Semaine des concours, mais on a d'autres chats à fouetter (RP avec Bélial & DJ)

Magnolia est une île verdoyante d'East Blue sur laquelle on peut trouver une forêt, quelques plaines et, surtout, une grande ville réputée pour ses concours annuels. Magnolia, la ville, dispose également d'un chantier naval des plus impressionnant.

Magnolia, magnolia... une ville extraordinaire ! Surtout à cette période de l'année. Les différents concours se déroulaient dans la joie et la bonne humeur, les gagnants étant récompensés par des prix plus ou moins intéressants. La joie et la bonne humeur, ouais... même si quelques rumeurs naissantes prétendaient que des idiots s'en étaient pris à un noble et étaient en train de se battre avec les forces de l'ordre. Alicel soupira. Il y a toujours des gens prêts à tout pour se faire remarquer, mais ceux-ci devaient vraiment être stupides pour s'en prendre à un aristocrate en cette journée ! Il n'y avait vraiment aucune chance pour qu'une personne aussi importante participe aux évènements de la journée sans escorte ! Bah, ces gens sont libres de gâcher leurs vies s'ils en ont envie, n'y pensons plus. La jeune fille errait dans les rues de la ville avec un large sourire aux lèvres, les poches pleines d'argent durement gagné. Le principal avantage lié à ces concours était la masse imposante de spectateurs venus admirer les candidats en plein effort : leur faire les poches n'est pas bien compliqué étant donné qu'ils sont trop absorbés par les différentes compétitions pour faire attention à leurs portefeuilles.
La garçonne, qui venait donc de dépouiller quelques distraits, était déjà en train de réfléchir à la manière dont elle allait dépenser tous ces Berry sonnants et trébuchants. Le terme garçonne est d'ailleurs très bien choisi étant donné que la demoiselle était en train de se faire passer pour un jeune garçon. Quelques bandages bien serrés pour réduire au maximum le volume de sa poitrine, un pantalon d'homme et un t-shirt fort larges pour cacher ses formes, une casquette sur la tête ; l'adolescente faisait également son possible pour rendre sa voix la plus virile possible ! Sans grand succès, étant donné que la plupart des gens à qui elle adressait la parole la voyaient comme un jeune homme n'ayant pas totalement mué. Un jeune homme du genre androgyne également, certes, mais un jeune homme quand même, preuve que le déguisement était réussit ! Pourquoi se travestir de la sorte ? Disons simplement que si elle se faisait un peu trop remarquer sur cette île, ce serait un jeune garçon que les forces de l'ordre rechercheraient : il lui suffirait alors de "redevenir" une jeune fille pour leur échapper ! Et puis... elle n'était pas venue sur cette île à la nage. Il lui arrive souvent de squatter des navires marchands en échange de corvées... malheureusement, beaucoup de marins sont des pervers de la pire espèce qui n'ont pas l'habitude de voir une jeune fille voyager avec eux ! Et vous imaginez bien que dans ce genre de situation, être la jeune fille en question n'a rien d'agréable du tout ! Du coup, lasse de ce genre de voyages désagréables, elle a prit l'habitude de se travestir en espérant que ses futurs compagnons de voyage ne soient pas désespérés au point de lui faire le coup de la savonnette.

La garçonne, donc, avait décidé de dépenser son argent dans un bar du coin... lorsque ses yeux se posèrent sur un homme, assit sur un banc en bois, qui lisait son journal. À vrai dire, ce n'était pas l'homme qui l'intéressait, mais le journal. Ainsi, discrète, elle passa derrière l'homme et jeta un coup d'œil par dessus l'épaule de ce dernier, espérant pouvoir lire quelques articles avant de se faire chasser. Seulement voilà, son regard se posa sur un article en particulier, et elle perdit son sourire.

       - Hey ! Donne-moi ça !

Elle se pencha par dessus le banc et ses petites mains arrachèrent la gazette à celles de l'homme qui, surprit, n'avait pas réussit à sécuriser son précieux à temps.

       - Que ?! Dis donc, toi, tu vas me rendre ça tout de suite !

