Gauche Lindsay [Terminé]

Une taille dépassant de peu le mètre quatre-vingts, les épaules d'un jeune homme bâti normalement, et un style vestimentaire presque commun. Voilà qui pourrait fournir un résumé assez proche de la réalité de ce qu'est généralement la première impression qu'on a de Gauche. En effet, ce dernier possède une silhouette assez discrète, il rentre dans la norme et est loin de se faire remarquer parmi toutes les armoires à glace et autres nains qui peuplent la marine de ce monde. En se penchant d'un peu plus près sur la morphologie du marin, on peut constater qu'il possède un corps finement ciselé par des années de travaux manuels, mais très sec à cause de (ou grâce à...) son alimentation et de l'absence totale d'excès dont il fait preuve depuis sa plus tendre enfance. Même son 42 est d'une banalité affligeante. En clair, Gauche ne se détache d'aucune manière, tant physiquement qu'au niveau du charisme. Il ne se dégage pas d'aura particulière du corps de notre jeune Marine, si ce n'est une tranquillité naïve et une assurance calme. Gauche n'est pas de ces ''héros'' qui imposent le respect ou la dévotion à leur simple apparition... Non, il est plutôt de ceux que l'on remarque uniquement en petit comité, qui laissent les leaders s'imposer, une expression amusée sur le visage...

Parlons-en de ce visage. A l'image de son corps, celui-ci est fin, discret. Cependant, son minois possède, lui, quelques particularités notables. Pour commencer, ses lèvres sont toujours étirées en un sourire espiègle, à la fois malin et candide. Ce sourire a le don de donner à Gauche un air toujours joyeux, détendu, et ne semble jamais le quitter... Ses traits souples se déforment souvent pour exprimer les pensées de notre homme, car il est en effet incapable de garder une expression neutre. Il faut toujours qu'il s'exprime. Parfois Gauche le fait par les mots, mais bien souvent, son visage parle avant lui... Ensuite, on peut parler de ses yeux, dont la couleur est assez difficilement définissable. Son regard oscille en effet entre un brun clair et un violet pâle, et ses pupilles rieuses ont même tendance – paraît-il - à changer de couleur en fonction de la période de la journée et de la saison de l'année... Pour terminer sur ce visage et ses particularités, nous pouvons nommer aussi sa chevelure, d'un blanc pure, et ce depuis que Gauche est gamin. Ses cheveux mi-longs viennent ainsi encadrer son visage, lui apportant un peu de fraicheur, bien qu'il n'en ait pas vraiment besoin...

D'un point de vue vestimentaire, une fois encore, Gauche ne sort pas de l'ordinaire, du moins pour un membre de la Marine. Il porte souvent ce qu'il considère comme une sorte d'uniforme, composé d'un veston à manches longues d'un bleu sombre, en dessous duquel il glisse une chemise blanche, et d'un pantalon assorti au haut, maintenu par une grosse ceinture de cuir noire. Pour compléter la panoplie, Gauche porte systématiquement deux vêtements. Ceux-ci ne le quittent jamais, qu'elles que soient les conditions et les lieux... Il s'agit d'une très longue écharpe d'un beige très claire tirant sur le blanc et d'une sorte de béret de marin bleu nuit. Si vous demandez à Gauche pourquoi il les porte sans arrêt, il vous répondra qu'il n'en sait rien, ce qui est presque vrai...

En somme, Gauche est un homme dont le physique n'a rien d'extraordinaire -à l'exception peut-être de sa couleur de cheveux-, au contraire de son caractère, que je vous laisse découvrir maintenant...

