une mouette crie.)
LA GRANDE : (gênée) Demande à ta mère.
LA GAMINE : C’est pas bien, d’être une pute ?
(Silence. On tire sur la mouette, qui tombe et meurt dans d’atroces souffrances.)
GREWIS : Nan. C’est dégueulasse.
LA GAMINE : Ma maman est pas dégueulasse. A la maison, c’est toujours propre et bien rangé.
LE GAMIN : C’est pour que les gens voient pas qu’elle est dégueulasse, ta mère.
LA GAMINE : (furieuse) La ferme !
LA GRANDE : (sévère) Toi, la ferme.
CLEO : (frénétique) Et tu sais ce que c’est, ton père ?
LA GAMINE : J’t’écoute pas. Mon père, c’est un Marine, il est très fort. Il se bat contre des pirates, en ce moment.
CLEO : (jubile) Même pas vrai. Ton père, c’est un sale pirate. Tout le monde sait ça.
(Silence. La mouette ne crie plus. La gamine se lève, écrase méthodiquement tous les pâtés et part en courant. Silence. Les enfants se remettent à jouer.)
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L’armée en marche
La guerre fait rage avec plus de violence que jamais. Partout, le sang coule. Pirates, marines, civils s’affrontent, s’entretuent ; mais l’île de Noua, où vivent Madame Hammer et sa fille, est restée pour le moment intouchée, miraculeusement épargnée par les tragiques évènements qui secouent la planète.
La vie y suit tranquillement son cours, la gamine a grandi : Perséphone M. Hammer a maintenant huit ans. C’est une enfant sage, soignée et enjouée. Sa mère est une pute, son père un pirate, et le monstre terrifiant et inconnu dont tout le monde parle, la Guerre, elle ne l’a encore jamais vu ailleurs que dans ses rêves, où il a trois têtes dégoulinantes de bave et hérissées de crocs. Pour éloigner la Guerre, elle continue à tenir la maison en ordre, avec Madame ; pour laver la honte d’avoir une mère dégueulasse, elle lave beaucoup ses mains. Rien n’est très clair dans sa tête, alors elle plaque sur des notions abstraites des réalités qui lui sont tout aussi obscures, pour le moment : le bien, c’est la marine, le mal, les pirates, bien qu’elle n’ait jamais vu de soldat ni rencontré de forban ; avec les autres mômes de l’île, ils se courent après et se tapent dessus à grand coup d’épées en bois, et elle, elle fait toujours le soldat courageux et loyal, pour oublier que son père est un méchant. Elle ignore encore tout du monde, mais plus pour très longtemps.
Le Gouvernement recrute avidement de la chair à canon, et ce dans toutes les îles de toutes les mers du globe. Toutes les îles de toutes les mers ne sont cependant pas encore connues, et souvent, les navires de la Marine accostent sur de nouveaux rivages et grossissent leurs rangs d’autochtones.
Un matin de printemps, un navire vient mouiller dans la baie de Noua. Un grand et beau navire, avec d’immenses mâts chatouillant le ciel dégagé, de grandes voiles blanches agitées par la brise, et un drapeau claquant fièrement dans le soleil aveuglant. Tous les habitants de l’île – ils ne sont pas très nombreux – sortent de chez eux et viennent s’attrouper sur la plage, mains en visière pour voir ce qui arrive. Les plus vieux cherchent anxieusement à repérer la couleur du pavillon malgré la lumière brûlante de la mi-journée ; les plus petits, surexcités, font des pronostics sur les créatures fabuleuses qui sortiront de ce magnifique galion. Des chaloupes sont jetées à la mer, et bientôt une quarantaine de soldats en uniformes débarquent sur le sable blanc de Noua.
Perséphone M. Hammer n’a jamais vu pareil spectacle, et elle écarquille les yeux pour n’en pas perdre une miette. Ces hommes, ces femmes s’alignent là, en un bloc ordonné de lignes bien droites. Ils se plantent comme des « i » dans le sable, et ils sont magnifiques, tous habillés de la même façon, tous impeccables, tous soignés et disciplinés, tous semblables, les hommes aux cheveux ras, les femmes avec leurs tresses. Les boutons de leurs vestes brillent, les lames de leurs sabres scintillent à leurs ceintures. L’image même de l’ordre et de la discipline s’offre au regard avide de la gamine de huit ans. Un grand type plein de gallons s’avance, et sa voix de stentor résonne par-dessus les cris des mouettes et les remous de la mer.