Mais elle n'avait que faire des protestations de l'autre abruti ! L'article qui recevait toute son attention parlait de son île natale, Kuriki, et des problèmes dont elle était victime. Le retour du gang des bandeaux noirs ? La marine mise en échec ? Des habitants maltraités ? Qu'est-ce que c'était que cette histoire ?! Inquiète pour ses proches, elle décida sur le coup qu'elle devait retourner là bas et en avoir le cœur net ! Elle n'était plus aussi faible que dans le temps, elle devait absolument faire quelque chose ! Elle se devait de protéger son village, de protéger les habitants... de protéger sa "grande sœur" à qui ces gens, s'ils étaient toujours sous les ordres de Samyr, n'hésiteraient pas à faire du mal. Alicel bouscula l'homme qui se tenait derrière elle pour récupérer son bien et se mit à courir droit en direction de ce qu'elle pensait être le port, avec la ferme intention d'embarquer directement pour rejoindre sa ville natale... il fallait dire que cette ville était si grande qu'il était difficile de s'y retrouver lorsqu'on est étranger.

       - Merci pour le journal, lança-t-elle avec sa voix, heu... virile.

Seulement voilà, elle ne s'était pas contentée du journal mais en avait également profité pour faire les poches au pauvre homme qui, en la (enfin, le, de son point de vue) voyant se servir dans son portefeuille, devint fou furieux ! Non seulement ce "garçon" lui avait arraché son quotidien des mains, mais il lui avait également volé son argent... trop c'était trop ! Poussant un cri digne des plus grands barbares, avec le visage rouge comme un piment, l'homme se mit à courir après notre garçon manqué, bien décidé à lui donner une correction et reprendre ce qui lui appartenait. Alicel, plongée dans ses pensées, ne remarqua d'ailleurs qu'elle était poursuivie que quand le monsieur se mit à hurler "Rend moi mon argeeeeeeeeeent" en boucle, passant presque pour un fou enragé. Les yeux grands ouverts, l'air pas très rassurée, elle ne put qu'accélérer sa course, tenant le sac qui contenait ses affaires et le journal d'une main et maintenant sa casquette sur sa tête de l'autre. Se servir de l'épée qui se trouvait à sa taille ? Hors de question ! Elle ne pouvait pas se faire remarquer en blessant un homme, surtout que la marine était plus présente qu'à l'accoutumée avec cette histoire de concours ! Sa seule chance restait de le semer.
Notre garçonne atterrit alors dans ce qui se trouvait être un immense chantier naval. Quelques individus, probablement peu intéressés par les concours, s'affairaient tels des fourmis autour des navires qu'ils tentaient de construire. L'adolescente ne pouvait cependant pas admirer les bateaux en construction étant donné que le fou furieux qui la poursuivait semblait gagner du terrain sur elle. Ça ne pouvait pas continuer ainsi ! C'est alors qu'elle le vit, lui ! Un vieux, avec une longue barbe et musclé comme pas deux. Un vieux carrément imposant, même s'il n'avait pas l'air très propre. Alors, à cours d'idée et de souffle, notre garçon manqué se dirigea vers le dit vieux en criant :

       - Pépééééééééééééééééééééééééééééééééééééé !

Sans gêne, elle fonça droit vers l'ancêtre et se cacha derrière lui. Elle ne put s'empêcher de remarquer qu'il ne sentait pas la rose, loin de là, mais le fait qu'il sente mauvais n'enlevait rien à sa carrure des plus impressionnante ! Rien à voir avec celle de l'homme maigre qui lui courait après ! Enfin, elle continua sur sa lancée et cria :

       - Pépé ! Le monsieur là bas il me court après, il veut me frapper !

Le poursuivant s'arrêta devant le vieux pour reprendre son souffle et, une fois que ce fut fait, il fixa celui qu'il pensait être le grand père du sale gosse qui l'avait volé. Il déglutit. Il ne s'attendait pas à devoir faire face à un obstacle pareil pour récupérer ses biens... ça calme ! Mais sa colère le poussa à se montrer téméraire.

       - Dites donc, vous, le crado ! J'aimerais vous toucher deux mots sur la manière dont vous éduquez votre petit fils !

Les "parents" ont une part de responsabilité dans les bêtises que font leurs mômes, pas vrai ? En attendant, il n'avait pas l'air content, le monsieur, ah non alors !