Si la description physique de Gauche ne vous a pas passionnés, je vous conseille tout de même de jeter un œil à celle-ci... Car notre pourfendeur de Pirates a une personnalité assez extraordinaire... Pour commencer, il y a des années que personne ne l'a vu sans un large sourire sur les lèvres. En effet, le trait de son caractère qui ressort immédiatement et qu'on retrouve toujours chez lui est son côté rieur. Gauche est un compagnon toujours de bonne humeur, qui relativise ses petits soucis quotidiens et se décourage rarement. Il est effectivement quelqu'un de très optimiste par nature, à un point que cela en devient parfois exaspérant pour ses camarades. Le jeune Marine est toujours persuadé, même dans les pires situations, que tout n'est pas perdu et qu'une solution va être trouvée de manière à ce que tout se finisse bien. Il arrive que ce ne soit pas le cas, pourtant cela n'affecte en rien l'humeur de ce joyeux personnage. Pour lui, tant que la santé et les gens auxquels on tient vont, tout va. De plus, cette joie de vivre et cet optimisme lui ont aussi fourni une confiance presque sans limite en la nature humaine. Que ce soit aussi bien pour les personnes stupides ou pour les gens mauvais naturellement, Gauche ne se formalise pas et reste convaincu qu'on pourra en faire quelque chose, que si on leur explique certaines choses ces ''tares'' pourraient disparaître...

Lui ne fait partie d'aucune de ces deux catégories. En effet, Gauche est foncièrement bon. Pas par conviction, pas à cause d'expériences du passé qui l'ont amené à détester les ''méchants''. Non, simplement car il ne comprend pas l'intérêt d'agir malhonnêtement et n'en a jamais eu besoin pour vivre sa vie. De plus, si on lui enlève sa naïveté assez impressionnante pour un homme de son âge, Gauche est loin d'être un abruti, sans être un génie ou un fin stratège non plus. Pourtant, si vous demandez à ses compagnons de route, ils vous répondront généralement le contraire. Cela est du au fait que Gauche ne tient pas en place. En effet, le jeune homme ne s'arrête jamais, toujours débordant d'énergie et d'enthousiasme, quelle que soit la tâche qui lui incombe. Cette vitalité, à l'instar de sa bonne humeur, ne le quitte jamais, tant et si bien qu'il en devient parfois fatiguant pour tous les gens autour de lui. Mais ceci a un prix... Gauche a une grosse tendance à se laisser embarquer dans toutes les conneries qu'on lui proposera, du moment que ça semble ''fun'' et que c'est légèrement plus actif qu'un scrabble (désolé pour les adeptes de ce jeu, je n'ai évidemment rien contre...). Cette pile électrique doit donc être en compagnie de gens plus ''stables'', des personnes qui ont moins la bougeotte et qui ont suffisamment de charisme pour l'empêcher de faire n'importe quoi.

Ce phénomène se révèle être encore plus présent sur un bateau. L'océan et son immensité sont pour Gauche le symbole même de la liberté. Or la liberté est un des seuls concepts importants aux yeux du Marine. En fait, cette notion fait partie des trois seules à guider sa vie. Gauche souhaite par dessus tout garder sa liberté. Pourquoi n'est-il pas devenu pirate alors, me demanderez-vous, plutôt que de s'enchaîner à des supérieurs et des ordres à longueur de temps... Et bien tout simplement car Pirates et Bandits finissent toujours pas se faire enfermer puis exécuter, ou meurent très rapidement au combat. Les Marines aussi meurent au combat, me direz-vous. Alors pourquoi ne pas avoir fini musicien dans un bar, et tout simplement pourquoi avoir lâché sa troupe (cf histoire) ? La réponse à cette question vient du second guide de ses pas, de la deuxième chose qui gouverne sa vie : sa soif de voyages et d'aventures. Est-il nécessaire d'en dire long là dessus ? Je ne pense pas. Bon nombre de membres de la Marine s'y sont engagés pour cette raison, cette même raison qui pousse les jeunes gens à devenir Pirates... Et bien voilà, cette envie de découverte envahit tout le corps de Gauche. Elle ne le lâche jamais, le rendant euphorique lorsqu'il navigue et presque mélancolique (à son échelle, soit pas très impressionnant, comme mélancolie...) lorsque ses partenaires et lui sont à quai.

La troisième et dernière caractéristique de son existence est sa volonté de vivre sa vie au jour le jour. Gauche ne se projette jamais dans le futur, à part lorsqu'il s'agit de voyages, et ne sait jamais ce qui l'attend lorsqu'il se lève le matin. C'est son plaisir et sa façon de voir les choses. Pour lui, on ne profite pas de la vie à grands coups de projets sur dix, vingt ou cent ans, mais avec des surprises et des opportunités auxquelles on ne s'attend pas... Ces trois ''lois'' qui dictent ses actions font de Gauche une sorte de grand enfant, un bambin rêveur affamé de liberté et d'aventures, sur un air de guitare qui nous entraîne avec lui...