-Habitants de l’île de Noua, la Marine a besoin de vous. Le Gouvernement a besoin de votre aide pour rétablir la paix et la tranquillité dans ce monde devenu fou. Que tous les hommes, que toutes les femmes ayant entre quinze et soixante ans s’avancent d’un pas. Que tous les enfants, toutes les personnes âgées et tous les invalides reculent d’un pas.
Une rumeur de protestation s’élève de la foule des habitants de Noua.
-Pourquoi faire ? s’exclame une voix perdue dans la masse.
-Vous êtes réquisitionnés pour combattre la piraterie. Avec votre soutien, la guerre prendra vite fin. Vous pourrez bientôt rentrer chez vous, retrouver vos enfants, avec la fierté et l’honneur de ceux qui combattent pour leur Patrie.
C’est la débandade. Des voix s’élèvent, toutes en même temps, certaines enthousiastes, d’autres furieuses. Madame fond en larmes et serre Perséphone dans ses bras. Perséphone se dégage, outrée.
Pourquoi pleure-t-elle, sa mère ? N’a-t-elle pas entendu les mots de l’homme en uniforme ? Elle va aller combattre la piraterie, elle va aller sauver le Monde ! Elle va avoir la chance de rejoindre ces gens si propres et si élégants, d’embarquer avec eux pour faire régner la paix sur la terre. Pourquoi ces larmes, alors que l’ordre lui a toujours tant tenu à cœur ? Pourquoi ces sanglots vides de sens ?... La gamine ne comprend pas. A moins que tout n’ait été que mensonges, à moins que l’amour que sa mère a pour l’ordre n’ait été qu’un moyen de masquer aux yeux du monde la saleté de son cœur, comme le disent parfois les autres… Perséphone M. Hammer recule d’un pas, et darde sur sa mère un regard plein de mépris. Elle ne l’avait jamais méprisée avant, jamais, quoi qu’ils aient pu dire sur elle, les autres. Parce qu’elle pensait que même si elle avait été quelqu’un de mauvais avant, maintenant, elle était sa maman, une personne droite, juste, parfaite. Mais ce n’était qu’une façade, et la gamine la haït soudain. Elle n’avait donc personne sur qui compter, à part elle-même ? Elle était donc la seule à vouloir que l’ordre et la paix reviennent sur la planète ? Si elle l’avait pu, elle serait partie tout de suit, là, maintenant, avec ces soldats grandioses. Mais elle n’était encore qu’une gamine. Pourvu que la guerre l’attende.
Les hommes et les femmes en état de se battre partirent sur le bateau aux voiles blanches, et quand le bateau aux voiles blanches disparut à l’horizon, l’île de Noua n’était plus que l’immense terrain de jeu de vingt-deux gamins livrés à eux-mêmes.
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Les pirates
Voilà deux ans que les adultes étaient partis, et la vie sur l’île de Noua se déroulait sans trop d’accrocs. Les plus âgés des enfants prenaient soin des plus jeunes. L’épicerie avait depuis longtemps été vidée de ses ressources, mais les mômes, débrouillards, pêchaient, chassaient les lapins et cueillaient les fruits rouges à même les buissons, ce qui fait qu’au final, personne ne mourait de faim. Ceux-qui-étaient-partis n’écrivaient plus depuis longtemps, et, bien que personne n’en parle, tout le monde pensait tout bas qu’ils étaient sans doute morts. Les petits pleuraient, parfois, mais les grands étaient là pour les consoler.
Perséphone s’accommodait très bien de cette existence. Elle ne faisait pas vraiment partie des plus grands, mais son sens pratique et son sérieux faisaient qu’elle était de toutes les décisions importantes. Elle continuait, méthodiquement, à tenir la maison de Madame Hammer en ordre, et avait été affectée à l’entretient des biens et du matériel. Quand elle n’était pas affairée à laver le sol, à faire l’inventaire des réserves de condiments et de vêtements chauds ou à faire la lessive, Perséphone s’entraînait dur. Elle n’avait pas oublié les Marines, et elle rêvait toujours de les rejoindre pour lutter contre la tyrannie des pirates ; alors elle passait des heures par jour à se battre contre des arbres avec son épée en bois, à courir dans le sable, à nager tout autour de l’île. La guerre se poursuivait, mais tout allait pour le mieux sur l’île de Noua.