Voilà quelques semaines que le vieux Bélial avait quitté son île, la laissant déserte derrière lui. Il avait fait une poignée d’escale pour trouver un port d’attache qui lui offrirait des chantiers à sa hauteur. Il avait juste eut le temps d’amasser une vingtaine des stères de différents bois qu’on pouvait trouver sur east blue. Il y en avait de tout type et ce n’était pas toujours les plus réputés, c’était d’ailleurs trop souvent les bois les plus communs. Il en allait de l’art d’un bon charpentier d’assembler et le tout pour le meilleur résultat possible.
Bélial, lui, ne fit pas vraiment dans le détail. Maintenant libre, il se sentait immortel, sa longue barbe pendante en témoignage. Il assembla alors les premières planches pour ne faire qu’un vulgaire cargo, lent et lourd, habitable seulement par abruti sans réel besoin comme lui. Le charpentier n’avait même pas voulut hisser un mat et une toile pour ne pas gaspiller du bois. Il prit tout de même le temps de réinventer la propulsion à hélices à la poupe de son pseudo-bateau. Quelques engrenages et deux grosses manivelles, le mouvement s’enclencher à la force des bras des deux seuls matelots à bords. La forme finale n’était finalement rien de plus qu’une grosse barque sans rame, un entrepôt à bois au milieu de l’océan.
Bélial et ce fameux troll qu’il avait apprivoisé à grand coup de point. Leur seule occupation était donc de tourner la manivelle dans un concours de force et d’endurance qui finissait toujours par un match nul. A eux deux, le QI cumulé ne volait pas haut, mais, à les voir manœuvrer quinze heures par jour, on pouvait avoir peur de la taille de leur biceps. Le cargo fendait les vagues comme un bucheron fend le bois, avec force et … c’est tout ! Le bâtiment pouvait bien prendre la direction qu’il voulait, ces gens là n’était pas navigateur dans l’âme. Leurs arrivés dans les ports étaient redouté, ils avaient donc à chaque fois la chance d’être guidé par les remorqueurs du coin. Sinon, le monstre de bois s’échoué sur la plage comme une grosse abrutie de baleine. Ils travailler alors un peu pour payer les frais d’amarrage, un peu plus pour collectionner trois mètre cubes de bois et repartait aussi sec.

Tomber par hasard dans le port de Magnolia. Le charpentier eut un sourire à la vue de la taille du chantier navale. Ici, sans aucun doute, il pourrait s’amuser. Son pseudo navire fut guider au fin fond du port et on l’obligea à travailler pour une petite compagnie de charpentier pendant quelques jours pour payer les taxes et pouvoir manger à sa faim. Un petit boulot sympath, mais finalement sans ambition. On lui donna des tâches ingrates pour le charpentier expérimenté qu’il était. Il devait poncer une poutre par là, retailler une cheville par ici, porter les poutres. Il s’en fichait un peu, quand ces « travaux d’intérêt généraux » serait finit, il fera ce qui lui plait. Il eut un gout plus amère lorsqu’on lui interdit de promener son « animal de compagnie » à travers le port, soit disant que l’odeur et la masse qu’il était faisait peur au client. Il regretta aussi de ne pouvoir participer au différent concours, interdit par son employeur désigné. Le vieux grincheux ruminait déjà le plaisir de sa vengeance, mais ce pliait étonnement bien aux règles pour le moment.

Ce midi était finalement un jour comme les autres, le septième pour être exacte. Sans pose déjeuné, il avait tout juste le droit à un sandwich en ponçant le squelette d’un petit bateau sans prétention. La vue de cette manufacture le faisait d’ailleurs bien rire, rien qu’à la disposition des premières poutres, Bélial devinait que le bateau n’irait pas bien loin, même avec ces bois de qualité. Il en avait déjà piqué quelques poutres d’ailleurs.
Bref, le même quotidien pourrit. Seul, son casse dalle à la main, il ponçait, bercer par les bruits des vagues et du craquement du bois qui lui aussi travaillait. Quelques cris résonnèrent, venant de nulle part. Complètement amorphe, le charpentier n’y prêta aucune attention bien que l’évènement se rapprocher dangereusement de lui. Un jeune garçon, essoufflé, vint se cacher derrière lui, réclamant une protection contre un homme rougit par la colère. Ce dernier s’approcha, son visage blêmit à la vue de l’obstacle, et osa tout de même lancer quelques remontrances. Bélial se redressa, passant de deux tête la hauteur de l’agresseur, et goba le quignon de son pain. Le pauvre citadin se liquéfiait sur place. Le vieux passa une main sur sa bouche pour enlever les quelques miettes de qui resté sur sa barbe, puis essuya ses doigts sur la chemise de l’homme. Sans un mot.
L’impression que donnait ce charpentier, ajoutait à son regard naturellement noire et surtout sa forte odeur de travailleur, suffit à faire taire l’autre homme qui n’avait plus une seule couleur sur son visage. Les jambes tremblantes, il entreprit de se retourner pour partir d’un pas peu assuré. Un peu plus, et il mouillé à coup sûr son pantalon.