Tout commença à Maender-Alkoor... Sur une petite île, dont le nom ne vous évoquera sans doute rien, une île comme tant d'autres, connue uniquement de ses habitants et des riverains. Il y a vingt-quatre ans de cela, Edward et Lucy Lindsay mettaient au monde le premier de leurs enfants. Cette famille faisait partie de la haute bourgeoisie du coin. En réalité, les Lindsay étaient parmi les cinq familles les plus riches de tout l'archipel auquel appartenait l'île sur laquelle ils étaient établis. Ce patrimoine venait principalement du commerce que tenait Edward. Ce dernier était le maître du commerce de tous les céréales de cette partie de la mer, le rendant extrêmement influent et lui permettant surtout de s'en mettre plein les poches... Ce couple était donc célèbre dans les environs, et bon nombre d'enfants du pays enviaient le nouveau-né, à qui un avenir radieux était promis. Celui-ci vint donc au monde en plein milieu de l'automne, et ses parents décidèrent de l'appeler Gauche (prénom atypique, je vous l'accorde, mais que voulez-vous, l'imagination des parents est sans limite...). Dans cette zone du globe, il existait alors une tradition chez les familles bourgeoises, tradition qui définissait dès leur naissance la destinée des enfants... En effet, l'aîné de la fratrie devait reprendre les affaires de son père, le second offrir ses services à la marine, et le troisième ouvrir un commerce, quel qu'il soit... Ainsi, l'éducation de chacun des bambins différait selon son ordre de naissance.

Gauche, en temps qu'aîné, grandit donc avec la certitude qu'il deviendrait lui aussi maître des céréales une fois adulte. Dès son plus jeune âge, en d'autres termes une fois qu'il su marcher et parler, son apprentissage fut pris en main. On lui inculqua les principes nécessaires pour briller en société : la lecture, l'écriture, les mathématiques, la géographie... Et, pendant des années, on lui enseigna comment gérer une entreprise de cette envergure de la meilleure manière possible. Cependant, et malgré la promesse d'un futur glorieux et aisé, Gauche ne se sentait pas à sa place. Son caractère explosif et sa manie d'être toujours à fond ne collaient pas avec les heures passées à étudier bien sagement dans la bibliothèque privée des Lindsay, et bien rapidement le jeune garçon se lassa de tout ça. Par dessus le marché, sa soif d'aventures se déclara très jeune, provoquant chez Gauche un sentiment d'ennui perpétuel, et bien avant ses dix ans, il avait déjà l'impression d'être puni constamment, comme si ses parents faisaient exprès d'éviter des sujets tels que les pirates ou l'exploration du monde et de l'océan pour l'ennuyer. Son manque flagrant d'intérêt et de motivation fut bien évidemment nocif à ses résultats, et il s'avéra bien vite que Gauche était loin d'être ''bon élève'', au grand dam de son père, qui se voyait déjà avec un amateur comme successeur.

Edward Lindsay se trompait. En fait, Gauche ne serait pas son successeur. Un soir, suite à une énième dispute au sujet du refus catégorique de l'aînée de la fratrie à se sentir concerné par l'avenir de leur commerce, celui-ci décida qu'il en avait assez. Il expliqua à son père que ce qui le passionnait, la chose à laquelle il aspirait le plus au monde c'était de parcourir les océans en quête d'aventures, de voguer sur les flots et de découvrir autre chose que l'art de gagner de l'argent... S'en suivit une série d'insultes - tyran et dictateur d'un côté, fumiste et ingrat de l'autre... - qui déboucha à un violent accès de colère d'Edward, qui décréta que de toute façon, ils n'arriveraient à rien faire de Gauche, et qu'il valait mieux le déshériter, puisqu'il ne leur apporterait que honte et ruine. Ce qu'il fit dans la foulée, mettant à la porte son propre fils sans une once d'hésitation (ah ouais hein, c'était des violents les Bourges...). Étrangement, cela n'eut aucun effet sur Gauche. Au contraire, le garçon, alors âgé de treize ans, se réjouissait presque de sa nouvelle situation. Sans toit, sans argent, sans famille, il n'avait plus rien à perdre, ce qui était parfait lorsqu'on voulait quitter son chez-soi. Dès le lendemain, après avoir passé la nuit dans un refuge de son village, l'ex-riche s'en alla se présenter au Q.G de la marine le plus proche pour s'engager. Malheureusement, il était encore trop jeune pour pouvoir rejoindre les rangs des marins, et sa candidature fut logiquement refusée. Sans se démonter, toujours accompagné de sa bonne humeur, Gauche se mit en route. Pour aller où, il n'en avait aucune idée, mais au moins il voyait du pays. Cependant, sa misérable condition le ramena bien vite à la réalité. En effet, n'ayant pas le moindre argent sur lui, l'adolescent n'avait pas de quoi se payer à manger, et quelques jours plus tard, il s'écroula sur le bord d'un chemin, épuisé par la faim et la fatigue.