Et puis, par un matin d’automne, comme ce fameux jour où, deux ans auparavant, les adultes s’étaient enfuis, les gamins de Noua virent arriver un bateau à l’horizon. La nuit avait été agitée, une grosse tempête avait dévasté la mer et déchiré le ciel. Tout était redevenu calme, à l’aube, et les gamins étaient sortis pour constater les dégâts, pour savourer l’air glacial des lendemains d’orage et pour ramasser les débris divers que la mer leur avait apportés, quand des voix s’élevèrent, vibrantes d’enthousiasme : un bateau approchait ! Ils se rassemblèrent tous sur le sable trempé, et regardèrent le navire s’avancer dans la lumière grise du ciel nuageux. Peut-être étaient-ce là leurs parents qui revenaient, comme promis ?... Personne n’osait formuler à haute voix ce vœu qu’ils partageaient tous.
A mesure que le bateau s’approchait, toutefois, leurs espoirs s’amenuisaient. Bientôt, plus personne n’était assez stupide pour prier encore. Le bateau, endommagé, était trop petit pour appartenir à la Marine… Et puis son pavillon, tout là-haut, était noir, et sur ce noir menaçant était peinte une tête de mort sur deux os entrecroisés.
C’étaient donc eux ? Les pirates ?
-Les pirates !
La peur et l’excitation firent frémir la masse des va-nu-pieds… Personne ne savait trop quoi faire. Les chaloupes furent alors mises à l’eau, et quelqu’un hurla. Ce fut la débandade : tous les mioches partirent en courant vers le village. Perséphone serrait entre ses mains moites son épée de bois, bien consciente qu’elle serait inutile face à leurs sabres ; et son impuissance lui faisait monter les larmes aux yeux. Elle rentra chez elle, ferma la porte, se barricada. Deux autres enfants l’avaient suivie chez elle ; un petit de six ans, et le Gamin, le plus vieux des garçons de Noua, qui avait seize ans et était très fort. Ils s’assirent sur le carrelage immaculé et attendirent en frissonnant.
Les pirates débarquèrent dans le village. Ils n’étaient pas surpris de l’état de désertion de l’île : des îles abandonnées, comme celle-ci, ils en avaient vu des tas. Pour le moment, ils avaient juste besoin de nourriture et de vêtements chauds pour l’hiver qui approchait à grand pas. La tempête les avait amochés ; ils allaient se servir, et repartir.
Perséphone, le Gamin et le petit étaient toujours recroquevillés sur le sol quand tout explosa. La porte d’entrée sortit de ses gonds et s’écrasa sur le sol, laissant la place à deux grands types, l’un brun, l’autre roux, qui considérèrent, surpris, les trois mioches.
Débris de bois sur le carrelage blanc.
Le Gamin, tremblant un peu, se leva, étendit les bras pour protéger Perséphone et le petit. Le chef des pirates rigola. Puis il dégaina son revolver et lui tira une balle dans la tête.
Ce fut le spectacle le plus marquant de la vie de Perséphone M. Hammer. Le sang gicla sur les murs qu’elle avait passé tant de temps à astiquer, avec et sans sa mère. Un petit bout de cervelle vint glisser à ses pieds, et un liquide rouge sombre, épais se répandit par vagues sur le sol si propre. Les pirates ouvrirent les placards, jetèrent par terre les bibelots, les meubles se fracassèrent. Désordre, débris de bois, de verre, sang, chaos. Horreur. Qu’est-ce qui allait la protéger du malheur, maintenant ? Rien n’allait plus, et Perséphone pleurait dans le sang du Gamin.
L’instinct et l’éducation voulait qu’elle craigne les pirates. L’expérience lui apprit à les haïr.
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Uniforme
Elle avait dix-neuf ans et la guerre l'avait attendue. Au garde-à-vous dans la caserne, elle se sentait belle, dans son uniforme, un sabre à la ceinture, un béret sur le crâne.
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Le sang
Elle arrive par derrière, sort son couteau et lui tranche la gorge. Le pirate tombe sur le sol, saisit de convulsions, et meurt sous ses yeux dans une mare de sang. Ses mains en sont couvertes. C’est la première fois qu’elle tue. Elle a dix-neuf ans.
Aussitôt arrivée à la base, elle s’enferme dans les toilettes et vomit. Puis elle se lave les mains. L’eau chaude se teinte de rouge, puis s’éclaircit. Mais le sang ne veut pas partir : elle le sent toujours, là, sur sa peau, là, sous ses ongles, alors elle continue à frotter frénétiquement.