Reprenant d’une main son papier de verre, il se remit à l’œuvre avec aussi peu d’entrain que d’habitude. De l’autre, il tapota la tête de son protégé montrant qu’il l’aimé bien. Il laissa tout de même sa lourde main sur le crâne du garçon pour ne pas qu’il s’échappe tout de suite. Bélial ne manqua pas de lui rappelait la suite logique des évènements :

« Tu m’en dois une gamin ! »

Bien fait ! Le civil colérique venait d'abandonner tout espoir de récupérer ses biens de lui même, comprenant enfin qu'il ne pourrait rien faire contre la masse imposante que représentait le vieux charpentier. Il venait de perdre une chemise propre et ne comptait pas y laisser ses dents également, c'est pourquoi il se retira non sans grommeler dans sa barbe que ça ne se passerait pas comme ça. Il comptait sans doute aller déclarer le larcin aux autorités compétentes, mais ces dernières étaient bien occupées avec les idiots qui s'étaient fait remarquer et n'auraient que faire de ses jérémiades, quelques billets volés n'étant rien du tout face au courroux d'un noble. Alicel pouvait donc se rendre au port en toute tranquillité et négocier son voyage vers Kuriki, prête à donner tout ce qu'elle possédait si cela pouvait décider un marin à lever les voiles. Il était évident que convaincre un capitaine de navire à lever l'ancre serait une mission des plus compliquées, au bord de l'impossible, mais l'échec n'était pas une solution : la jeune fille ne pouvait pas rester sur cette île à ne rien faire pendant que ses proches vivaient un véritable enfer !
Alors qu'elle était prête à tourner les talons et s'enfuir dans demander son reste, ni même remercier son sauveur, la main de ce dernier vint se poser sur sa tête avec une certaine force, l'empêchant de prendre la poudre d'escampette. Hum... tu m'en dois une, hein ? Il ne perdait pas de temps, le vieux ! À peine l'avait-il sauvée qu'il faisait déjà allusion à la contrepartie ! Mais l'adolescente n'avait pas de temps à perdre avec un crado ridé dans son genre, c'est pourquoi elle se débarrassa tant bien que mal de la main du papy en se servant de la sienne. Il faut dire que même si elle se déguisait en garçon, elle restait une jeune fille menue dont la force était proportionnelle à sa carrure.

- Haha... c'est vrai !

Bon, c'est qu'il n'avait pas l'air commode, le croulant, et vu sa carrure, le mieux qu'il restait à faire était de prendre congé en douceur, sans trop le contredire. La garçonne n'avait vraiment pas envie de le mettre en colère et encore moins de perdre son temps à l'écouter radoter pendant des heures ! Elle replaça la lanière de son sac correctement sur son épaule, gros sac contenant ses maigres possessions, et continua sur sa lancée, prenant son courage à deux mains :

- Seulement, là, j'ai une urgence ! J'dois vraiment y aller ! J'vous revaudrai ça plus tard, juré !

Juré, ouais... ou pas ! Et si grand père s'attendait à des remerciements, il allait être déçu, parce que notre impolie n'attendit pas sa réaction pour lui tourner le dos et reprendre sa course ! La rencontre entre ces deux là aurait d'ailleurs pu se résumer à ce dialogue si notre travestie n'avait pas eu les yeux plus gros que le ventre : dans ses mains se trouvait l'anneau de bronze du vieil homme. Cleptomanie ? Pas du tout ! Disons simplement que dans sa situation, tout ce qui pouvait avoir de la valeur était le bienvenu : plus elle aurait de choses à échanger contre un allez simple vers son île natale, mieux ce serait. L'anneau de bronze, seul objet de valeur que le charpentier semblait posséder, portait la même odeur nauséabonde que son propriétaire... est-ce qu'il lui arrivait de se laver de temps en temps, ou quoi ?! Loin de se douter que le parfum délicat qui s'échappait du fameux anneau avait une cause plus profonde que l'hygiène déplorable de son porteur, se pensant hors de danger, notre délinquante continua sa route.

Malheureusement pour elle, les choses ne seraient pas aussi simple qu'elle l'imaginait.

Ce jeune garçon ne semblait pas vraiment enclin à rendre le service qu’on lui avait rendu. Bah, soit … Bélial avait peut lui aussi fait ce genre de chose dans son enfance, la différence, c’était que, aujourd’hui, il ressentait la frustration du vieux qui attendait quelque chose en retour et il marmonnait machinalement que les jeunes n’avait aucune éducation. Se remettant au boulot, il sentit comme une certaine gêne à son majeur, comme quelque chose qui manquait. Avec l’expérience, le charpentier arrivé à discerner ces petits détail, mais sachant de quoi il en retournait, il s’attendait à un peu de spectacle.