Lorsqu'il se réveilla, Gauche se trouvait dans un petit lit, au milieu d'une immense tente qu'il reconnut immédiatement comme étant un chapiteau. Autour de lui, bon nombre de clowns, magiciens et autres membres d'une troupe s'agitaient. Visiblement, le garçon avait atterri au beau milieu d'un cirque. Avant qu'il n'ait eu le temps de poser la moindre question, le ventre du désormais sans famille le rappela à sa dure condition... C'est donc avec un plaisir indescriptible que Gauche découvrit sur la table de chevet de son lit un plateau sur lequel avait été déposé un festin digne d'un mariage... Une fois qu'il fut rassasié, c'est-à-dire deux bonnes heures plus tard, il apprit que la troupe l'avait ramassé au bord de la route, et l'avait accueilli pour lui sauver la vie et le remettre sur pieds... Évidemment, arrivèrent ensuite les questions habituelles : D'où venait-il ? Que faisait-il sur ce chemin désert ? Pourquoi était-il seul ? Quel âge avait-il ? Quand est-ce qu'on mange ?

Lorsque l'interrogatoire fut terminé, et que Gauche eut expliqué sa situation de renié et ses ambitions d'entrer dans la marine, la troupe lui proposa tout naturellement de le garder pour en faire un intermittent du spectacle, au moins le temps qu'il soit suffisamment âgé pour s'engager. Sans une once d'hésitation, Gauche accepta l'offre. Au moins, il n'aurait pas à voyager seul. Et puis... Ne s'agissait-il pas là d'une forme d'aventure ? Au moins, le garçon était sûr qu'il allait voir du pays, vu que le cirque était itinérant... Ainsi, il passa les cinq printemps suivantes de sa vie à apprendre une foule de nouvelles activités, allant de la jonglerie à la guitare, en passant par les tours de magie et la descente des bouteilles de Rhum... Les années se suivirent en se ressemblant. Pour une fois, Gauche se sentait heureux, inclut dans un groupe, comme une famille. L'ambiance entre les membres du cirque était toujours bonne. Les plaisanteries allaient bon train, et une grande partie d'entre eux avait systématique le sourire aux lèvres, s'ils n'étaient pas en train de rire aux éclats. La bonne humeur étant contagieuse, Gauche se retrouva rapidement atteint. C'est depuis cette période de sa vie que notre homme garde toujours un sourire aux lèvres, et qu'il est toujours joyeux. Pendant tout ce temps, Gauche se trouva des amis, se lia avec bon nombre des gens présents sous le chapiteau.

Cependant, alors qu'il était sur le point d'atteindre ses dix-neuf ans, celui qui était désormais un jeune homme se sentit envahi d'un nouveau désir. Visiter l'île en roulotte lui plaisait, mais ce qu'il souhaitait c'était une vraie aventure. Il voulait définitivement partir sur les flots, s'engager dans une flotte marine, pour voir d'autres mers, d'autres mondes... C'est donc avec le cœur serré mais résolu que Gauche dit au revoir à ses compagnons de route, qui lui offrirent quasiment tous un souvenir (parmi lesquels figurent son écharpe, son béret, sa guitare et ses bolas...). Puis il s'en alla sans se retourner, et alla se présenter au premier Q.G de la Marine sur son passage. Depuis lors, Gauche vogue, se laissant aller au gré des vents, grimpant à son rythme les échelons qui le mèneront peut-être au sommet...