A-t-elle raison ? Elle vient de tuer un homme. N’est-elle pas aussi mauvaise que ces pirates qu’elle hait ? Marche-t-elle sur le droit chemin ? Où est le salut, où est la justice ? A-t-elle tort ?
L’eau emporte doucement ses doutes. Elle croit au bien-fondé d’un Gouvernement unique. Elle croit en l’éradication des pirates, elle croit en l’ordre et en la justice. C’est pour cela qu’elle s’est engagée dans la Marine. Elle n’a pas à avoir peur, et elle n’a pas à douter. N’est-ce pas ?
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Un lit, la nuit. La soldate, le soldat.
LA SOLDATE : Tu m’aimes ?
LE SOLDAT : Oui.
LA SOLDATE : Je suis quelqu’un de bien ?
LE SOLDAT : Oui.
LA SOLDATE : Tu n’aimes que moi ?
LE SOLDAT : Oui.
LA SOLDATE : Menteur.
Elle se lève, s’habille et s’en va. Le soldat s’endort.
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Décidément. Elle va de désillusion en désillusion. Elle s’entraîne pourtant dur; mais rien à faire, elle est trop fluette, trop maigre, trop faible pour se démarquer en combat, pour briller au sein de la Marine. Ses rêves prennent un sacré coup de marteau, elle s'enfonce jusqu'à la taille dans la vase de la déception. Elle a beau être zélée et passionnée, elle reste ridiculement malingre, risiblement effacée devant des ennemis qui semblent trois fois plus larges qu'elle. Il faut que ça change.
Alors, quand elle trouve un coffre fermé sur le bateau de pirates qu’ils viennent d’arraisonner, elle n’appelle pas son supérieur. Elle fait sauter la serrure – de mauvaise qualité. Un simple coup d’œil ne peut pas faire de mal. Il y a là divers papiers, une carte marine, et… un fruit.
L’excitation lui noue les tripes. Un fruit du démon. C’est un fruit du démon, elle en est sûre. Elle en a entendu parler. Elle a vu des gens dotés de fabuleux pouvoirs. La puissance lui tend les bras; elle pourrait, avec une bouchée de cette... chose... surpasser ses handicaps physiques, sa mauvaise vue et son corps de fillette, monter en grade, briller, se battre comme une véritable guerrière.
Regard à droite, regard à gauche ; il n’y a personne. Elle croque.
• Exemple de post RP :
Cette mission de routine s’était décidément révélée plus difficile que prévu. Une semaine qu’ils avaient quitté la base pour débusquer un équipage de pirates réfugié sur une île du nord. Une semaine pour une bande de forbans avinés et tuberculeux qu’ils auraient dû pouvoir piéger et égorger en moins de deux heures. Une semaine.
Les contretemps, les imprévus, Perséphone n’aimait pas. Ca la mettait même en boule. Une semaine qu’elle était sur les nerfs, faut essayer pour comprendre à quel point c’est crevant.
Le soleil déclinait, repeignant la petite ville des couleurs rougeoyantes du crépuscule, étirant les ombres sur les pavés de l’artère principale, encore animée et grouillante de monde. Il avait fait terriblement chaud, ces derniers jours, surtout en pleine mer, sous la morsure du soleil ; et Perséphone goûtait avec délices la fraîcheur de cette soirée d’été.
Il n’y avait plus de raison d’être énervée, maintenant. Lorsqu’ils étaient arrivés sur l’île, les pirates étaient partis – quelqu’un les avait prévenus. Et ils avaient beau n’être que des combattants de pacotille, plus cruels que puissants, plus fourbes que courageux, leur bateau n’en était pas moins terriblement rapide ; la poursuite avait été ardue, et avait entraîné le navire de la Marine plus loin que prévu. Mais ce fâcheux contretemps était derrière eux, maintenant : la mission avait été menée à bien, Perséphone n’avait plus de raison de se mettre en rogne. Autant profiter de cette escale pour se détendre un peu, décompresser et, pourquoi pas, s’amuser.
-Bijoux, bijoux ! Qui veut des bijoux ? Colliers, bracelets, bagues, boucles d’oreilles, j’ai là plus de métal que tous les trafiquants d’armes ! Un bijou, madame ?