En effet, le fougueux jeune homme avait un certain don pour le vol, mais peut être pas autant de chance. Il n’eut pas besoin de faire plus de cinquante mètre pour se rendre compte de son erreur. L’anneau de bronze en butin, il admirait son trésors sans se doutait du danger. En une seconde, le bijou se mit à chauffer puis grossir et changer de forme. L’impressionnante bête se révéla alors à lui. Aussi immonde que puante. Le troll se montrait sous son vrai jour pour montrer sa désapprobation. Peu de chose tournait correctement dans son crane verdâtre, mais une chose était certaine, il ne serait jamais au côté d’un garçonnet pas plus haut que trois pommes.
Dans un grognement sourd caractérisant bien son être, il déploya son long bras pour empoigner la culotte du fuyard de son imposante main. Le pauvre enfant n’avait pas eut beaucoup de choix, prit par la surprise et la peur soudaine que pouvait provoquer l’apparition d’un tel monstre. Et, comme un bon chien, il ramena sa proie à son maître. Son visage pouvait paraitre bien inexpressif pour le premier venu, mais Bélial commençait à bien comprendre la bête et voyait bien une ombre d’ironie planer sur le visage du troll. Ce dernier se moquait de lui à se faire voler ses maigres biens si facilement.

« Alors, mon garçon, repris le charpentier faisant fit du comportement de son camarade, Non content de te défiler devant tes dettes, tu les accumules ? »

Sa voix roque résonnait alors qu’il ne s’était pas arrêté de poncer, preuve de la basse estime qu’il portait à son interlocuteur. Etonnement, il donnait encore une chance à ce gamin de s’acquitter auprès de lui.
Le troll, lui, inquiet de savoir s’il mangerait ce soir, s’interrogeât sur le gout que pouvait avoir le garçon. Le reniflant ici et là, le fin odorat du monstre n’était nullement gâcher par sa forte odeur (odeur qui commençait à faire tourner de l’œil la proie) et il remarquait certain détail dans les effluves du petit homme peu communes chez les gens de son genre. Un doute qui laissait pensé que son diner serait aussi tendre qu’une jeune fille.

       - Hu ?

Marchant à reculons, yeux grands ouverts, la jeune fille fixait l'énorme monstre qui se dressait face à elle sans trop savoir s'il s'agissait d'une hallucination ou non ! Un monstre pareil, ça ne peut pas exister... pas vrai ? Bien trop préoccupée par la créature de cauchemar qui lui faisait face pour regarder où elle mettait les pieds, notre demoiselle perdit l'équilibre et se retrouva sur son postérieur, à même le sol. Fixant la bête droit dans les yeux, ne prenant pas la peine de se relever, la garçonne tenta de comprendre comment un anneau peut se transformer en une grande bestiole moche et puante ! Puante, c'était le mot. Une odeur pestilentielle, difficilement supportable. Un fruit du démon ? Alicel n'en était pas certaine : un anneau ne peut pas manger, il ne pouvait donc pas avoir acquis un pouvoir comme le sien ! Ou alors... le monstre en avait mangé un qui lui permettait de se transformer en anneau ? Un tel pouvoir était plutôt ridicule aux yeux de l'adolescente, et cela revenait à accepter l'existence d'un tel monstre ! Hum... après tout, pourquoi pas ? Revenant de sa surprise, elle se dit que dans ce monde, après tout, rien n'est impossible. La voici, sa première aventure ! Une rencontre avec une créature dont elle ne soupçonnait même pas l'existence ! De quoi lui arracher un grand sourire, même si sa joie fut d'assez courte durée.
Le troll tendit le bras pour l'attraper.

       - Hiaaaaaaaaaaa ! Le cri fut aussi spontané que féminin. Lâche-moi !

Soulevée comme une simple poupée, incapable de se défaire de la prise du troll peu importe combien elle gigotait, ne pouvant se servir que d'une seule main si elle ne voulait pas perdre son sac, l'adolescente se rendait bien compte qu'elle n'échapperait pas à la créature aussi facilement que cela ! Ses jambes s'agitèrent dans l'air alors qu'elle tentait de donner des coups de pieds à la créature, qui n'eut pas l'air de sentir grand chose. L'anneau appartenait au vieux charpentier musclé, il était donc logique de penser que la créature et lui devaient bien s'entendre... et elle n'avait aucune envie de voir la tête que ferait pépé lorsqu'il se rendrait compte qu'elle lui avait volé son bien ! Enfin, ce n'était pas qu'elle avait peur de lui, mais... tout de même, ça n'avait rien de très rassurant ! Et puis se faire promener par un monstre avec une odeur pareille, ça n'avait rien d'amusant du tout, c'est pourquoi elle se débattit comme une diablesse, espérant encore pouvoir s'échapper.