Mince, c’est à elle que parlait ce type… Perséphone eut un mouvement de recul devant tant de laideur. De part et d’autre de la rue, des marchands de tout et de rien avaient installé leur bric à brac ; mendiants ou vendeurs agrégés, tous hélaient les passants dans un joyeux brouhaha citadin. Mais ce type… Perséphone grimaça, dégoûtée. Non seulement son haleine empestait l’ail, mais il avait la tronche la plus difforme qu’elle ait jamais vu dans sa vie. Il n’avait pas d’âge, et la moitié gauche de son visage était tordue dans une grimace grotesque : le coin de sa bouche remontait jusqu’à son oeil dont la paupière tombante lui donnait un petit air porcin. Une cicatrice boursouflée courait de sa tempe à son menton calleux, et ses cheveux sales retombaient inégalement sur ses épaules tombantes.
Quelle… hideur.
-J’ai là un collier magnifique dont la couleur irait parfaitement avec vos jolis yeux !
Il sourit – et ce sourire accentuait encore sa difformité. Perséphone tira de sa poche un mouchoir de soie, qu’elle plaqua sur son nez et sa bouche pour se préserver de l’odeur.
-Disparaissez, gronda-t-elle.
-Seulement trente berry ! Trente berry pour cette merveille, ce travail d’orfèvre !
Il agita sous le nez de la promeneuse un serpentin de métal serti d’un caillou bleu.
-Je ne le répèterai pas. Disparaissez, ou vous le regretterez. D’autant plus que vous ne possédez certainement pas de permis de vente, déclara Perséphone d’un ton menaçant.
Bon sang, quel visage ! Ce faciès insultait l’humanité toute entière… Perséphone fut prise d’une folle envie de réduire en miettes cette face hideuse. Du calme… du calme…
-Allez, ma mignonne ! Trente berry, ce n’est pas beaucoup ! s’exclama alors la gargouille mouvante en lui empoignant le bras.
Son sang ne fit qu’un tour. Trop, c’est trop. D’un geste vif et assuré, Perséphone tira des replis de son manteau une longue dague effilée ; et, avant qu’il n’ait le temps de comprendre ce qui lui arrivait, le mendiant se retrouva dans une périlleuse situation que je ne vous souhaite pas d’avoir expérimenté : la lame de la dague collée contre sa gorge, le bras broyé par la poigne de fer de la femme aux cheveux noirs.
-Dernier avertissement. Disparaissez maintenant, vous et votre camelote, ou je me ferai un plaisir de rééquilibrer votre visage en vous dessinant une belle cicatrice sur la joue droite. Avant de vous saigner comme un porc.
Sa voix était ferme, glaciale – et une part d’elle espérait que le mendiant ne montre aucune volonté de partir, histoire qu’elle puisse mettre à exécution ses menaces… Mais non, non, ne pas penser à cela. Elle était gardienne de l’Ordre, elle ne pouvait se permettre ce genre d’écarts… Quoique… Ce serait sûrement rendre service à l’humanité que de… NON.
-C’bon, c’bon, je m’en vais, grommela le mendiant, la voix étranglée par un mélange de peur et de bravade.
Perséphone – à contrecœur – le repoussa loin d’elle. Elle rangea sa dague, tira de sa poche une petite bouteille d’alcool et se rinça soigneusement les mains – il n’existe pas de meilleur désinfectant que l’alcool à quatre-vingt-dix degrés.
Bon. Cette erreur de la nature avait sérieusement entaché son enthousiasme. Perséphone lissa les plis de ses vêtements – bien qu’ils n’en aient aucun -, et décida, histoire d’éviter d’autres altercations de ce genre, de se rendre dans la taverne la plus proche. Elle boirait un verre ou deux en écoutant de la musique puis rejoindrait sa cabine et dormirait jusqu’au moment du départ. Voilà, c’était une bonne idée.
« Le Houblon Joyeux», annonçait une enseigne lumineuse pendue au-dessus d’une bâtisse branlante. Le nom lui plaisait ; elle s’y engouffra.
Le bistrot était déjà bien animé. Des rires, des cris, des éclats de voix saturaient l’atmosphère, les tables étaient presque toutes occupées. Perséphone se fraya un chemin dans la foule alcoolisée en jouant des coudes, et parvint à atteindre un tabouret vide auprès du comptoir. Elle l’essuya méthodiquement avec le chiffon prévu à cet effet qui ne quittait jamais ses poches, s’assit et hurla sa commande au barman, et resta assise là, savourant ce merveilleux paradoxe : malgré le monde qui peuplait ce bouge, elle était seule.
Pour le moment.