       - Mais lâche-moi ! Oï ! Tu m'cherches ? Tu veux t'battre, c'est ça ?! Fait gaffe, si j'me fâche tu vas le regretter ! ... Et alors, tu dis rien ? T'as peur, hein ?

Et cætera, et cætera... ce fut un flot incessant de provocations dédiées au troll, à tel point qu'elle devint une véritable attraction aux yeux des charpentiers qui travaillaient aux alentours ! Ces derniers s'étaient arrêtés de travailler quelques instants, observant l'animal de compagnie du vieux et sa victime avec le sourire aux lèvres... enfin, pour la plupart. Ils ne pouvaient de toute façon rien faire pour aider ce qu'ils pensaient être un garçon très efféminé aux cheveux rouges. Ils n'étaient pas de taille à s'opposer à la volonté du troll dont ils n'aimaient pas beaucoup la présence.
Peu de temps plus tard, l'animal monstrueux était de retour aux côtés de son maître qui, sans arrêter de poncer pour autant, prit tout de même la peine de lui faire la morale. Alicel lui lança d'ailleurs un regard plein de colère. Il se permettait de la sermonner alors qu'il ne la connaissait pas, qu'il n'était pas au courant de sa situation ? D'accord, voler ce n'est pas bien, mais ce n'était pas comme si elle retirait le pain de la bouche des gens, elle ne volait pas des quantités énormes d'argent, juste de quoi survivre, ses victimes pouvaient bien se passer de quelques billets ! Et si elle avait volé ce foutu anneau, c'était pour augmenter ses chances d'aller sauver les gens de son village ! Est-ce que c'était vraiment si mal ? Et puis cette histoire de dettes, elle ne voulait même pas en entendre parler ! Il attendait quoi d'elle ? Qu'elle se mette à genoux devant lui et exauce le moindre de ses souhaits juste parce qu'il avait fait peur à un type tout maigre ? Pas moyen !

       - Tu comprends rien du tout, le vieux !

Mais à quoi bon discuter avec lui ? Les ridés de son espèce, c'est toujours têtu : ça n'écoute personne et ça ne change jamais d'avis ! Elle n'avait pas du tout envie d'entrer dans un long débat avec lui alors qu'elle devrait déjà être en train de supplier l'un ou l'autre capitaine. Le troll, quant à lui, n'arrêtait pas de la renifler, l'adolescente tentant de repousser son horrible face de sa main libre, en vain. Il avait une de ces haleine ! Une horreur ! La garçonne était prête à rendre son repas, c'est dire à quel point c'était insoutenable ! Blanche comme un linge à force de baigner dans cette odeur, ne voulant pas perdre de temps avec le charpentier, encore sous le choc et morte d'inquiétude pour les siens, elle pensa plus sérieusement à échapper à l'emprise du troll. L'épée accrochée à sa ceinture ? Entamer un combat contre la chose ? Pouvait-elle vraiment gagner ? Sans compter que son maître était pas loin, c'était presque du suicide ! Et puis ce n'est pas comme si elle se sentait d'humeur à blesser qui que ce soit ! Prendre sa forme saurienne et montrer qu'elle était le sommet de la chaine alimentaire ? Pour créer un vent de panique sans précédent et rameuter toute la marine et les autorités locales ? Pas questions, cette solution ne s'appliquerait qu'en dernier recours. Il fallait juste que le monstre la laisse tomber, elle pourrait prendre la fuite. La créature n'avait pas l'air très rapide à première vue et le vieux était... vieux, elle doutait fort, à tord sans aucun doute, qu'il puisse piquer un sprint et la rattraper ! Alors, de rage, elle cria :

       - Y'a pas moyen que j'perde mon temps avec vous ! J'dois trouver un moyen de rentrer chez moi le plus vite possible, foutez moi la paix !

Vive comme l'éclair, ou presque, elle plongea sa main libre dans le sac qu'elle tenait et en sortit une bombe ! De peinture, la bombe, évidemment. Après tout, elle était une délinquante qui laissait des graffitis dans toutes les villes qu'elle visitait, il était impensable qu'elle n'ait pas ce genre d'objet sur elle ! Peu maligne, prête à tout et même au pire, elle pointa la bombe de peinture vers les yeux du troll et... pchiiiit ! Du beau bleu schtroumpf dans la figure ! Elle espérait vraiment que la surprise de se faire asperger de peinture en plein visage lui ferait lâcher prise... et dans ce cas-là, elle n'attendrait pas longtemps avant de prendre la fuite à nouveau... essayer de prendre la fuite, du moins.

Jeune et vigoureux, ce garçon ne semblait pas manquait de ressources (ni de jurons), mais simplement de force pour s’extirper des griffes de son geôlier. Le troll n’avait que sa puissance pour atout. Au final, il réclamer sa liberté sans donné de réel raison de plier à ses exigences, il allait jusqu’à prétendre que sa colère pourrait ébranler les deux colosses. Quel étrange petit personnage pourtant tellement banale, il avait juste le don d’éveillé l’intérêt de l’ancien. Ce dernier se contentait de sourire en attendant que le microbe se calme un peu, le barbu ne s’attendait pas à se faire entendre dans cette colère.
Dans un dernier sursaut d’ingéniosité, le garçon sortit de sa poche une bombe aérosol pour aveugler le chasseur primitif qui l’avait capturé. Il espérait sans doute être lâché dans la seconde qui suivait, mais c’était sans compter sur les habitudes peu communes d’un être définitivement pas humain. Le visage couvert de peinture, son premier reflexe fut de se servir de ce qu’il avait dans la main pour essuyer son visage. Pourtant, dans ses mains, il n’y avait que sa proie, mais rien pour l’empêcher de le confondre avec un mouchoir, d’autant plus qu’au sens de la bête, ils avaient à peu près le même poids.

« Donnes-moi ça ! » Cria soudain Bélial en désignant l’enfant

Le troll finit de frotter ses yeux et lança le jeune homme vers le plus ancien. Le vieux le rattrapa aisément malgré sa vitesse tandis que le monstre grogner sa frustration en s’éloignant.
Ne voulant pas plus d’ennuie avec sa proie, Bélial bloqua le garçon à terre prenant soin de sécurisé ses mains et gardant un œil sur ses jambes. Ce n’est pas au vieux singe qu’on apprend à se servir des pieds.

« Calmes toi, mon garçon, reprit le charpentier, et prends ça comme une leçon. A voler n’importe qui, il ne peut pas arriver de bonnes choses. Un petit villageois sans prétention, c’est une chose, un charpentier qui transporte cents fois ton poids par jour, s’en est une autre. Et cette immondice qui me sert de compagnon aime à s’offrir ses mouchoirs en diner. Une sorte d’écolo-gastronomie assez particulière.»

Le vieil homme avait vu claire dans les quelques rares mots qu’il avait entendus. Vouloir rentrer vite chez soit en prenant la peine de voler les gens sur son passage et de passer par le port, c’est que l’on n’habite pas vraiment sur l’île. Pour deviner les choses qui l’arrangeait, Bélial était très fort, pour deviner les choses à côté, pourvut que ça aille dans son sens, il était très fort aussi. Il reprit alors proposant un deal, confiant de pouvoir mettre toutes les pièces de son côté :

« Tu veux un bateau ? J’en ai un, le plus beau, le plus gros et le plus rapide de l’île, mais il partira pas sans avoir payé les taxes d’amarrages de ce putain de port trop chère ... Et un bon stock des meilleurs bois des environs … et des vivres pour un régiments … et ton petit cul aussi, il me plait bien ! Tu pourras même espéré repayer ta dettes avec ça !»

Bélial riait, certain de son coup de maitre, il s’était un peu creuser la tête pour en tirer le maximum sans se soucier de faire peur à ce jeunot, ce pourquoi il consentait à lâcher la dette dans la transaction. Il se relever alors, reprenant son boulot, un grand sourire se dessinant sous sa moustache. Le garçon était libre, même si une éventuelle fuite resté à proscrire puisque la seule échappatoire était gardé par le troll.

Dégoutant ! La jeune travestie en lâcha son sac et sa bombe de peinture, qui finirent aux pieds de la bête, et se servit de ses deux bras pour repousser, sans succès, la face horrible de cette dernière ! Non seulement l'odeur à cette distance lui donnait la nausée mais ses vêtements étaient maintenant foutus, couverts du même bleu que le visage du monstre. Il fallait avouer que cette situation ne lui plaisait pas du tout ! Maintenant que son super plan d'évasion avait échoué dès la première étape, plus rien ne lui permettrait de s'échapper... qu'allait-il lui arriver ? Le troll allait-il la fracasser contre le sol pour se venger ou lui briser les membres un par un ? Non, rien de tout ça ! Elle fut simplement lancée dans les airs et rattrapée par le vieux qui la plaqua au sol sans aucune délicatesse. Ils étaient en train de la traiter comme un objet et de lui faire mal, ces deux salauds ! Serrant les dents, elle tenta de se dégager de toutes ses forces... mais rien à faire, elle ne pouvait rivaliser avec la force du charpentier.
Le pire, dans toute cette histoire, c'est que le ridé prit un malin plaisir à lui faire la morale avant d'essayer de lui faire peur ! Ce vieux possédait un anneau capable de se transformer en une bestiole cauchemardesque, comment pouvait-il continuer de la juger sur son apparence de la sorte ? Non seulement elle n'était pas un garçon, contrairement à ce que son apparence actuelle laissait penser, mais elle possédait un pouvoir similaire à celui de l'anneau qu'elle avait volé ! Du coup, transporter son poids cent fois par jour ? Quel poids ? Celui qui se compte en kilos ou celui qui se compte en tonnes ? Il prétendait même que son compagnon ne verrait aucun inconvénient à la manger ! Ben tiens ! Et puis quoi encore ? Sous forme animale, son estomac à elle était sans aucun doute plus gros que celui du troll. Il fallait dire que la petite avait pleine confiance en ses propres capacités de destruction massive ! Elle était d'ailleurs sur le point de se transformer, quitte à semer un vent de panique.
Mais les paroles du vieux la calmèrent un peu. Il prétendait posséder le meilleur bateau des environs et insinuait qu'il pouvait la ramener chez elle en échange de quelques services.

       - Même pas en rêve !

Clair, net et précis ! Désormais libérée de l'emprise du vieux bonhomme, elle se releva, le rouge aux joues après l'évocation de son postérieur. Avait-il comprit qu'elle était une demoiselle et voulait-il abuser d'elle en échange du voyage ? Ou bien... Non ! Il l'appelait "mon garçon" et n'avait pas l'air ironique pour un sou ! Ce qu'il voulait, c'était peloter les fesses du jeune garçon qu'il pensait qu'elle était ! Seulement voilà, fille ou garçon, il pensait tout de même qu'elle lui ferait ce genre de plaisir pour "repayer sa dette" et ça, c'était absolument hors de question !

       - Pas question que tu touches à mon cul ! Fort heureusement, elle se souvint qu'elle avait d'autres oppositions à soumettre à cette offre un peu trop gentille pour être honnête : Même si je te donne tout mon argent, j'ai pas de temps à perdre avec tes bouts de bois ! J'suis vraiment pressé ! Elle ne comptait absolument pas rester les bras croisés pendant des jours, à attendre que le papy rassemble tout ce dont il avait besoin ! Et d'abord, qu'est-ce qui me prouve que tu me ramèneras vraiment chez moi si je te donne tout ce que tu demandes ?

Effectivement, on ne peut faire confiance à personne en ce monde, on avait déjà tenté de la mener en bateau plus d'une fois (jeu de mot bien naze de la part du narrateur que je suis, je sais) ! Rien ne garantissait qu'il la ramènerait chez elle... et puis, qu'est-ce qu'il lui prouvait qu'il avait bien un bateau, pour commencer ? Surtout aussi beau et rapide qu'il le déclarait ? Il pouvait très bien essayer de lui extorquer de l'argent, profiter de ses services et puis tenter de la revendre à on ne sait quelle mauvaise personne. La jeune fille alla ramasser son sac et replaça la bombe de peinture à l'intérieur. Le truc, c'est que si ce type disait vrai, aussi étonnant que ça puisse paraître, refuser aussi catégoriquement serait gâcher une chance inespérée. À force d'y réfléchir, elle attrapait mal à la tête. Finalement, se montrant un peu plus docile, elle finit par réengager la conversation et demanda au charpentier :

       - Ça te prendrait combien de temps pour rassembler tout ce dont t'as besoin ? Et qu'est-ce qui me dit que je peux te faire confiance, hein ?

Incertaine, elle attendrait les réponses et réactions du vieux avant de décider si elle lui ferait un peu confiance ou non, sa confiance en son propre pouvoir l'aidant à prendre des risques inutiles ! Et puis ce n'était pas comme si elle pouvait simplement ignorer le barbu et s'en aller comme elle était venue, le troll semblant garder l'oeil sur elle.
Ne restait plus à espérer que la proposition du charpentier était réelle et sans dangers.

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